Les trois états du moi sont en liens systémiques , entre eux, avec le monde extérieur et en leur sein. Face à une situation, un événement plaisant ou désagréable, une décision à prendre, un dilemme et toutes autres circonstances, ils interagissent en même temps. Néanmoins, à des fins pédagogiques je les présente l’un après l’autre sachant que leurs liens sont concomitants. Je commence par l’état du moi Enfant qui se forme dès la naissance et inclut toutes les expériences, émotions et décisions prises durant l'enfance. Il est caractérisé par des comportements spontanés, créatifs et émotionnels.

Les humains sont l'une des espèces les moins autonomes à la naissance. Comparés à d'autres mammifères, les bébés humains naissent dans un état de grande dépendance et nécessitent des soins intensifs pour survivre. Cette dépendance prolongée est liée à notre développement cérébral complexe, qui nécessite plus de temps pour se développer pleinement. Avec cette perspective, j’ose affirmer qu’à la naissance, les humains ne possèdent pas encore les compétences et les connaissances qui définissent l'humanité. Cependant, ils ont le potentiel de les développer. L'humanité, dans ce contexte, peut être vue comme un processus de développement et d'apprentissage qui se déroule tout au long de la vie. Les interactions sociales, l'éducation et les expériences de vie contribuent à façonner ce que signifie être humain.

L'état du moi Parent se développe à partir des influences extérieures, principalement les figures parentales et les normes sociales. Il inclut les valeurs, les croyances et les comportements que nous avons intériorisés de nos parents ou de figures d'autorité. Il se nourrit de prescriptions : « il faut » et d’injonctions : « il ne faut pas ». Il participe de notre distinction du bien et du mal relatifs à une période et un lieu donné.

L'état du moi Adulte est opérationnel à partir de l'âge de raison vers 10-12 ans, et représente notre capacité à penser de manière rationnelle et objective. Il permet de prendre des décisions basées sur des faits et des analyses logiques.

Ce n’est pas par hasard que l’analyse transactionnelle et les autres approches de développement personnel furent conçues et diffusées après la deuxième guerre mondiale dans des pays en fort développement économique et promoteurs de la société de consommation et de loisirs. Les cultures patriarcales très normées devenaient un frein au business prometteur en devenir. Tous se passait comme s’il fallait dépoussiérer l’état du moi Parent au bénéfice des désirs, envies et pulsions de l’état du moi Enfant. La réclame, le marketing et maintenant les réseaux sociaux amplifient ce phénomène, quitte à favoriser nos comportements addictifs. Au moment où je rédige ces lignes , je pense que de nombreux citoyens des démocraties représentatives, apeurés par les effets de la quête de satisfaction immédiate des désirs, au prix d’un abandon de l’éthique, souhaitent un retour à l’ordre.

Les approches psychologisantes des faits sociaux sont nécessaires, mais insuffisantes pour rendre compte de la complexité du réel. D’où l’importance d’une approche pluridisciplinaire qui intègre les dimensions économiques, sociologiques géopolitiques, anthropologiques…

NB : cet article fait partie d’une série : « systémique et développement personnel » que je vous conseille de lire pour en saisir les liens.