Sur les quais (On the waterfront, Elia Kazan, 1954)
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 28 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Sur les quais (On the waterfront, Elia Kazan, 1954)
N'ayant jamais vu auparavant "Sur les quais" j'ai découvert d'où venait l'idée de Jim JARMUSCH de faire élever des pigeons sur les toits à son personnage de "Ghost Dog, la Voie du Samouraï" (1999). Terry Malloy (Marlon BRANDO dans un registre totalement différent de "Un tramway nommé désir") (1951) tente ainsi de s'échapper de sa condition minable de docker homme de main d'un syndicat mafieux qui a tout pouvoir sur les travailleurs des ports. Plus tard dans le film, il se rend sur les toits pour esquiver les choix douloureux qu'il est amené à faire. Mais les grillages présents dans la plupart des cadres montrent que cet échappatoire n'est qu'une illusion. La réalité montre au contraire un monde précarisé (les dockers travaillent à la journée et comme ils sont trop nombreux, le syndicat peut choisir les plus dociles), rançonnés et éliminés physiquement s'ils osent se plaindre d'où une ligne de conduite générale "S et M" c'est à dire "sourd et muet" alias la bonne vieille omerta qui accompagne tous les crimes, organisés ou non. La description néoréaliste que Elia KAZAN fait de ce milieu, au plus près du documentaire nous happe, de même que l'intrigue de film noir de l'émancipation du personnage de Terry Malloy du gang qui le manipule (et de son grand frère qui en est l'avocat). L'interprétation magistrale de Marlon Brando, bien mise en valeur par la mise en scène n'y est pas pour rien. Tout au plus peut-on regretter le message christique très appuyé porté par le frère Barry (Karl MALDEN) secondé par Edie (Eva Marie SAINT dans son premier rôle) dont il est précisé qu'elle sort du couvent. En les réunissant sans cesse dans les plans, il en fait le "camp moral" contre le camp véreux du syndicat et des dockers réduits au silence ce qui est très manichéen. Encore que la fin soit plus ambigüe qu'on ne le pense. Le rideau de fer qui s'abat sur le "nouveau" guide et son troupeau laisse entendre que de l'autre côté, ce n'est peut-être pas mieux. Allusion aussi au contexte de réalisation du film qu'on ne peut évacuer, celui de la guerre froide et du maccarthysme qui déchirait alors le milieu du cinéma, certains étant blacklistés et d'autres, au contraire délateurs comme Elia KAZAN à qui le film sert, sinon de justification, du moins d'exutoire.