Garçon ! (Claude Sautet, 1983)
En Panodyssey, puedes leer hasta 30 publicaciones al mes sin iniciar sesión. Disfruta de 27 articles más para descubrir este mes.
Para obtener acceso ilimitado, inicia sesión o crea una cuenta haciendo clic a continuación, ¡es gratis!
Inicar sesión
Garçon ! (Claude Sautet, 1983)
« Je suis un musicien refoulé, pour moi le cinéma n’est ni démonstratif ni explicatif, il est d’ordre expressif, donc beaucoup plus près de la musique, donc beaucoup plus près de ce qui concerne la musique, c’est-à-dire, le rythme, le lyrisme, le mouvement interne … L’écriture d’un film, le scénario, c’est un peu comme les signes d’une partition qui sont incompréhensibles pour les profanes. Je ne peux pas expliquer le cinéma plus que je ne peux expliquer la musique… » (Claude SAUTET).
Avoir en tête cette citation permet d'apprécier d'autant plus l'incroyable ballet qui se déploie dans la brasserie au début du film. Avec Claude SAUTET dans le rôle du chef d'orchestre (hors-champ), Yves MONTAND dans celui du chef de rang évoluant avec sa fluidité de danseur d'une table à l'autre et les autres serveurs se démenant dans ce qui s'apparente à une chorégraphie bien huilée rythmée par la voix de stentor de Bernard FRESSON dans le rôle du chef de cuisine râleur. D'ailleurs dans ce qui s'apparente à une mise en abyme, Alex, le personnage joué par Yves MONTAND est lui-même un ancien danseur et son travail de serveur n'est qu'une transition d'un état à un autre puisqu'il finit par exaucer son rêve qui est d'ouvrir un parc d'attractions au bord de la mer: une autre forme de spectacle, un autre microcosme. Claude SAUTET navigue avec beaucoup d'aisance entre les scènes de groupe et les portraits individuels, entre les plans larges et les plans serrés: celui, central, d'Alex, celui de son ami et collègue Gilbert (Jacques VILLERET) ou celui d'habitués qui semblent eux aussi en transit dans leur vie personnelle ou professionnelle. Alex navigue entre différentes femmes de différents âges et lorsqu'il semble fixer son choix, c'est Claire, l'heureuse élue (Nicole GARCIA) qui s'avère être instable et n'être que de passage dans sa vie. Il n'empêche que la relation entre eux est décrite avec beaucoup de finesse et de pudeur, par de simples regards, des sourires que la caméra de Claude SAUTET sait mettre en valeur. Les autres femmes ne sont pas pour autant des figurantes, elles représentent différentes strates sociales et générationnelles. Gloria (Rosy VARTE) une bourgeoise mariée aide financièrement Alex dans ses projets alors que c'est lui qui aide Coline (Dominique LAFFIN), une jeune femme qui se retrouve dans la plus grande précarité. Elle fait ainsi mentir Gilbert qui reprochait à Alex de ne pas s'occuper des autres. Celui-ci l'épaule beaucoup dans son travail et dans sa vie personnelle car Gilbert aussi est en transit entre deux boulots et deux femmes. Dans son registre propre, Jacques VILLERET est très touchant et complète parfaitement par son côté lunaire le solaire Yves MONTAND.