Episode 13 : Le remède
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Episode 13 : Le remède
Je me réveillai avec un putain de mal de crâne. J’avais l’impression de m'être fait rouler dessus par l’un de nos blindés. Des mouches noires devant les yeux et une énorme bosse derrière la tête, voilà ce que m’avait rapporté ma connerie ! Et pas moyen de reconnaître les lieux, faut dire que j’avais juste vue sur la gueule baveuse de l’un des molosses de Léila. Je tentai de le repousser de la main, mais il me donna un grand coup de langue.
– Rex, c’est bon. Je suis réveillé. Arrête de me lécher, tu pues la mort.
– Mo… ridan…, enfin… Tu… Tu peux demander à l’autre de me laisser tranquille, s’te plaît ?
Je me redressai avec difficulté pour me caler contre le mur. Je vis alors Hax en position d’attaque, les crocs visibles, grognant sur Gram. Cet abruti était acculé contre une immense bibliothèque en bois massif, les mains devant le visage. Et vu la tâche sur son pantalon, le couard s’était pissé dessus !
Je me massais la nuque en observant le comportement étrange de Hax, avant d’engueuler Gram :
– Putain ! T’étais censé couvrir mes arrières. Mais non, il a fallu que monsieur se plaigne au lieu de faire son boulot… Tu étais où quand on m’a frappé ? Tu as vu le mec qui a osé faire ça ? Tu l’as chopé ?
– Euh… Non… Désolé. Tu peux…
– Pourquoi ? Il doit avoir une bonne raison de te prendre pour cible !
– Oui… il ne voulait pas que je m’approche de toi…
– Ok… c’est bon. Hax, viens là !
Déçu, le molosse se retourna vers moi. Il tirait une de ces tronches ! comme si je venais de lui confisquer son jouet préféré… mais il m’obéit et vint se coucher à mes pieds, juste à côté de Rex.
Gram souffla. Son visage reprit aussitôt des couleurs. Les jambes flageolantes, il se releva pour s’effondrer dans un vieux fauteuil poussiéreux, à quelques pas de moi. Dans la pénombre, il m’était difficile de distinguer son visage.
– Gram ! Tu vas m’expliquer ce qu’il s’est passé, oui ? Je suis resté longtemps dans les vapes ? Et pourquoi on est ici ? C’est toi qui m’as déplacé ?
– Non… Avec ces deux machins, pas moyen de t’approcher. Alors te déplacer… Et puis c’est ta faute si tu t’es fait avoir comme un bleu ! Tu es parti sans moi !
– Ma faute ! Tu te fous de ma gueule ! Tu cours comme un empoté ! Même pas fichu de monter quatre marches sans souffler comme un bœuf. Et c’est moi le problème ? T’as vu quelque chose au moins ?
– Non, rien... Juste que t’étais allongé là… et j’ai trouvé un message sur la machine là-bas… pour toi…
– Quel message ?
Il tendit le bras, sans se lever. Pas fichu de se déplacer pour me donner ce putain de mot ! Je lâchai mon mur pour m’approcher de lui, en titubant. J’avais la tête dans un étau et le corps engourdi…
Il tenait dans la main une enveloppe dorée avec mon nom écrit dessus. Je lui arrachai et m’aperçus qu’elle avait été déchirée. Sûrement ce bon à rien…, il n’avait aucun respect pour les preuves !
– Putain, c’est quoi ces traces ?
– Euh…, désolé. Je suis tombé dans la boue. J’avais les mains sales quand j’ai ramassé l’enveloppe. Je suis désolé. Je n’avais pas…
J’avais envie de le frapper. De secouer cette mauviette incapable ! Le voir pleurnicher et demander pardon me crispait. Quel crétin ! La tentation de le laisser entre les griffes de Hax était forte, mais je me retins…
Je retournai contre mon mur, pour mettre de la distance entre nous. Après une profonde inspiration censée me calmer, je cherchai un gant de ma poche avant de sortir la lettre. Première inspection, quelque chose clochait : le papier n’était pas le même que d’habitude. Il était plus épais. Et le plus étrange, le mot n’était pas manuscrit. Il avait été tapé à la machine. Probablement avec celle posée sur le bureau en face de moi.
Toute cette histoire commençait à me taper sur les nerfs. J’étais si près du but… et j’avais échoué. Putain ! Et rien ne collait. La lettre, cet endroit... Pourquoi ne pas m’avoir tué ? Pourquoi avoir pris le temps de me déplacer ? C’était un gros risque. Surtout avec Rex et Hax sur mes talons !
Je vérifiai une nouvelle fois. Aucune photo. Seulement ces trois phrases concises : « Bien joué. Vous avez failli m’avoir. Dommage pour Léila… ». Non seulement la forme ne collait pas, mais le fond non plus. D’habitude, il était plus loquace et le style plus soutenu. Malheureusement, je n’avais pas le temps de me poser toutes ces questions. La vie de Léila était en jeu…
Dommage pour Léila… mais pourquoi ? J’avais raté un truc ?
Je me souvins alors de la fiole que j’avais dans les mains avant de recevoir ce coup sur la tête. Je sortis en titubant à la recherche de la pièce où j’avais trouvé le vieux chapeau. La lumière m’agressa. J’étais totalement aveuglé. J’avais dû passer un sacré bout de temps dans les vapes ! Mes yeux ne supportaient plus le moindre éclairage.
Je marchais à tâtons, jusqu’à la prochaine porte. J’avançais sans trop savoir où j’allais. Bordel de merde ! Je venais de me prendre un meuble posé au beau milieu. Et visiblement, j’avais tapé suffisamment fort pour faire voler tout ce qu’il y avait dessus. Des bruits métalliques et de verre brisé retentirent. Je devais être dans la cuisine. Là où j’avais été assommé.
– Gram, putain ! Bouge ton cul et viens m’aider.
Aucune réponse. De toute façon, ce bon à rien n’aurait pas su quoi faire… Mes yeux commençaient à s’adapter à la luminosité. J’arrivais enfin à voir plus clair. La pièce était la même que lors de mon premier passage : les murs tapissés de monstruosités et de formules en tout genre ; les rideaux jaunes crasseux volant à la fenêtre ; et tout le matériel pour mener des expériences. Bon, OK, il était foutu maintenant, mais il était bien là…
Je fis le tour de la table, à la recherche de la fiole. Elle était là, elle aussi, sur le sol. En miettes et son contenu répandu tout autour, imbibant le mot qui était avec. Et merde !
Je ramassai le bout de papier avec l’espoir de pouvoir y déchiffrer un truc. Un mot. Un indice… mais tout ce qui était visible était « remède ». Putain, qu’est-ce que ça pouvait bien vouloir dire ? Mon cerveau était à la ramasse. Pas moyen de réfléchir. Aucune connexion ne fonctionnait là-haut !
Gram fit enfin son apparition. Essoufflé. Un air con sur le visage. Sa tête de tous les jours en somme ! Mais je ne m’en occupais pas. Rien que sa tronche me foutait dans une rage noire, alors lui parler était au-dessus de mes forces pour l’instant. Je devais rester concentré sur cette affaire…
Je faisais les cent pas, histoire d’occuper mon corps pendant que je cogitais. Mais rien. Pourtant, je savais que quelque chose clochait. Un détail, ou plutôt toute une série ! Réfléchi, bon dieu ! Mais rien n’y faisait. J’étais totalement inutile… Je devais contacter le chef pour lui raconter ce qu’il s’était passé ici. Comme ça, il enverrait une équipe sur place. Des scientifiques. Des chiens ou des hommes armés… je n’en avais rien à foutre pourvu qu’il m’envoie du renfort.
Avant de sortir, je fouillai une dernière fois la pièce. Je voulais ramasser quelques gouttes du liquide avant que cette chaleur infernale ne le fasse complètement disparaître. Avec un peu de chance, au labo, ils allaient pouvoir l’analyser et en synthétiser. Et peut-être que c'était ce dont Léila avait besoin pour se réveiller !
Je courus vers le blindé, Rex et Hax à mes trousses, Gram à la traîne, pour essayer de joindre le capitaine. Mais pour seule réponse, j’avais droit à des putains de grésillements. Impossible de contacter qui que ce soit. Ma radio était HS. Et merde… Il ne me restait plus qu’à rentrer au plus vite au poste, en espérant qu’il reste des indices à notre retour !
Texte de L.S.Martins (45 minutes chrono, sans relecture).
Image par Peter H de Pixabay : Machine À Écrire Antique Ancien - Photo gratuite sur Pixabay
Margot Eden hace 2 años
un passage qui m'a fait bien rire !