Episode 39 : Reprenons tout depuis le début
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Episode 39 : Reprenons tout depuis le début
On nous avait piégés. Aucune autre conclusion plausible. Depuis mon premier jour au commissariat, on nous avait manipulés, Léila et moi. Ma mutation. La mort de mon beauf. Les cartes postales. Le faux Florigan… Tout, absolument tout, n’était qu’une machination infernale dont le pourquoi m’échappe encore.
Pour couronner le tout, lors de l’opération pour débarrasser Léila de sa puce de géolocalisation, Joe avait fait une découverte déconcertante : un circuit secondaire pour dérouter sa connexion à l’IAC vers un réseau inconnu. Depuis quand elle avait ça dans le crâne, aucune idée ! Mais une chose était certaine, toutes les informations qu’elle avait pu obtenir lors de nos différentes enquêtes avaient très probablement été faussées. Mais pourquoi ?
Nous devions tout reprendre à zéro. Chaque indice. Chaque élément. Chaque conclusion… absolument tout, et ce, depuis notre première affaire. Celle qui nous avait envoyés sur la bague terrestre. Celle qui m’avait amené à affronter mon père. Le meurtre au paradis…
Réfléchis, bon sang ! Comment tu aurais fait pour résoudre cette affaire sans connexion à l’IAC ? Notre seule piste était ce putain de reptile. Mais impossible de remonter à son créateur. Aucun numéro de série. Rien qui ne permettait d’identifier la chaîne de montage. Sur les photos de la scène de crime accrochées sur l’un des tableaux blancs devant moi, je pouvais y apercevoir le corps de ce salopard allongé sur un tapis en laine blanche, juste au pied d’un magnifique canapé empire de ma mère. Le serpent devait être caché dans les coussins et dérangé par la visite impromptue de cet abruti, il était sorti pour défendre son nouveau territoire. Une morsure mortelle juste au niveau de la jugulaire. Une attaque fatale. Foudroyante. Mais qui avait bien pu déposer ce monstre ici ? Et pour quelle raison ? On avait épluché la vie de mon beauf. Pas très reluisante : prostituées synthé, alcool, jeux d’argent et les dettes qui vont avec. Pourquoi diable ma sœur avait-elle épousé un tel mec ? Elle qui était si intelligente…
À bien y réfléchir, c’était une fin bien trop douce pour un connard de son espèce. Ivre au fond d’un caniveau ou tabassé puis jeté devant chez lui, voilà des morts qu’il aurait méritées. Et ça lui pendait au nez ! Alors pourquoi se donner autant de mal ? Soudain, un détail me sauta aux yeux. Un cigare consumé dans un cendrier en cristal. Un de ceux que fumait mon père.
Je repris alors le rapport de Léila et le parcourus brièvement. Bingo ! On s’était complétement planté. Tout comme ce maudit reptile. La cible…, ce n’était pas mon beauf. Non ! C’était mon père. Mais comment j’ai pu passer à côté d’un truc pareil ? J’avais passé des semaines à l’étudier dans l’espoir de déceler une faille, un détail qui aurait pu innocenter ce môme accusé à tort. J’en connaissais chaque mot. Alors comment ? Comment ?
– Du nouveau, le bleu ?
– Un truc louche…
– Quoi donc ?
Léila vint à ma hauteur et se mit, elle aussi, à observer attentivement le tableau du « meurtre au paradis ».
– Pourquoi on a jamais pensé que la victime n’était peut-être pas la cible de notre tueur ?
– De quoi tu parles ?
– Je veux dire que le tueur voulait assassiner mon père, mais manque de chance, c’est cet abruti qui s’est vautré dans le canapé où il avait planqué le reptile.
– Qu’est-ce qui te fait dire ça ?
– Tout simplement que la pièce dans laquelle tu as trouvé le corps est le bureau privé de mon père. Personne n’a le droit d’y entrer, normalement.
– T’es sûr de toi ? Ça fait longtemps que tu n’as pas mis les pieds là-bas…
– Crois-moi, je sais c’que je dis. Quand j’étais gamin, je passais par la fenêtre qu’on voit sur cette photo. Je me faufilais en douce pour lui piquer des cigares. Ils valaient une petite fortune sur le marché noir !
– Attends, t’étais un gosse de riche, mais l’argent de papa et maman te suffisait pas. Tu faisais aussi du trafic ?
Léila était morte de rire. Fière de sa connerie… Je laissai couler pour revenir à notre enquête.
– Mon père était la cible. C’est une évidence.
– Alors pourquoi était-il toujours en vie ? Ça n’a pas de sens…
– Bonne question… on a dû passer à côté d’un truc. Il faut tout reprendre depuis le début. Je suis certain que si on élucide cette affaire, on y verra plus clair.
– Ouais… si tu l’dis.
Léila resta, quelques secondes, immobile. Elle semblait ailleurs. Pouvait-elle se perdre dans ses pensées ? Comme un vrai humain ?
Soudain, elle se tourna vers moi, une lueur étrange dans le regard.
– Léila ? Tout va bien ?
– Non, le bleu… il y a un truc qui cloche dans mon système…
Je sortis en courant pour aller chercher Joe. Il était dans son labo, en train d’étudier le circuit qu’il avait enlevé de la tête de Léila ce matin même. Il paraissait soucieux.
– Joe, on a un problème.
– En effet, mon p’tit. Une vrai merde ce circuit. Je sais pas ce qu’ils ont trafiqué dans la tête de ta coéquipière, mais c’est moche.
– Bien plus que vous le pensez ! Elle ne va pas bien…
On se précipita vers Léila. Elle s’était effondrée sur le sol et convulsait. Et même à nous deux, nous étions incapables de la maintenir.
Après quelques minutes seulement elle se calma, mais resta inconsciente. Et merde… Qu’est-ce qui se passait encore ?
Texte de L.S.Martins (45 minutes chrono, sans relecture).
Image par Tony Melony de Pixabay : Puce D'Ordinateur Circuit - Photo gratuite sur Pixabay