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À toute épreuve

À toute épreuve

Veröffentlicht am 14, Juni, 2024 Aktualisiert am 14, Juni, 2024 Romance
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À toute épreuve

                                                                               Un soupçon de 1800 aux allures de Dordogne

 

Lettrine L majuscule

 


halanges nouées à s’en faire mal, elle regardait par la fenêtre les feuilles roussies tomber sur la pelouse. Sa robe noire se heurtait aux rais de lumière que les rideaux laissaient danser sur le parquet. La voiture aux armoiries de la famille s’engagerait bientôt dans l’allée, de ce pas cahotant que les chevaux frapperaient sur la caillasse.

Elle guettait son beau-fils.
S’il ressemblait à son père, elle jouerait certainement de malheur mais n’avait-elle pas subi ce joug tout le long de son existence ?

Elle s’inspecta dans le miroir.
Son reflet lui confirma ce qu’Edmond lui rappelait sans cesse : ses joues et son teint abandonnés par la jeunesse. Elle avait épousé son mari à 18 ans sur ordre de son père. Lorsqu’à leur première rencontre ce veuf à la charpente maigre l’avait jaugée avec tant de dureté, elle s’était demandée pourquoi il voulait se remarier. On lui accordait un fils - que personne n’avait vu - donc une descendance assurée.
À quoi pourrait lui servir Léantine ?

- Ne nous faites pas honte, lui avait ordonné son père, cet homme est ce qu’il y a de mieux pour vous !

Sans doute puisque aucun autre n’avait voulu d’elle.
Elle était donc demeurée assise sagement en silence, yeux baissés, ne parlant que sur questions précises en ignorant que là serait toute sa vie,
ou plutôt en ignorant que là seraient ses meilleurs instants aux côtés de cet homme.

Joseph triturait son chapeau à défaut de chiffonner le sourire du notaire qui avait insisté pour l’accompagner. Dans la voiture confortable ils se faisaient face dans un mutisme dont Joseph, seul fait qu’il reconnaîtrait, était responsable.
Il reconnut bientôt la demeure si visible des grilles tant le parterre d’herbe rasé autorisait à peine quelques fleurs.

Chateau et son parc

Joseph se crispa, ce fut plus fort que lui même après tant d’années d’éloignement
Pourtant IL ne l’y attendait plus.
Il jeta un oeil au notaire qui le lui retourna en soupirant.

- Je dois vous prévenir que votre belle-mère est passablement …
Et il se tut.

Quelle entrée en matière !

Il est vrai qu’il s’était interrogé sur celle que son géniteur avait choisie en secondes noces.
Une hystérique ?
Sans doute pas.
Une écervelée ?
Plus probable.
Il penchait cependant pour une effacée à complexes ; ce que sembla confirmer l’absence de l’hôtesse sur le perron à son arrivée mais c’est quand il la vit, debout dans l’angle le plus sombre de la pièce qu’il en eut la preuve.
Sûrement bien plus jeune que son père, elle avait tous les stigmates d’un âge avancé : sa tenue, son maintien et son expression - vides de toute attente. Il devait lui reconnaître un atout : elle n’avait pas bronché en voyant la cicatrice qui tranchait son visage de la tempe gauche à la mâchoire du côté droit.

- Un souvenir de mon père.

Elle ne frémit pas sous le ton mordant. Évidemment elle devait être habituée !

- Madame, permettez-moi de vous présenter Monsieur Joseph Bondois, votre beau-fils, intervint le notaire.

Elle offrit une chaste révérence à son bref salut. Aucun mot ne fut échangé seulement un long regard qu’elle s’empressa de détourner pour le cacher lui aussi - peut-être sous la table ou … le tapis peut-être ?
L’image l’amusa et il s’aperçut qu’il avait dû sourire à sa propre raillerie quand il la vit se crisper. Elle avait donc une seconde paire d’yeux sur le front ? Il eut un rictus qui cette fois la fit tressauter.
Il eut alors pitié d’elle.

- Madame, je suis désolé de n’avoir pu vous prévenir de mon arrivée exacte mais les bateaux sur l’océan entre l’Amérique et ici, ne respectent pas l’heure du thé anglais.

Il réalisa trop tard que le sarcasme contenu, n’arrangerait pas la prise de contact.
D’ailleurs elle se recroquevilla aussitôt pour souffler :
- Je com…com … prends Mon…mon…sieur.

Plutôt que de montrer sa confusion il préféra afficher un air sévère. Sur un raclement de gorge le notaire rappela sa présence pour se lancer dans un discours fastidieux à propos des modalités à suivre concernant la lecture du testament.
Ils s’engagèrent donc tous dans le couloir menant au bureau du défunt.

                                                          *  *  *

Les murs vacillant dans la lueur de la bougie semblaient respirer autour de Léantine. Seule sa chemise de nuit tachait la pénombre lui dissimulant les tableaux aussi sinistres que ses souvenirs. Elle repéra enfin l’escalier en fer-à-cheval qui descendait vers le grand hall distribuant les deux salons, la salle à manger et le bureau de son mari. Les deux portes de bois sculpté se dressèrent enfin devant elle ; poussant délicatement la poignée elle se faufila à l’intérieur.

Un feu craquait dans la cheminée, ce qui l’étonna. Honoré, le majordome, éteignait toujours lorsque personne n’occupait une pièce, une des instructions du maître des lieux que le personnel continuait à respecter comme si même de son cercueil le mort pouvait encore les surveiller.
Léantine les comprenait, elle-même ne se sentait pas totalement libérée.

Elle se dirigea vers l’escalier en colimaçon coincé entre deux rangées de livres allant du sol au plafond pour gagner l’étage qui l’intéressait. Alors qu’elle farfouillait parmi les titres un bruit la fit sursauter.

Il y avait quelqu’un dans la pièce !

Aussitôt elle se mit à trembler, se pourrait-il que ? …

Idiote !

Les résurrections n’appartenaient qu’à la Bible.

Elle revint sur le palier, éleva inutilement sa bougie pour découvrir que dans l’un des fauteuils tournés vers la cheminée, était affalé son beau-fils.
Sans gilet, la chemise ouverte, il révélait un torse sculptural qui parvint presque à lui faire oublier son air moqueur. Elle ne l’avait pas vu en entrant, malheureusement. Il leva alors son verre de cognac vers elle et but à sa santé.

- Ne vous sauvez pas, je vous en prie.

Il avait si rapidement anticipé son geste qu’elle ne put que le rejoindre. Parvenue en bas elle s’assit dans le fauteuil face à lui et éteignit sa bougie.

- Mes cicatrices ne sont-elles pas encore plus effrayantes sous cet éclairage ?
- J’ai les mê…mêmes dans le do…dos. Donc non je…je ne suis pa…pas effr…effrayée.

Elle perçut à peine son tressaillement ; tout comme elle il avait à son actif des années d’entraînement. Mieux valait ne pas montrer ses émotions devant Edmond, il s’en servait toujours contre vous.

- J’en suis navré.

Elle lui renvoya un pauvre sourire qu’il apprécia à sa juste valeur.

- Vous veniez toujours le soir prendre un livre quand il dormait sinon il vous l’aurait interdit.
Elle hocha la tête.
- Moi aussi figurez-vous. Il me corrigeait si je n’avais pas lu un ouvrage qu’il m’avait recommandé et poussait le vice jusqu’à me fouetter si je venais le chercher à un moment qu’il jugeait incongru.   Dès mes sept ans, répondit-il à la question qu’elle avait seulement pensée.

Au moins avait-elle eu l’âge de le supporter. Mais un enfant si petit ! Ce père avait été un monstre.

- Oui il l’était, affirma-t-il comme s’il lisait encore en elle - J’ai dû apprendre à lire plus vite et plus efficacement qu’un autre.
Puis un doigt sur sa cicatrice :
- Comme il n’a pu façonner mon esprit à l’image du sien, il a fait en sorte que j’en ai l’apparence.

Ce visage n’était pourtant pas laid. Elle aimait le sillon qui divisait son profil, tordant légèrement le sourire rendu étrangement plus enfantin. Un coup de griffe du destin à moins qu’elle n’ait pas toute sa raison comme le lui assenait leur tortionnaire.

- Je parie que vous n’avez jamais bégayé avant de le rencontrer.
Pour toute réponse elle soupira.
- Et si nous nous vengions ?
Elle haussa un sourcil.
- Nous pourrions nous rapprocher, assez en fait pour le faire surgir de sa tombe.
- Ne tentez pas le diable, s’amusa-t-elle

Juste ciel !

Depuis combien de temps n’avait-elle pas plaisanté ?

- Vous voyez, nous sommes déjà complices ! Et vous n’avez pas bégayé.

Elle osa plier les genoux pour passer ses mollets sous ses fesses et s’enfonça dans le siège. Il contempla ses pieds dorés par la lumière puis remonta le long de ses jambes mieux dessinées par le tissu tendu.
Il but une gorgée en la savourant et elle suivit le mouvement de ses lèvres.
Son regard prit le sien ; elle eut presque l’impression que les flammes de l’âtre y dansaient juste pour elle. Malgré elle son buste se cambra, les seins plus visibles sous la dentelle.
Doucement il posa son verre à terre, se leva et de même fit quelques pas vers elle. Une fois prêt à la toucher il s’agenouilla et l’emprisonna de ses deux bras posés sur les accoudoirs. Quand il fut certain de son consentement il se pencha.
Elle voulut se persuader que ce feu intérieur qui la gagnait, venait de la cheminée si proche. Cette bouche à quelques millimètres de la sienne, chair pleine et tendre, la subjuguait.

Pourvu, pourvu que le baiser soit à la hauteur de son audace impie !

Leurs lèvres s’effleurèrent, se cherchèrent électrisant la moindre parcelle de leur corps. Sa langue s’enroula autour de la sienne, savamment, l’étourdissant de sensations plus délicieuses les unes que les autres.
Il la dévora et pour la première fois de sa vie elle se laissa dominer avec volupté.
Combien de temps s’écoula ?
Dix minutes ? Trente ?
Quel sens de l’exagération ma chère !

NON !

Ne pas penser à lui en cet instant.

À bout de souffle ils se séparèrent. Faits d’immobilité ils se sondèrent l’un l’autre Elle le regarda se relever pour se déshabiller lentement, lui laissant le temps de savourer sa nudité. Un corps d’homme à la chaleur accueillante dans lequel elle eut le désir irrépressible de se fondre.

Après l’avoir tirée du fauteuil, il la dévêtit à son tour, baisant chaque morceau de peau révélée et quand elle fut nue devant lui, il la contempla.
Enfin il la coucha sur le tapis pour s’allonger près d’elle. Leurs mains s’attardèrent sur chaque courbe, tout endroit secret. Il lécha sa peau douce tandis qu’elle infligeait de tendres morsures à la sienne.Tout à cette découverte du plaisir de l’autre, ils ne s’unirent que bien plus tard dans un élan de désespoir qui leur ferait oublier leur passé.

Ils jouirent ensemble, sous le portrait accroché au-dessus de la cheminée : celui d’Edmond Bondois.

 

 

Photo de couverture, illustration et lettrine : Chantal Perrin Verdier

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