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M'accorderiez-vous cette danse ?

M'accorderiez-vous cette danse ?

Veröffentlicht am 6, Apr., 2024 Aktualisiert am 10, Apr., 2024 Romance
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M'accorderiez-vous cette danse ?

                                                                                                    Un soupçon de 1813 aux allures de Londres

 

Lettrine M


ousselines et soieries rivalisaient d’éclat sous les lustres.

Entre les colonnes érigées se profilaient quelques fenêtres à peine ouvertes sur un vent de printemps qui semblait gagner la salle de réception où les volutes des danseurs justifiaient presque la réputation de la dernière danse arrivée dans la capitale,

la valse

baptisée « La Scandaleuse » par ces dames de l’Almack’s.

Hyppolite l’aimait cependant particulièrement parce que tenir une femme ainsi entre ses bras tenait du paradis. Le vertige tenait tant à ce rythme à trois temps qu’à la langueur exaltante de presser une main féminine même gantée et poser la sienne sur la taille de sa cavalière ; sentir ses doigts sur son épaule, aussi légers soient-ils, le grisait alors que leurs pas s’imbriquaient avec hardiesse.
Deux genoux se frôlaient, un souffle sur la joue comme les prémices d’un baiser …
Sensations d’une volupté dont il était friand.

Entre regards et plaisanteries il sentait la salle tournoyer sans vraiment voir qui habitait costumes et robes. C’était l’impression d’ensemble, une espèce d’état de grâce qui le faisaient sourire.

En ce moment précis il était heureux.

Le dernier accord retenti, il ramena sa partenaire au bord de la piste, s’inclina et salua une mère prête à le harponner mais comme à son habitude il s’en dégagea avec délicatesse et efficacité. Il rejoignit le groupe de gentlemen - des relations du White’s pour la plupart - lorgnant les danseurs alignés maintenant dans un quadrille. On l’accueillit avec force ironie.

Allait-il aussi inviter ces demoiselles près des plantes qui faisaient tapisserie malgré leurs mines insouciantes ?

Hyppolite n’avait jamais compris que l’on refuse une danse à une dame. Comment pouvait-on envisager de passer la soirée à discuter entre amis sans jamais inviter une seule femme ?

Quelle honte !

Surtout que le péril consistait à ne plus être invité du tout. Ce qu’il considérait non seulement comme un déshonneur mais surtout comme un supplice : il adorait les réunions mondaines et il adorait danser ! Il dédaigna donc les critiques et leur répondit ce qu’il pensait. Bien sûr il y eut quelques ricanements cependant personne ne se moqua ouvertement (il bénéficiait d’une aura de sympathie qui lui avait servi plus d’une fois).
Et laissant leur bavardage devenir un bruit de fond il regarda autour de lui. Il vit sa mère plus loin qui discutait avec une des dames patronnesses du comité et ses deux soeurs évoluaient sur la piste. Il vérifia l’identité de leurs cavaliers et se rassura aussitôt.

Ce fut en premier sa voix qu’il entendit,
basse et rauque
qu’il avait d’abord crue appartenir à une femme mais en se retournant il avait découvert une jeune fille émergeant à peine de ses seize ans.

Une enfant !

Et pourtant il sentait son coeur étouffer entre deux battements.
Comment pouvait-elle déjà être introduite en société ?
Il ne la connaissait pas.
Était-ce sa première saison ?
Son carnet de bal était-il rempli ?
Son regard alors vint sur lui : un voile de pudeur sous lequel il crut deviner une certaine anxiété.

IL FALLAIT ABSOLUMENT QU'IL LUI SOIT PRÉSENTÉ !

Interrompant la conversation en cours avec une incorrection que personne ne lui connaissait - ce qui lui valut une écoute attentive, il se renseigna d’abord auprès de ses camarades. Aucun d’eux ne savait qui elle était.
Il chercha donc sa mère assise maintenant avec quelques membres de la famille sous l’orchestre. Il la pressa de questions et le sourcil levé (signe chez elle d’un reproche à venir) elle daigna lui répondre.

C’est ainsi que sa mère lui fit traverser la salle pour la rejoindre …

Adélaïde …

dans sa robe rose dont le bas ouvragé soulignait ses souliers ; surmontée d’une seconde robe toute en dentelles, elle offrait un décolleté (pas si enfantin que cela) corseté de broderies.
Une nymphe des bals
Elle fit sa révérence tandis que les noms étaient échangés. Il la salua puis se permit une invitation.

La prochaine danse serait … une VALSE.

Avait-elle été autorisée à la danser ?
Oui.
Avait-il la chance que sa prochaine danse ne soit pas réservée ?
Oui.

Ils se sourirent.

Comme avant une bataille un moment de silence gagna l’assemblée alors que l’orchestre se tenait déjà prêt.
Tous deux se rapprochèrent, la main gauche d’Hyppolite enveloppa d’Adélaïde, la droite accueillant tendrement celle de la jeune fille. La musique s’éleva et aussi léger qu’une onde sur l’eau le couple, oublieux des autres, glissa sur le parquet.

Salle de bal Almack's

Sans savoir pourquoi il récita :

Valse—Valse—seule exige des jambes et des bras, 
libérale des pieds—et prodigue de ses mains ;
Des mains qui peuvent librement se déplacer à la vue du public …

 

Elle compléta aussitôt :

… là où jamais auparavant — mais — priez « éteignez la lumière ».
Il me semble que l’éclat de ce lustre
brille beaucoup trop loin – ou que je suis beaucoup trop près ;

Elle connaissait donc la parution anonyme du poème Valse : un hymne apostrophique ?
Laissant surgir cet air mutin qu’il aurait tout loisir d’apprécier par la suite, elle lui susurra le nom de l’auteur qu’elle taxa d’esprit étroit.

 

 

Photo de couverture, lettrine et illustration : Chantal Perrin Verdier

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Kommentar (1)

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Chantal Perrin Verdier vor 24 Tagen

Le poème "Waltz : An Apostrophic Hymn " paru de façon anonyme en 1813, est de Lord Byron

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