Épisode 9 : Le maillot
Auf Panodyssey kannst du bis zu 30 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 29 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Épisode 9 : Le maillot
POV Logan
Deux mois s’étaient écoulés depuis la soirée chez Ethan. Depuis la soirée où j’avais fait comprendre à Lili que Morgan et moi étions ensemble.
J’enchaînais les cours et les entraînements, sans faire attention à ceux qui m’entouraient. Je passais mon temps libre sur le terrain de foot pour éviter au maximum Lili. Je la fuyais comme un lâche. Les autres me foutaient la paix. Ils respectaient mon rôle de capitaine pendant les matchs, et ne m’adressaient pas la parole plus que nécessaire. Ryan avait bien essayé à plusieurs reprises de venir me parler, mais je l’ignorais chaque fois. J’en avais rien à foutre de ses excuses et de ses conseils.
― Fiston, il est temps que tu fasses quelque chose pour la famille !
Mon père fit irruption dans ma chambre alors que je travaillais sur mon prochain devoir d’informatique. Cela faisait déjà plusieurs jours qu’il était sur mon dos, à surveiller le moindre de mes faits et gestes, mes fréquentations, et même mes notes ! Il me parlait d’avenir, de famille, sans jamais me révéler ses plans pour moi. Il m’écœurait… Mais il restait mon père. Le patriarche de la famille Cohnrad. Et du haut de mes 18 ans, je ne faisais pas le poids !
Devant mon mutisme, il s’avança et frappa mon bureau de la paume de sa main. Je connaissais toutes ses méthodes d’intimidation et n’esquissai aucun mouvement de recul, ce qui le mit dans une rage intense.
― Logan, tu me regardes quand je te parle ! tonna mon père.
Je détournai les yeux de mon écran, arborant un sourire crispé. Je le détestai. Mes frères et moi n’étions que des pions dans son jeu de pouvoir, et même si Kevin et Henry avaient accepté de se plier à ses règles, moi, je m’y refusais.
― Que puis-je faire pour toi, père ? demandai-je les mâchoires serrées par la colère.
Il ne prêta pas attention à mon ton condescendant et continua :
― Si tu veux rentrer à l’université, l’année prochaine, je te conseille de suivre mes directives. Une nouvelle alliance est sur le point de se former dans l’entreprise, et je veux que la consolide.
― Que je quoi ? m’étouffai-je.
― Ne fais pas l’enfant, tu as très bien compris, ajouta-t-il. La fille de mon prochain associé est dans ton lycée. Et…
― Pourquoi ne pas demander à Henry ? Après tout, il n’attend qu’un ordre de ta part pour baisser son froc, m’emportai-je en me levant.
Ma chaise se fracassa contre le mur derrière moi, dans un fracas qui alerta ma mère. Elle accourut jusqu’à ma chambre, s’arrêtant dans l’embrasure de ma porte. Elle m’observa attentivement avant e se tourner vers mon père, exigeant une explication. Il se tenait debout devant mon bureau, le visage rouge et les poings serrés. Tremblant de colère.
― Tu feras ce que je te dis ! cria-t-il. Ce n’est pas négociable !
Ma mère entra dans la pièce et se dirigea vers lui, affichant un air déterminé presque sauvage. Prête à tenir tête mon père. Une facette de sa personnalité que je n’avais jamais vue auparavant.
― De quoi s’agit-il, Philip ? siffla-t-elle.
Les épaules de mon père s’affaissèrent. Il expira bruyamment et passa sa main dans ses cheveux avant de faire face à ma mère et d’affronter son regard assassin.
― Je t’en ai déjà parlé, ma chérie, répondit-il d’une voix douce presque mielleuse. Je t’ai dit que j’avais besoin de Logan pour une affaire.
Elle réduisit l'écart qui les éloignait et posa délicatement sa main sur sa poitrine dans un geste tendre et affectueux.
― Et il me semble qu’on avait convenu d’attendre qu’il ait fini ses études avant de discuter de ce genre de choses avec lui.
Mon père se rabroua et la repoussa.
― Femme, tu ne comprends rien aux affaires, s’énerva mon père en se redressant. Je ne demande pas de l’épouser aujourd’hui, mais des fiançailles sont nécessaires au plus vite !
Des fiançailles ? Il se foutait de moi ?
― Écoute, Philip, gronda ma mère en le pointant du doigt. Je t’ai laissé faire jusqu’ici, mais ne crois pas que c’est parce que je suis idiote et ignorante. C’est la dernière fois que tu me parles ainsi ! Kevin et Henry ne se sont jamais opposés à tes décisions, ils ont toujours partagé tes idées et semblent heureux dans l’entreprise. Mais aujourd’hui, je me dis que j’ai peut-être eu tort de me pas m’être mêlée de tes affaires ! Je ne te laisserai pas gâcher la vie de Logan ! Pas comme ton père a gâché la tienne !
Sur ces mots, elle quitta la pièce comme une furie sans même un regard vers moi. Ses pas claquèrent dans le couloir avant que la porte de la cuisine ne claque. Lorsque le silence revint, mon père posa les yeux sur moi, se rappelant soudainement de ma présence. Pendant une fraction de seconde, j’aperçus de la tristesse sur son visage, aussitôt remplacée par un masque d’indifférence. Celui que je lui avais toujours connu.
― Ne crois pas que tu es tiré d’affaire, Logan ! Ta mère n’aura jamais le dernier mot quand il s’agit de l’entreprise. Profite du répit que tu as, parce que dans quelques années, tu épouseras cette jeune fille. Que tu le veuilles ou non !
Ses propos sonnèrent comme une sentence. Une sentence qui me fit froid dans le dos. Jamais je ne pourrais lui échapper. À moins d’obtenir une bourse et de disparaître. De me barrer de cette maison et de fuir son emprise. Et la première étape était de remporter le match de vendredi soir.
POV Lili
― Ce soir, ça va être la fête ! s’exclama Anny les yeux rivés sur le terrain.
L'ambiance était survoltée au stade. Les pom-pom girls s'agitaient frénétiquement, sous les regards surexcités de tous les élèves du lycée. Le coup de sifflet final venait de retentir. Les Faucons étaient les grands vainqueurs du match. Mais ce n’était pas une surprise. Les gars s’étaient entraînés durant des heures. Leur jeu était remarquable. Leur défense impénétrable. Logan, le capitaine et quarterback de l’équipe, était impressionnant. Il était d’une vitesse et d’une agilité incroyables. Avec Steve, en running-back, et Ryan, en receveur, ils formaient un trio d’enfer. Leurs adversaires n’avaient aucune chance. Et ce soir en était la preuve.
Anny attrapa ma main et me tira sur le bord du terrain pour saluer les garçons. Steve m’avait demandé de porter son numéro. J’avais été hésitante, mais ma meilleure amie avait fini par me convaincre. Il n’y avait pas de mal à faire plaisir à un joueur lors d’une rencontre décisive.
Au cours de ces deux derniers mois, je m’étais rapprochée des gars, en particulier de Ryan et Steve. J’appréciais leur compagnie réconfortante et amusante. Tous deux s’étaient donné pour objectif de me protéger et de toujours me faire rire. Ils ne connaissaient rien de mon passé, pourtant je les soupçonnais de se douter de quelque chose. Ils ne m’avaient jamais posé aucune question, mais restaient attentifs à mes réactions et mes sentiments. C’était agréable, quoi qu’un peu flippant.
Lorsque Steve m’aperçut, un immense sourire illumina son visage. Il enleva son casque et secoua ses cheveux noirs trempés de sueur avant de me rejoindre lentement. Ryan lui donna une tape dans le dos et m’adressa un clin d’œil avant de prendre la direction des vestiaires, suivi par le reste de l’équipe. Je vis le regard de Logan s’attarder sur ma poitrine et l’entendis jurer lorsqu’il passa à ma hauteur.
― Ne fais pas attention à lui, ma Lili, dit Steve. Ce numéro te va à ravir !
― Merci, Steve, lui répondis-je mal à l’aise. Beau match ! Félicitations.
Il s’approcha, ses yeux sombres me dévorant. À cet instant, je compris que j’avais commis une énorme erreur en acceptant son maillot. Je ne voulais pas lui donner de faux espoirs. Alors, avant que les choses ne deviennent trop étranges, je saisis le bras d’Anny et m’excusai auprès de lui.
― On se retrouve chez Ethan, lui lançai-je en filant vers la sortie du stade.
Je me précipitais à travers la foule, bousculant presque toutes les personnes devant moi, Anny sur mes talons. Ce n’est qu’après avoir franchi la grande porte menant vers le parking que je relâchais mon souffle. Les mains sur les genoux, la tête penchée vers le sol, j’étais tremblante et nauséeuse.
― Tout va bien ? me demanda Anny inquiéte.
― Non, non… ça ne va pas, m’exclamai-je en passant le T-shirt de Steve au dessus de ma tête. Je n’aurais jamais du te laisser me persuader de le porter. Je… je…
― Tout va bien, murmura Anny en me frottant le dos.
― Non, il va se faire des idées. Tu as vu son regard… son sourire… Je…
J’étais au bord de la crise d’angoisse. Je suffoquais. Ma gorge se serra et mes yeux s’embuèrent. Anny me guida en silence jusqu’à sa voiture et m’aida à m’installer sur la banquette avant. Elle ferma la portière derrière moi avant de faire le tour du véhicule et prendre la place au volant. Elle mit le contact, activa l’air conditionné avant de se tourner vers moi.
― Je suis désolée, Lili. Je ne voulais pas te mettre dans une position délicate. Steve ne pense rien. Vous êtes juste amis et il le sait. Ne t’inquiète pas, je lui expliquerai à la soirée. Ok ?
La soirée… Je n’étais plus très certaine d’avoir envie d’y aller. Je voulais rentrer chez moi et me blottir sous ma couette. C’était exactement ce que l’ancienne Lili ferait. Elle se serait cachée de tous. Elle laisserait un simple malentendu entacher une belle amitié. Mais je n’étais plus cette petite fille naïve et peureuse. J’étais une putain de guerrière !
― Non, Anny, soufflai-je. Je vais lui parler. Je savais très bien que les joueurs ne donnent pas leur maillot à n’importe qui, et j’ai quand même choisi de le porter…
― Je resterai avec toi, si tu veux.
Je ne pus retenir mon rire en imaginant la scène : moi, en train de repousser les avances de Steve avec Anny aux premières loges.
Anny me jeta un coup d’œil avant de pouffer à son tour.
― Oui, bon… je ne serai pas loin, rectifia-t-elle.
― Merci, Anny. Tu es la meilleure…
Texte de L.S.Martins (60 minutes chrono, sans relecture).
Image par Pexels de Pixabay