Épisode 6 : Plus jamais seule
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Épisode 6 : Plus jamais seule
POV Lili
― Tu viens à la fête demain soir ? me demanda Anny en me sortant de mes pensées.
Tous les vendredis soirs, un membre de la bande de Logan organisait une soirée qui se résumait à de la musique trop forte, beaucoup d’alcool, des jeux débiles, des filles en chaleur et des mecs éméchés et bourrés de testostérone. Un cocktail que je préférais éviter.
Sans m’en rendre compte, mon visage se tordit en une grimace de dégout qui n’échappa pas à mon amie.
― Allez, Lili. On va bien s’amuser. Je sais que les gars peuvent être un peu lourds, mais je te promets de rester avec toi. C’était sympa la semaine dernière ! s’exclama-t-elle en souriant.
Une semaine plus tôt
Je rentrais de cours, fatiguée par cette longue journée à prétendre que tout allait pour le mieux. À sourire alors que des larmes menaçaient de s’échapper. À parler alors que des sanglots me brûlaient la poitrine. J’avais envie de crier ma détresse. De me recroqueviller sous mes couettes en attendant que le temps passe et emporte avec lui ma douleur et ma peine. Mais ce n’était pas une option. Je m’en étais fait la promesse. Je l’avais juré à mon père.
Nous vivions dans le Maine depuis presque quatre semaines. C’était le début d’une nouvelle vie, loin de tous ces souvenirs insupportables. Loin des regards et des murmures emplis de haine et de mépris. Je n’étais plus une victime. J’étais plus forte que ça.
À seulement 17 ans, la vie ne m'avait pas épargnée. J’ai perdu ma mère à l’âge de 10 ans à cause d'un cancer. Pendant des mois, je l'ai vue décliner, refusant tout traitement. Mon père avait respecté son choix, mais pas moi. C'était insupportable de la voir partir ainsi...
Maman. Il ne se passait pas un jour sans que son doux sourire, son rire enchanteur et ses câlins réconfortants ne me manquent. Son absence pesait encore plus lourdement ici. La ville où j'avais grandi regorgeait de souvenirs d'elle, et la quitter si brusquement, c'était comme la perdre une seconde fois. Mon cœur était lourd, et mes yeux embués cherchaient à donner vie à cette photo de nous trois, espérant presque qu'à force de la contempler, elle réapparaisse devant moi, les bras ouverts, prête à m'enlacer.
― Ça va, ma chérie ?
Mon père était assis à mes côtés sur ce divan qui sentait encore le neuf. Nous n’avions rien gardé de notre ancienne vie. Juste les quelques babioles que nous avions pu faire rentrer dans le coffre de notre Volvo fatiguée. Tout le reste avait été laissé derrière, soigneusement emballé dans un conteneur, quelque part en Californie.
― Oui, ca va… je repensais à cette fabuleuse journée dans le parc… sanglotai-je.
Avant la maladie de ma mère, nous avions pour habitude de pique-niquer tous les dimanches dans un parc, à une heure de chez nous. Le parc où mes parents s’étaient rencontrés. Celui où ils s’étaient mariés. Nous avions gardé notre rituel aussi longtemps que possible. Mais les voyages étaient de plus en plus fatigants pour maman. Et après son départ, papa n’avait plus courage ni la force d’y mettre les pieds. Cette photo avait été prise la dernière fois que nous avions été. Je m’en souvenais comme si c’était hier : le temps était agréable, malgré la fraîcheur du début d’hiver. Les oiseaux gazouillaient autour de nous. Nous étions allongés sur l’herbe, les yeux levés vers les nuages. Comme si tout allait bien. Comme si maman allait bien. Ce jour-là, nous avions ri, oubliant l'espace d'un instant la terrible vérité.
― Elle me manque aussi, soupira mon père le regard triste.
Les larmes coulaient le long de mes joues. Je pris la main de mon père et la serrai fort. Je m’en voulais. Je me détestais de l’avoir éloigné de tout ce qui nous reliait encore à elle.
― Je suis tellement désolée, soufflai-je désespérée.
Il essuya mon visage de ses grandes mains et me sourit.
― Pourquoi ?
― Pour t’avoir demandé de tout quitter…
― Tu ne me l’as pas demandé. J’ai pris cette décision pour toi. Tu es ce qu'il y a de plus important dans ce monde. Je ne pouvais pas te laisser seule. Pas après ce que tu as traversé. Je suis fier de toi, ma chérie. D'autres auraient abandonné. Auraient sombré. Mais pas toi. Tu te bats chaque jour. Tu es si forte... comme ta mère.
Je me suis effondrée dans ses bras, secouée par les sanglots qui exprimaient tant de choses : le vide laissé par ma mère, l’amour pour mon père, l'effroi des mois écoulés et, curieusement, une lueur de bonheur. J’étais reconnaissante pour ce que j’avais trouvé et commencé à construire ici. Anny était une fille pétillante et adorable. Et même les garçons. Ryan, Loïc, Ethan, Jared et Steve m’avaient accueillie, me faisant sentir chez moi et en sécurité dès le premier jour. Ils m'avaient adoptée dans leur groupe sans condition, simplement parce que j'étais l'amie d'Anny. Depuis la rentrée, je passais mes pauses dej à leur table, les écoutant discuter de tout et de rien. De foot et de filles. De soirées et des cours. Ils avaient tous grandi ensemble. Ils se connaissaient par cœur, se chamaillaient comme des frères… Et puis, il y avait Logan. Le mystérieux et ténébreux Logan. Il parlait peu, du moins en ma présence. Son regard me troublait, me mettait mal à l’aise. Il était intense, comme s'il tentait de percer mes secrets, de voir au-delà des hautes murailles derrière lesquelles je m'étais réfugiée.
Mon téléphone vibra, me ramenant à l’instant présent. Je m'écartai de l'étreinte de mon père en reniflant et levai la tête vers lui. Ce soir, il y avait une soirée chez Ryan, la première de l'année pour célébrer la rentrée. Anny m’y avait invitée, mais je ne me sentais pas prête. L'idée de me retrouver dans une maison pleine de lycéens bourrés m’effrayait… Je n’étais pas certaine d’être aussi forte qu’il le croyait, mais je n’osai pas lui avouer. Je ne voulais pas le décevoir. Pas après tout ce qu'il avait sacrifié pour moi.
J'ai saisi mon smartphone pour consulter le message de mon amie. Elle était résolue à me sortir de mon lit et de la soirée tranquille que j'avais prévue. Son entêtement m'arracha un sourire.
― C'est Anny, chuchotai-je. Elle sera là dans dix minutes pour m'aider à me préparer.
Si mon père était surpris, il ne laissa rien paraître. Il déposa un baiser sur mon front et se leva.
― ça veut dire que je vais avoir la maison pour moi tout seul ! Je vais pouvoir mettre ma musique à fond et commander ma pizza sans avoir à supporter tes commentaires désobligeants sur mes goûts ! Merci, Seigneur !
Il rit, s'avança vers sa précieuse collection de vinyles, le seul trésor qu'il avait choisi de garder avec lui, et sélectionna un album de Johnny Cash pour le placer délicatement sur sa platine.
― Ce sera toi et moi, Johnny ce soir !
Alors que les premiers accords de guitare résonnaient, papa revint vers moi et me posa des questions sur ma soirée. Il était inquiet, je pouvais le lire dans son regard, mais ne fis aucun commentaire. Il était heureux pour moi. Heureux que je me sois fait une amie et que j’accepte de sortir et de vivre. Il ignorait que j’étais terrifiée à l’idée de mettre les pieds dehors, et je ne lui dis rien. Je me contentais de sourire timidement malgré la douleur de mes joues crispées et de mon cœur meurtri.
Anny arriva 10 minutes après son SMS, les bras chargés de sac de fringues, chaussures et maquillage.
― Hello, monsieur M ! lança-t-elle à mon père en rentrant avant de se tourner vers moi en désignant ses lourds bagages. Je connais ta garde-robe. Hors de question que tu sortes avec un jean trop grand et un sweat à capuche !
Je me laissai emporter par sa joie et sa bonne humeur et la rejoignis dans ma chambre sous le regard amusé de mon père. Elle avait déjà préparé plusieurs tenues qu’elle avait posé sur mon lit. Les chaussures étaient éparpillées sur le sol et le maquillage recouvrait ma coiffeuse.
― J’avais pensé à cette petite robe bleue. Elle serait tellement mignonne sur toi. Avec toutes tes courbes, MIAM !
Lorsqu’elle la présenta devant moi, j’eus un frisson. La sensation des doigts froids d’Éric faisant glisser les bretelles de ma robe, de sa bouche dans mon cou, me donna envie de vomir. Ma vision se brouilla et mes jambes se dérobèrent sous mon poids. Je ne pouvais plus penser. J’étais prisonnière de ce souvenir, incapable de revenir à la réalité.
― Hey ! Tout va bien ? me demanda Anny en prenant mon visage dans ses mains chaudes.
Son contact me ramena à elle. Je déglutis difficilement, cherchant un mensonge suffisamment plausible pour ne pas l’inquiéter, en vain. Je me contentai alors d’un simple hochement de tête et me relevai avec son aide.
― Bon, OK, dit-elle peu convaincue. Oublions les robes. Que penses-tu de ce jean noir ? Sa taille haute mettra en valeur tes hanches.
J’acquiesçai sans vraiment regarder la pièce de tissu qu’elle me tendait.
― Avec quoi on pourra l’accorder… réfléchit Anny en fouillant dans le tas de fringues jetées sur mon lit. Ah, voilà ! Ce sera parfait !
Elle me tendit un crop-top noir à manches courtes et me poussa dans la salle de bains pour que j’enfile ma nouvelle tenue. Le pantalon était ultra serré, mais il dissimulait mon ventre arrondi. Le haut était court, mais pas trop échancré. C’était plutôt joli, sans faire trop vulgaire. Pas de quoi attirer l’attention.
Je rejoignis Anny qui avait passé une petite jupe en jean délavé lui arrivant au-dessus du genou et un débardeur rouge en dentelle. Elle était splendide.
― Tu es magnifique, Lili ! s’exclama-t-elle en me voyant. Tu devrais t’habiller comme ça tous les jours !
― Merci… bredouillai-je mal à l’aise. Tu es très belle, toi aussi. Le rouge te va vraiment bien !
Elle fit un tour sur elle-même en affichant un sourire au miroir.
― Ouais… pas trop mal, murmura-t-elle. Parfait pour une soirée entre filles ! Maintenant, laisse-moi te coiffer et te maquiller.
Elle attrapa ma main et me tira jusqu’à la chaise de ma coiffeuse. Elle m’étudia sérieusement avant de s'armer d'une brosse et d'un élastique. Après s’être battue quelques minutes avec ma longue tignasse, elle plaqua les dernières mèches rebelles avec du gel pour parfaire ma queue-de-cheval haute.
― Waouh ! Regarde ce visage ! Pourquoi le cacher derrière tes cheveux ?
Sans me laisser le temps de répondre, elle me fit pivoter et commença un ballet de pinceaux et de poudres. Elle unifia mon teint, me dessina un smoky eyes, appliqua du blush sur mes joues et une touche de brillant sur mes lèvres. Lorsqu'elle fut satisfaite, elle me révéla son travail en orientant mon fauteuil vers le miroir.
― Parfaite ! souffla-t-elle.
J’observais cette inconnue devant moi. Mes traits étaient les mêmes, mais j’avais l’air différente. Comme si j’étais devenue une autre personne, le temps d’une soirée. Je lui offris un sourire en guise de remerciement, puis la laissai se préparer. Elle opta pour laisser ses cheveux blonds libres, formant de jolies boucles avec son lisseur, et se maquilla à son tour. Des yeux charbonneux rehaussés d'une touche de rouge sur les lèvres.
Pour les chaussures, j’optai pour une belle paire de bottes bleu marine et elle, des baskets blanches. Nous avons aussi passé chacune une veste chaude noire, histoire de ne pas attraper froid dehors avant de sortir de ma chambre en riant.
Mon père nous embrassa en nous souhaitant une bonne soirée. J’avais prévu de dormir chez Anny, elle voulait avoir le temps de débriefer. De parler des garçons et de leurs conquêtes… Je la soupçonnais d’avoir le béguin pour Steve, mais je n’avais pas encore osé lui en parler. Je les avais observés se chercher et se disputer à plusieurs reprises au lycée, et j’étais impatiente de voir sa réaction en la trouvant si sexy ce soir.
Nous sommes arrivées chez Ryan un peu en avance. Il n’y avait encore personne, mis à part la bande habituelle : Loïc, Ethan, Jared, Steve et Logan. Ils sirotaient une bière en préparant la maison pour la fête. Ils avaient rangé tous les objets précieux dans la chambre de ses parents qu’il avait verrouillée avant l’arrivée de ses invités.
― Tu te souviens quand John et Marc s’étaient mis à jouer au foot avec le serre-livres en cristal de ta mère, mec ? ria Steve en se laissant tomber dans le divan qu’ils avaient poussé contre le mur.
― Ouai, j’ai bien cru que j’allais faire une crise cardiaque, dit Ryan. C’était un cadeau de mon père pour leur quinze ans de mariage. Je serais mort à l’heure qu’il est, s'ils l’avaient fait tomber !
― Et depuis, on passe deux heures à tout planquer avant chaque fête et deux fois plus de temps pour tout ranger et remettre en place. Tout ça pour se bourrer la gueule ! ajouta Jared.
― Se bourrer la gueule et se faire de bonnes petites chattes ! s’exclama Ethan.
― Toujours aussi classe, Ethan, soupira Anny signalant ainsi notre présence.
Six paires d'yeux nous ont observés avec convoitise, jusqu'à ce qu'ils se rendent compte que c'était Anny et moi. Ryan est alors venu vers nous et m'a soulevé en maintenant mes jambes contre son corps.
― Et voici les plus belles ! cria Ryan.
Il nous fit tourner au rythme de mes protestations et m’emmena vers le canapé où Steve et Jared étaient assis. Logan nous observait d’un air sombre et fâché. Comme toujours. Je n’arrivais pas à le cerner. Il avait l’air de me détester alors qu’il ne s’était jamais donné la peine de faire ma connaissance. Il ne m’avait que très peu adressé la parole, se contentant de me lancer des regards silencieux.
― Une bière, Lili ? me demanda Anny.
Je n’étais pas à l’aise avec l’idée de boire, mais j’avais grand besoin de courage liquide.
― Une bière avant que tout le monde n’arrive ne peut pas me faire de mal, je suppose, répondis-je en haussant les épaules.
― J’aime ce que j’entends, Lili, annonça Jared en me tentant une bouteille brune décapsulée.
J’hésitai. Est-ce que je pouvais leur faire confiance ? Après tout, je ne les connaissais que depuis quelques jours. Anny, sentant mon mal aise, attrapa la bouteille, but une gorgée avant de me la tendre.
― Finalement, je vais prendre quelque chose de plus fort. Tiens, Lili, me dit-elle avec un clin d’œil.
Personne ne fit le moindre commentaire et moi, j’étais rassurée. Je me détendis, appréciant la bière et la compagnie des garçons avant que la soirée ne commence. Steve et Ryan me racontaient leurs aventures de l’année dernière alors qu’ils marchaient dans les traces de leurs grands frères, partis à l’université. Les premières fêtes et les catastrophes. Jared, Loïc, Ethan et Anny se joignirent à nous et les heures défilèrent sans que je ne m’en rende compte. Logan, lui, restait en retrait sans rien dire.
― Et lui, c’est quoi son problème ? demandai-je en regardant Logan dans les yeux. Vous ne lui avez jamais appris à se détendre ?
Ryan explosa de rire et recracha une bonne partie de sa dernière gorgée de bière en direction de Logan.
― Putain, Ryan ! T’es dégueulasse ! tonna Logan en vérifiant ses vêtements.
― Elle t’a bien mouché ! s’exclama Ryan.
― Ouai, c’est ça. Quand on sait pas de quoi on parle, on la ferme ! maugréa Logan en se dirigeant vers la cuisine.
― Laisse-le, il n’a pas baisé depuis une semaine. Il est un peu tendu… m’expliqua Ethan en souriant.
Anny soupira en levant les yeux au ciel. Elle m’attrapa par la main me tirant pour échapper à mon cocon si chaud et confortable.
― Allez, viens ! On va mettre de la musique et on va s’amuser un peu ! cria-t-elle en me guidant à travers la maison.
Elle sortit son téléphone, sélectionna une playlist « Dancefloor ». Soudain, la voix de Sean Paul emplit l'espace, couvrant les conversations des nouveaux arrivants. Les filles se rassemblèrent, verre à la main, sur une zone improvisée en piste de danse, au milieu de ce qui semblait être la salle à manger. Elles poussaient des cris, comme si elles étaient en plein concert ou au lit, et bougeaient de manière provocante. Anny sautait sur place en chantant, m'entraînant avec elle.
J’adorais danser. J’ai toujours aimé ça, mais cela faisait bien longtemps que je ne m'étais pas laissé emporter par la musique. Six mois, pour être exact. C’était peut-être la bière, ou tout simplement l’ambiance, mais je me fermai les paupières et bougeai mon corps au rythme des basses. Après quelques minutes, j'ai senti un regard posé sur moi. Il me réchauffait. Brûlait ma peau. J'ai alors rassemblé mon courage et cherché à identifier mon observateur. Lorsque nos yeux se sont rencontrés, j’en eus le souffle coupé. Logan se tenait là, dans l'embrasure de la porte, une bière à la main. Il a lentement léché ses lèvres tout en me fixant, et j'ai senti une irrépressible tension entre mes cuisses. Il était d'une beauté à damner un saint, et il en avait pleinement conscience. Pendant un bref instant, nous étions complètement seuls, attirés l'un par l'autre. Jusqu’à ce que Morgan fasse son apparition, dans une tenue qui ne laissait aucune place à l’imagination. Elle a ensuite dit quelque chose à Logan avant de se mettre à rire. Une hyène. Voilà à quoi elle me faisait penser ! Elle l'a touché à plusieurs reprises, pressant ses seins contre lui et lui chuchotant des mots que je ne pourrais probablement jamais prononcer.
Il ferma les yeux et j’eus soudainement froid. Mon cœur s’effondra dans ma poitrine en le voyant partir, Morgan sur ses talons. Qu’est-ce qu’il m’arrivait ? Pourquoi réagir comme s’il m’avait promis quelque chose ? Comme si nous étions plus que de simples connaissances ?
Tout me parut triste et superficiel. Je voulais m’enfuir. Rentrer chez moi, retrouver mon lit et m’y cacher. Pleurer et oublier.
Je fis signe à Anny pour lui indiquer que je partais. Elle me proposa de me raccompagner, mais c’était inutile. J’avais envie de marcher. Et nous n’étions qu’à quinze minutes à pied de chez moi. Après lui avoir assuré que tout y irait bien pour moi, qu’elle ne devait pas s’inquiéter, je sortis en courant de la maison.
L’air vivifiant me fit le plus grand bien. Il était déjà presque trois heures du matin. Tout le monde dormait à cette heure, et le calme de la nuit était agréable. Apaisant.
Je sentis une veste se poser sur mes épaules, et je vis Ryan à mes côtés.
― Allez, viens. Je te dépose chez toi, Lili, me dit-il simplement en me conduisant jusqu’à son 4x4.
Le trajet se fit en silence. Il ne posa aucune question. Il se contentait de quelques regards rapides. J’avais l’impression qu’il me comprenait. Qu’il pouvait lire en moi. Et qu’il me protégeait.
Il s’arrêta devant chez moi, me dit de garder sa veste et me souhaita bonne nuit. Avant que je ne sorte de la voiture, il prononça ces phrases qui me réchauffèrent le cœur :
― Tu n’es plus seule, Lili. Nous sommes ta famille, à présent. Tu n’as pas à avoir peur de nous. Ni à craindre quoi que ce soit.
Je hochais la tête, claquai la portière et rentrai chez moi. Presque heureuse.
Texte de L.S.Martins.
Image créée par L.S.Martins à l'aide de Leonardo.Ai.