Épisode 5 :Pas un monstre
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Épisode 5 :Pas un monstre
POV Lili
Le cours s'avérait une véritable torture. Mon corps réagissait au moindre mouvement de Logan. Son parfum, un délicieux mélange d’agrumes et de brise marine, me rendait folle. Et son sourire… quand il ne jouait pas les hommes des cavernes, il avait deux adorables fossettes qui encadraient cette bouche que je mourrais d’envie d’embrasser. Reprends-toi, Lili !
- Tu peux m’expliquer ce qu’il faut faire, s’te plaît, chuchota Ryan en se penchant vers moi.
M. Fergusson, le prof, venait de nous assigner un exercice à réaliser en binôme, et j'étais fermement décidée à ne pas travailler avec Logan. J'étais donc plus qu'heureuse lorsque Ryan me demanda de l'aide. J'ai rassemblé les quelques notes que j'avais pu griffonner durant les quarante-cinq premières minutes de cours. Elles n'étaient pas aussi détaillées que d'habitude, mais elles avaient l'avantage de distraire mon esprit qui était beaucoup trop focalisé sur l'Adonis assis à ma gauche.
- C’est assez simple, en fait, commençai-je. Il suffit de reprendre l’algorithme que M. Ferguson nous a présenté en début d’heure et de l’appliquer dans ce nouveau contexte. Je…
Le smartphone de Ryan sonna une, deux, puis trois fois. Je poussai un soupir agacé et Ryan s'excusa. Il éteignit son téléphone et le rangea dans son sac avant de revenir vers moi. Je repris mes explications, mais une jolie rousse s'approcha de nous et m'interrompit. Elle paraissait mal à l'aise, jouant avec l'ourlet de son pull trop large.
- Ryan… commença-t-elle timidement. Je me demandais si... si tu voudrais... enfin, si nous pourrions travailler ensemble sur ce devoir. Mais si tu préfères être avec Lili...
- Non, s'exclama Ryan un peu trop rapidement. Euh… Lili ?
Il était évident que Ryan était sous le charme de notre camarade de classe. Il la dévorait des yeux, ne sachant pas quoi dire ni quoi faire. Je n'avais jamais vu cette facette de la personnalité de Ryan : timide, les joues rosies et le sourire béat.
- Vas-y. Je peux me débrouiller toute seule, le rassurai-je.
Il ne se fit pas prier. Il saisit son sac et sa veste, puis alla s'installer à côté de sa belle dulcinée. J'admirais son courage. Même avant d'être complètement brisée, je n'aurais jamais pu faire une telle chose. Affronter mes peurs et le regard des autres en allant parler à l'élu de mon cœur. Et aujourd'hui, encore moins.
- J'ai vraiment cru qu'il ne te lâcherait jamais...
Logan. Il était si proche que je pouvais sentir son souffle chaud dans mon cou. Ses lèvres effleurèrent le lobe de mon oreille et un gémissement faillit m’échapper. Je devais m’éloigner de lui. Mettre de la distance entre nous. Je cherchais du regard un autre coéquipier, mais évidemment, tout le monde avait déjà trouvé son partenaire. Tous, sauf Logan et moi.
- On dirait que tu es coincée avec moi, Lili…
Je me retournai, prête à lui tenir tête et à l’envoyer balader, quand la sonnerie me délivra de ses griffes. Je rassemblai mes affaires, à peine attentive aux instructions de M. Ferguson sur le devoir à rendre la semaine suivante, et je courus vers la sortie avant que Logan ne puisse m'intercepter. Sans regarder derrière moi, je me rendis directement aux vestiaires, ravie de mon prochain rendez-vous avec Anny.
Juste avant que je franchisse la porte métallique du gymnase, une main fine aux ongles aiguisés saisit mon bras, stoppant ma progression. Je me retrouvai immédiatement encerclée par l'équipe des pom-pom girls, face à face avec Morgan.
- Lilia, c'est bien ça ? demanda-t-elle avec mépris.
- Lili. Et toi, c'est Mégane, n'est-ce pas ?
C'était mesquin de ma part, mais elle l'avait bien mérité. Elle arbora une expression amère et me toisa de la tête aux pieds, comme pour me jauger.
- Laisse Logan tranquille, il m'appartient ! lança-t-elle sèchement.
Je n'ai pas pu m'empêcher de rire avec moquerie, et à cet instant, si les regards pouvaient tuer, je serais morte sur le coup.
- Aucun risque, je te le laisse. Les connards comme lui, très peu pour moi ! lui crachai-je au visage avant de me libérer de son emprise et de m'éloigner.
Je ne comprenais pas pourquoi elle souhaitait encore être avec lui après la manière dont il l'avait traitée ce matin, mais c'était son choix, pas le mien. J'en avais terminé avec les garçons, surtout ceux qui sont des sportifs trop parfaits pour être honnêtes.
Quand je suis finalement arrivée aux vestiaires, Anny m'attendait déjà. Elle avait fini de se changer et portait seulement un legging noir et une brassière de sport. Elle était splendide. À mon entrée, elle m'a enlacée et m'a embrassée sur la joue. J'adorais sa personnalité pétillante. C'était un vrai rayon de soleil. Toujours souriante. Toujours prête à s'amuser.
Anny était la première personne que j’ai rencontrée en arrivant à LakeCity. Et pour cause, nous étions voisines et mon père travaillait pour le sien. Ça avait tout de suite matché entre nous et depuis, et, en quelques jours seulement, nous étions devenues inséparables. Et je lui en étais reconnaissante. J’ai toujours été une grande solitaire, amoureuse des livres et de la littérature. Mais après ce qu’il s’était passé à Blarebeach, je ne voulais plus rester seule. Je n’y arrivais plus. Chaque fois que je fermais les yeux, les cauchemars reprenaient et les crises d’angoisse aussi. Mon père ne m’avait pas quittée durant des semaines entières, mais je ne pouvais pas continuer à dépendre de lui. Alors, rencontrer Anny a été un vrai bonheur. Je ne lui avais pas encore confié ce qui m'était arrivé, mais elle savait que j'avais vécu quelque chose de difficile. Elle n'a jamais insisté, attendant patiemment que je sois prête à en parler.
- Mon Dieu, c’est quoi ces marques sur son bras ? s’inquiéta Anny en relevant ma manche.
- Oh rien, j’ai rencontré une chatte en chaleur, riais-je tentant de dédramatiser la situation. Elle a essayé de marquer son territoire.
Anny me lança un regard perplexe avant de s'emporter :
- Attends ! Me dis pas que c’est Morgan qui t’a fait ça ! C’est quoi son problème à cette pimbêche ?
Les autres filles se retournèrent, nous regardant comme si nous étions deux folles avant de reprendre leurs discussions. Anny, quant à elle, semblait furieuse et je n’étais pas certaine de comprendre pourquoi.
- Ce n’est rien. Je vais juste désinfecter et ça ira. Je dois avoir du gel hydro, marmonnai-je en fouillant dans mon sac. Ah ! Le voilà !
Je pris un mouchoir, y versai du gel et nettoyai les quatre éraflures sur mon bras. Je grimaçai, attendant que la sensation de brûlure s'apaise, puis jetai le mouchoir souillé de sang dans la poubelle.
- Ce n’est pas rien, Lili, murmura Anny, toujours en colère.
- Écoute, après la manière dont Logan l’a traitée cet aprem, je la comprends un peu… Offrir sa virginité et se faire jeter après, c’est dur à avaler.
Anny me dévisagea et explosa de rire. Elle en perdit son souffle et devint rouge pivoine. J’essayai de saisir ce que j’avais bien pu dire de si hilarant, en vain.
- Qui… qui t’a dit que Morgan était vierge ? bégaya-t-elle entre deux fous rires.
- Elle ne me l’a pas dit personnellement, mais je l'ai surprise quand elle a dit à Logan qu’elle l’aimait et qu’elle lui avait donné sa virginité samedi dernier.
Nouveau fou-rire. Décidément, je ne comprenais pas l'attitude d'Anny et elle commençait à m'agacer. C'était un sujet sensible pour moi. Alors, pendant qu'elle se tenait les côtes, pliée en deux à rire comme une folle, j'enfilai mon legging et mon t-shirt XXL et me dirigeai vers la sortie.
- Attends, Lili. Désolée… je n’avais rien entendu de si drole depuis longtemps. Morgan, vierge… Depuis l’âge de 15 ans, elle enchaîne les joueurs de football. De préférence les dernières années.
- Oh…
- Ouais… et cet imbécile de Logan, il lui avait résisté jusqu’à maintenant. Il ne peut pas la supporter, il a passé tout l’été à l’éviter. Mais les mecs et leur queue… Bon, allé, viens, on va être en retard et tu sais comment est Mme Liv…
- Ouais, pas envie de faire des tours supplémentaires…
POV Logan
Lili avait fui, encore une fois. Elle n'avait même pas pris la peine d'écouter M. Ferguson concernant le devoir pour la semaine suivante. Elle semblait trop pressée de nous mettre la plus grande distance possible entre elle et nous. Putain ! Elle va me rendre fou !
J’avais réussi à éloigner Ryan d’elle, mais ça n'avait pas été suffisant…
- Allez, mec. Ne fais pas la gueule, OK ? me lança mon meilleur ami alors qu’on quittait la salle de classe.
- Tu fais chier ! Tu cherchais quoi exactement en t’asseyant à côté d’elle ? lui demandai-je sur la défensive.
Le visage de Ryan s'est assombri alors qu'il m'observait, les sourcils froncés. Il a ensuite tourné les talons, clairement trop énervé pour s'adresser à moi. Après quelques pas, il a fait volte-face et s'est précipité vers moi. Il m'a repoussé en me frappant avec force dans la poitrine à deux mains, tout en m'interpellant d'un ton agressif.
- Elle est mon amie et je suis bien décidé à la protéger de toi. Voilà à quoi je pensais. Pendant que tu te faisais frotti-frotta avec l’autre pétasse, nous avons tous appris à la connaître. Loïc, Ethan, Jared, Steve et moi. On discute avec elle tous les jours, pendant que toi, tu passes ton temps à l’éviter et à la fixer de loin. Cette fille est géniale, mais elle est aussi fragile. Elle a souffert, mec. Je sais pas ce qu’elle a vécu, mais ça l’a brisée. Alors si tu tiens un peu à elle, tu vas rester loin d’elle. Et tu vas emmener avec toi Morgan et toutes ses merdes. Ok ?
La seule chose que j'ai trouvée à faire a été de frapper violemment mon meilleur ami au visage. J'étais envahi par la rage et je ne pouvais plus me contrôler. Il voulait la protéger de moi. Il voulait que je m'éloigne d'elle. Non. Putain ! C'était inenvisageable. C'était hors de question. Et ce n'était certainement pas Ryan qui allait m'empêcher de la voir. De l'avoir...
Après cela, mes souvenirs étaient quelque peu flous. L'entraîneur nous a séparés et a crié sur nous pendant une bonne quinzaine de minutes avant de nous diriger vers l'infirmerie. J'avais les doigts de la main droite en piteux état, mais au vu de l'état de Ryan, cela n'avait rien d'étonnant. Il avait l'arcade explosée et un énorme cocard.
- Je suis désolé, mec. Je sais pas ce qui m’a pris…
Ryan m'a examiné attentivement avant d'exploser de rire, d'un rire franc qui m'a remonté le moral. Malgré mes conneries, je n'ai pas perdu mon meilleur ami.
- Pas de problème, mec. De toute façon, je t'en dois une pour Camilla. Je ne sais pas comment t'as fait, mais merci !
Camilla était une ravissante rouquine sur laquelle Ryan était complètement sous le charme depuis des mois. Il l'avait déjà invitée à plusieurs reprises, mais elle trouvait toujours un bon prétexte pour se dérober. Depuis la rentrée, elle l'évitait comme la peste. Pourtant, je savais que Ryan lui plaisait également. Elle me l’avait avoué lors d’une de nos séances de révision. Elle avait besoin d’aide en maths et j’avais besoin d’ajouter une expérience de mentorat à mon dossier pour l’université. Le doyen nous avait mis en binôme lors du dernier semestre, l’année dernière, et je l’avais présenté à mon meilleur ami. J’étais persuadé qu’ils feraient un couple parfait.
Alors, quand Ryan a délibérément éteint son portable en m’ignorant totalement, j’ai demandé de l’aide à Camilla. Je me doutais que ça la mettrait dans une situation inconfortable, mais dès que je lui ai expliqué que je voulais simplement saisir l'occasion de me rapprocher de Lili, elle n'a pas hésité.
- Avec plaisir ! lui dis-je. Tu pourrais reconsidérer ta décision concernant ma relation avec Lili.
Une flamme de colère s'est ravivée dans le regard de Ryan. Il n'a rien dit, mais j'ai remarqué ses poings se serrer et ses mâchoires se contracter lorsque j'ai prononcé le nom de Lili. Il ne comptait pas abandonner, et moi non plus !
- Je suis pas un putain de monstre !
- Tout ne tourne pas toujours autour de toi, Logan… souffla-t-il avant de quitter l’infirmerie et de me laisser comme un con.
Texte de L.S.Martins (60 minutes chrono, sans relecture).
Image par Tom und Nicki Löschner de Pixabay