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Quand Moïse sauve Venise des eaux

Quand Moïse sauve Venise des eaux

Publié le 21 oct. 2021 Mis à jour le 21 oct. 2021 Voyage
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Quand Moïse sauve Venise des eaux

« Acqua Alta », voici deux mots que les Vénitiens n’apprécient guère,  synonymes de peur et de colère.  Entre l’automne et le printemps, ces « hautes eaux », désignent les phénomènes de pic des marées prononcées qui inondent souvent les parties basses de la ville. Certains Vénitiens ont encore en mémoire le drame de 1966.

Un événement exceptionnel, une crue sans précédent

Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, Venise la Sérénissime, née sur la mer,  composée d’une centaine d’îlots construits sur pilotis, est menacée d’engloutissement. D’ailleurs, le 4 novembre 1966, les Vénitiens ont bien cru voir leur cité disparaître.

Poussée par un fort vent de sirocco, la marée avait atteint une hauteur de 194 cm. Une violente tempête avait rompu les digues et un mètre d’eau est arrivé dans la ville en quelques minutes provoquant de nombreux dommages,  la ruine de nombreuses familles, des coupures d’électricité, de chauffage. Des palais, des ponts, des églises furent noyés. Des trésors artistiques à jamais perdus. La ville s’était retrouvée isolée. Des dizaines de milliers de vénitiens avaient alors fui. Cette perte d’habitants se fait encore sentir, on ne compte que 58 000 résidents dans le centre historique contre 100 000 auparavant.

Dès le début des années 1970, les autorités ont cherché une idée pour défendre la Cité des Doges contre les grandes marées. En 1973, une loi spéciale «  d’intérêt national populaire » est décrétée. Il faudra attendre plus trente ans avant qu’un projet soit retenu et cinquante pour sa mis en service.

MO.S.E (Modulo Speritmentale Electtromeccanico)

Unique au monde, MOSE est conçu comme un rempart pour organiser la défense de la ville face aux marées exceptionnelles. Dans les trois embouchures de la lagune, (Lido, Malamocco et Chiogga), 78 digues mobiles se dresseront à chaque grande marée, une véritable barrière longue de 2 500 m. Le coût final du projet est estimé à près de  6 milliards d’euros. Lancé en 2003, MOSE, en référence à Moïse sauvé des eaux, devait être inauguré en 2016. Mais le chantier a pris du retard  en raison de malfaçons et d’enquêtes pour corruption, surfacturation, appels d’offres truqués. En 2014, le scandale éclate, une centaine de personnes auraient détourné de l’argent dont le maire de la ville, Giorgio Orsini.

Bis repetita

En novembre 2019, les Vénitiens ont cru vivre ou revivre un cauchemar. Les hautes marées exceptionnelles avec  1,87 m de hauteur,  furent les plus hautes après celles de 1966. Face à la tempête, la digue de Palestrina a bien failli céder. Dans la Sérénissime, certains touristes s’en amusent, tandis que les opposants de la municipalité dénoncent l’élargissement du canal pétrolier du port de Marghera, en raison du tourisme de masse avec l’arrivée de gros paquebots. En attendant la fin du chantier interminable du chantier MOSE,  Venise est à nouveau dévastée et meurtrie, avec un milliard d’euros de dégâts. Près d’une cinquantaine d’églises ont été endommagées.

 

Une journée historique

Après dix sept ans de travaux, le 3 octobre 2020, le MO.S.E fonctionne enfin et protège la beauté et l’histoire de Venise.

Les digues artificielles du MO.S.E sont entrées en action dans la lagune pour éviter qu’une marée haute ne submerge la cité des Doges. Les 78 vannes se sont soulevées en 1 heure et quart. Une première, un miracle.  La zone du marché du Rialto, l’Erbaria était sèche. Les passerelles surélevées de la célèbre place Saint-Marc étaient vides et n’ont pas servi. Le Grand canal était calme.

Ce jour là les conditions de mauvais temps étaient au rendez-vous, l’acqua alta était prévue d’1m35. L’eau n’est pas montée. Les vendeurs de bottes étaient bien tristes, les touristes aussi qui n’ont pas pu patauger et faire des selfies. On ne verra plus le fameux commissaire Brunetti, célèbre personnage de l’écrivaine Donna Léon, enfiler des sacs poubelles en guise de bottes. Inconditionnel lecteur du quotidien vénitien « Il Gazzettino », le commissaire avait lu l’an passé, en une, le triste titre « Acqua alta, paura e rabbia a Venezia » Inondation, peur et colère à Venise. Mais ce 3 octobre, «  Moïse étendit sa main sur la mer…. »

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