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La Casbah d'Alger, un patrimoine en péril

La Casbah d'Alger, un patrimoine en péril

Publié le 14 oct. 2021 Mis à jour le 14 oct. 2021 Voyage
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La Casbah d'Alger, un patrimoine en péril

La Casbah d'Alger, médina millénaire de capitale de l’Algérie, classé au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO depuis 1992, considéré comme un des plus beaux paysages de la Méditerranée, est aujourd’hui en danger.

Situé sur la côte méditerranéenne, le site était habité au moins dès le VIe siècle avant notre ère quand un comptoir phénicien y fut installé.  De cette époque au XVIe siècle, de nombreuses populations d'origine diverses y vécurent  Arabes,  Andalous, Ottomans et Français.

La Casbah allait jusqu'à la mer avant la colonisation de la  France en 1830.  Sur le plan architectural, les Français introduisent le style haussmannien et démolissent les murailles de la vieille ville. Mais en 1860, Napoléon III met un coup d’arrêt à  ces transformations. Avec l'indépendance du pays, la Casbah va connaître le départ des familles d'origine du quartier et vite se transformer en un espace vétuste restant le symbole de lutte et lieu de mémoire collective. Au fil du temps,  Alger devient une ville où cohabitent le nouveau et l'ancien, le sacré et le temporel.

Mystérieuse et d'un autre temps 

Lieu de mémoire autant que d’histoire, cet ensemble s'étend sur 45 hectares où résident près de 50.000 personnes. La Casbah conserve encore de très intéressantes habitations traditionnelles, palais, hammams, mosquées et divers souks ainsi qu'une structure urbaine classique. Dans les venelles de la citadelle, ruelles pentues avec ses maisons blanches c'est un véritable labyrinthe de sentiers. Le site est fortement accidenté avec 118 mètres de dénivellation.

Une source d’inspiration

Avec ses ruelles étroites, ses cafés maures, ses portes dérobées et ses terrasses sur la mer, la Casbah « est l’âme d’Alger ». Elle intrigue, inspire, envoute les peintres notamment à travers le courant de l’orientalisme, avec Delacroix, Ingres, Majorelle…tout comme les cinéastes.

Plus d’une centaine de films courts et longs métrages, sans oublier les documentaires y ont été tournés. Aujourd’hui, bien que mal en point et tombant en ruine, la Casbah reste vivante et ne peut laisser indifférent les cinéastes tant qu’elle a du caractère pour jouer de beaux rôles, de la fiction « coloniale » ou après l’Indépendance, elle alterne le meilleur et le pire.

La descente des longs escaliers de ma Casbah vers Bab et Oued est l’un des plans les plus recherchés par les cinéastes, ainsi que les terrasses qui donnent sur la baie de la capitale.

En 1937, le réalisateur Julien Duvivier tourne «  Pépé le Moko » avec Jean Gabin et Mireille Balin. Les décors de la Casbah seront reconstitués dans les studios de Joinville-le-Pont par le décorateur, Jacques Krauss.

 

Quelques tournages

 Sarati le Terrible (1922),  Tarzan, l’homme singe   (1932),  Pépé le Mok (1937),  Casbah  (1938),  Au cœur de la Casbah   (1952),   La Bataille d’Alger  (1965),   Hassan Terro  (1967) L ’Étranger  (1968),  Les Enfants de Novembre (1970), «Tahia ya Didou (1971), Omar Gatlato (1976), Automne, octobre à Alger (1988), Bab-el-Oued City (1994), Viva Laldjerie (2004),  Délice Paloma  (2007)

Un patrimoine en perdition

La Casbah témoigne d'une authenticité remarquable, aussi bien au niveau de la forme et de la conception, des matériaux de construction (briques en terre crue, enduits de terre et à la chaux, pierre et bois) que de l'utilisation (habitation, commerce, culte) et des traditions populaires. Mais ces demeures traditionnelles de la Casbah sont fragiles, faites d'argile, de bois et de pierre sans de solides fondations.

Sur les 1 200 habitations de style mauresque cinquante seulement sont restaurées, environ deux cent cinquante se sont effondrées et quatre cents sont murées et inoccupées.

L'insécurité et l'enclavement du quartier participent à une marginalisation sociale qui elle-même entretient la dégradation du cadre urbain. En 2012, un plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger est instauré avec une subvention de près de 900 millions de dollars.

80% du patrimoine classé « rouge » est menacé de tomber en ruines. «  Nous avons perdu plus de 400 maisons sur 1700 que compte la Casbah, si rien n'est fait, ce patrimoine va être effacé de la carte géographique d'Alger. » déplore Ali Mebtonche, président de la « fondation Casbah ».

Les dangers dus aux séismes et aux incendies sont réels alors que les glissements de terrain et les inondations constituent toujours des menaces possibles.

En avril 2019, un immeuble s’effondre rue Tamglit dans la basse Casbah. Cinq personnes d'une même famille dont deux enfants ont trouvé la mort. Les maisons ou les bâtiments sont en ruine menacent de s’écrouler  à tout moment. A cela s'ajoute les accidents mortels provoqués par des explosions de bouteilles de gaz car beaucoup d'habitants ne sont pas reliés au gaz.

En 1878, Henri Dumont décrivait dans son ouvrage, Alger ville d’hiver : « d’aspect triste au dehors, se trouve être un délicieux oasis au-dedans ». Cette image n’est hélas plus d’actualité.

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