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Préférée l'être ...

Préférée l'être ...

Publié le 26 janv. 2025 Mis à jour le 26 janv. 2025 Société
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Préférée l'être ...

visuel ci-dessus glané sur le compte de @juturrne


Article où je divague sur le sujet de la solitude à la réécriture des rapports hétérosexuels ... va pas y avoir foule ... :))


____________________________


Il y a un an, j’ouvrais sur Instagram un compte secret.

Un compte pour « voir » ... et être vue.

J'ai votre attention, là, hein ?


J’étais douloureuse et perdue.

J’avais besoin de redorer mon égo.


J’avais besoin de me vider de choses que je censurais sur mon compte public - où je pleurais encore l'homme en qui j'avais placé ma confiance.


Sur cet autre compte, je m'accordais de revisiter une rencontre vertigineuse à laquelle je me raccrochais, même si elle n’avait rien donné si ce n’est des pleurs - une histoire de trop tard avant même d’avoir commencé.


Et j’écrivais aussi dans le vide à un autre à qui je ne « pouv.dev.ais ... » pas m’attacher ou du moins, dont je devais me détacher parce que j'étais déjà vachement emberlificotée - alors je poétisais pour juste soulager mes élans que je ne « pouv.dev.ais ... » même pas envoyer se fracasser sur sa porte, puisque de surcroît, il n'en avait cure.


J’avais aussi besoin d’attirer l’attention.

J’avais besoin qu’on me dise : « Mais non, c’est pas toi le problème. »


J’avais besoin de me sentir dans le standard de la désidérabilité.


J’avais enfin besoin de comprendre pourquoi cette pratique semblait faire du bien aux autres : celle de partager mots et selfies lascifs, voire sulfureux. Si ça marchait pour iels, pourquoi pas pour moi ? …


Côté mise-en-scène du corps, je ne suis guère allée plus loin qu’un bout d’arrondi de sein et une chute de reins en story. J’ai très vite été rattrapée par le sentiment de me dévaloriser en faisant cela.

Pourtant, j'étais motivée aussi par une démarche militante, révoltée par l’invisibilité que m’infligeait le diktat social : je voulais donner à voir un corps de cinquantenaire - quasiment jamais re.présenté.


Sauf que concrètement, s’exposer, cela profite surtout aux voyeurs.

À moi, cela ne m’apportait rien. J’avais trop conscience de participer aux codes de ce qu’est et doit être une femme attractive, c'est-à-dire bandante.


De toute manière, peu de mois après, la ménopause, - pourtant présente depuis les soins du cancer -, s’est soudain déployée toute en adiposité, sur l’envergure de mon ventre et mes cuisses. Pas de pot : je venais de balancer les tailles 42 de ma garde-robe pour alléger mon déménagement …

Et ma peau soudainement ne tendait plus vers la jeunesse mais bien à illustrer la loi de la gravité.


Alors, après avoir été là encore plus atteinte par l’image que je renvoyais, j’ai quand même commencé peu à peu à me foutre la paix.


J’ai laissé mes poils en jachère, mes seins en « lolocoptère ».

J’ai abandonné l’idée de retonifier ce corps qui partait largement en désuétude. Car j’avais largement autre chose à gérer.


Mais j’ai ravivé le rose dans mes cheveux - pas pour les regards des autres, mais parce qu’il illumine quelque chose en moi.


J’ai acheté des vêtements atypiques en ressourceries, pour remercier mon corps de me permettre d’être encore là : de bouger, d’aller vers …


J’ai cherché à m’offrir de la joie colorée là où la désolation avait établi son règne.

Et j'ai commencé à me débarrasser de peurs.

En réalité, je n’ai pas besoin de me sentir désirée. Je vis, sans.

Comme je n’ai pas besoin d’un partenaire pour me sentir femme ou connaître un orgasme. Je fais ( ou pas ), sans.


visuel glané sur le compte de @juturrne


Mais je suis honnête avec moi-même et j'admets que je ressens les vrais maux de la solitude : ceux qui prennent toute la place quand on n’a même plus l’espoir d’un semblant d’illusion que quelque chose de beau puisse arriver.


C’est l’absence de l'intimité continue des pensées, d’une connivence privilégiée à tout moment. Être pour quelqu'un le :

« Parce que c’est à toi que je veux dire, là tout de suite maintenant, en premier … »


C’est l’absence de gestes tendres répétés, de quota de câlins ( ... au risque d'avoir la dopamine à ras des orteils, je sais de quoi je parle ) :

« Parce que c’est contre toi que je veux et peux donner et recevoir sans retenue, en étant totalement moi, quel que soit mon état… Tes bras sont mon refuge et les miens, le tien. »


C’est ne plus entendre personne prononcer son prénom avec cette intonation qui chante :

« C’est à toi que je m’adresse et rien qu’à toi … te connaitre est mon bonheur. »



En lisant cette citation, j'ai mis le vrai mot sur ce dont je souffrais ... heu, souffre :

n'être la "préférée" de personne.



visuel : @mr.onskin


Mais revenons à ce compte secret et mes ébauches de Mata-Hari.


Côté expérience des mots, j’ai fais semblant de trouver ça savoureux - décrire le désir.

J’avais eu le verbe inspiré d’un désir flamboyant dans le passé par ma rencontre, alors j’ai pioché dedans. J’ai fait dans le réchauffé. Parce que lorsque vous ne savez même plus pourquoi vous vous battez pour avancer tous les jours, tandis que celui qui a partagé votre quotidien durant 22 ans, vous a éjecté de sa vie en un Noël, et poursuit régulièrement le « nettoyage » des liens en commun pour vous archiver, franchement, vous n’avez plus du tout envie de perpétuer les simulacres de relations amoureuses et / ou érotiques.


Aujourd’hui, je n’ai plus les mots justes pour raconter l’amour, ni à mes enfants, ni à qui que ce soit.


Je vois avec une lucidité désillusionnée ce qui s’y joue. Je sais que tout est biaisé. Homme, femme, nous avons appris notre leçon dans la bible du patriarcat. Notamment la leçon de la séduction et des rapports sexuels.


Si peu de place à la spontanéité et à la pleine conscience ...


Je n’ai plus non plus les mots pour parler de la confiance.

Personne n’est infaillible. Personne n’est parfait. Cela ne fait pas de nous des êtres mauvais. Et je crois à la réparation, si tant est que l’on soit prêt.e à se remettre en question.

Mais je n’ai jamais eu d’excuse pour la trahison. Et je n’ai jamais eu d’explications pour cette décision brutale, mise à part des reproches de tout ce que j'étais ou je n’étais pas ...


Je ne sais plus lire, dire l'authenticité chez les gens. Je n'y crois plus.




Bref, mon bilan après cette expérience est qu’il est vraiment extrêmement facile de gagner en visibilité, en brandissant l’appât de la prose érotique illustrée. Mais tellement … !

Oui, d’accord, ce n’est pas la trouvaille du sex… heu du siècle !


En tout cas, cela traduit cette pression - perpétuée par les clichés sexistes - que ces dames doivent donner envie pour nourrir l'insatiable libido de ces messieurs. ( fake et entretien de la culture du viol ... )


Mon compte est privé. Je ne l’alimente plus depuis mai. Mais grâce à une phrase accrocheuse du profil, un an après, je reçois régulièrement des notifications pour s’y abonner. Ce n’est pas du tout le cas sur mon compte ouvert à toute.s et qui vivote comme il peut, hein.


J’avais trouvé un esthétisme visuel et sonore pour mes publications que j’aimais travaillé.

J'ai rapatrié trois de ces publications à ce jour sur Panodyssey, si vous êtes curieuses.ieux, sous le tag LoveenLune :


https://panodyssey.com/fr/article/poesie-et-chanson/a-corps-defendant-ddtcre9r5pwq


https://panodyssey.com/fr/article/poesie-et-chanson/a-corps-defendant-ddtcre9r5pwq


https://panodyssey.com/fr/article/poesie-et-chanson/te-boy-cotes-mon-tendre-ami-v6h3ahsu49wp


https://panodyssey.com/fr/article/poesie-et-chanson/ne-plus-rien-encaisser-r2qns746vr8j


( Y a encore quelqu'un.e, vu qu'il n'y a rien à voir ? :))



Allez, une petite inédite : " Toute ouïe, tout toi".

La chanson associée était

" Sweetest taboo", interprétée par Henry Green.



Mais il est autre chose que j’ai découvert d’inattendu avec ce compte.

Toute une communauté extrêmement respectueuse, rieuse, encline au second degré, et franchement attachante. Donnant toujours dans le répondant rapide et bienveillant.

Croyez-moi, vu mon état à ce moment-là, j’ai lutté pour ne surtout pas tomber dans une dépendance affective face à ces personnes très interactives - autant hommes que femmes.


Je ne veux en aucun cas juger ces profils de gens qui continuent de nourrir leur vi(d)e comme cela. J’ai été une de ces personnes et j’ai aimé les « fréquenter ». Je les comprends.


Par contre, je regrette que le corps de la femme, sur-exposé et étudié sous toutes les coutures, soit toujours hyper esthétisé à force de normes, de pauses et d'accessoires attendus pour faire écho à l’autre injonction qu’est la virilité forcement en attente du coït.


Je regrette que le plaisir soit toujours raconté comme un trophée : comme un « j’ai réussi à … ».

( Sans oublier bien sûr cette obsession de dominer ou de se soumettre, vendue comme le must-try sinon t’es has-been. J'ai toujours été une has been.

Je sais que pour un petit nombre, c'est une nécessité.

Mais pour le plus grand nombre, c'est surtout un coup de maître ( oh ! elle est jolie ;) ) qui banalise l'humiliation, quand ne s'y rajoute pas la douleur...

Devinez qui est invitée à souffrir dans la plupart des cas ?

Notamment, le nombre de boundage de femmes que j'ai vu passer est juste effarant ! )


C’est criant : sans cette apothéose réussie du plaisir donné à l’autre, nous avons peur de ne pas être suffisant.


Mais « chercher à… », en s’écoutant et écoutant comment reçoit sa.son partenaire, c’est déjà de l’érotisme.

Toute une aventure sensuelle. Toute une attention. Toute une rencontre.


Je vous renvoie à "Sur la Route de Madison" et l'émoi de Francesca quand Robert la frôle par mégarde en ouvrant la boîte-à-gants dans la voiture. Je vous jure, dans cette simple scène, est dit notre humanité et notre potentiel ultra-sensoriel ! Un homme l'a filmé, alors ...


<iframe src="https://player.allocine.fr/18744567.html"> </iframe> <br> <a rel="noopener noreferrer" href="https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=12994.html">Sur la route de Madison</a> <br> <a href="https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18744567&amp;cfilm=12994.html">Sur la route de Madison Bande-annonce VO</a>



C’est vers cette qualité-là de rapports - être attentives et attentifs - que nous devrions mettre nos forces. Car il s’agit bien de revoir nos copies. Ne plus se conforter aux schémas qui nous tranquillisent quand nous avons tout coché, mais nous insécurisent quand il y a un loupé.


Et si nous acceptions de commencer à raconter tout haut et avec lyrisme des scènes d’amour qui se concentrent sur autre chose que "ça vient ou pas cet orgasme ?! " et qui n'aboutissent pas nécessairement à une éjaculation - ( y en a qui lève les yeux au ciel, je vous ai vu ! ), pour rappeler que la normalité ne devrait pas être la performance, ni cette finalité, et que cela n’invalide en rien la relation qu’on entretient avec quelqu’un.e ?


__________

Si ces sujets vous intéressent, je vous invite à consulter le compte de @tomaspiet_ qui aborde entre autre

et qui invite aussi à considérer le sexe comme une activité comme une autre pour lever les pressions.


Les livre de :

Maïa Mazaurette : Sortir du trou, lever la tête,

et La chair est triste hélas, d'Ovidie qui parlent de tout cela bien mieux que moi.


Janvier 2024





























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Commentaires (2)

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Jackie H verif

Jackie H il y a 1 jour

Lors d'une interview, en parlant de son ultra-célèbre "Je t'aime, moi non plus", Serge Gainsbourg relevait que peu de gens s'étaient jamais arrêtés sur le vers qui dit que "l'amour physique est sans issue", alors que pour lui c'était justement le plus important : la mise en exergue d'un aller-retour qui ne va nulle part...

Allez savoir pourquoi, c'est justement le moment que j'ai toujours apprécié dans cette chanson... peut-être parce que je n'ai jamais cru au sexe sans amour, sans sentiments et sans tendresse, et que je n'y ai jamais vu que de l'exploitation ?

(bon, l'éducation a joué là-dedans aussi, c'est un fait, mais ce n'est pas toujours un mal ni pour la mauvaise cause 🙂)

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Aline Gendre verif

Aline Gendre il y a 22 heures

Bonjour Jackie.

Merci pour votre analyse.

Je ne me prononcerai pas sur les sentiments. Je crois que tout peut se vivre si c'est avec respect et consentement.
Quoique ... vous avez raison, sans tendresse, franchement, c'est juste une performance.

Ce que je voulais dire c'est que je crois que beaucoup pense être tendres et super cool avec leur partenaire, alors que c'est juste de la jouissance simultanée. ( dans le meilleur des cas ;-)).

On nous a mis entre les mains un manuel scolaire genré. C'est volontaire.
Et avec le porno, ce n'est pas prêt d'être remis en question.

Et c'est bien dommage, parce que faire l'amour vaut bien un voyage sur la lune.

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