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Groggy par la vie.
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Groggy par la vie.
Photo : @cherishthemomentart - Écrit de début février, fini cette nuit : rien d'intéressant, juste le besoin depuis des jours de trouver la force de me délester.
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Je voudrais parler. Je voudrais écrire. Mais la vérité, c'est qu'au plus mal, tu ne peux plus.
( Si je finis cet écrit ce soir, c'est que j'ai tenu. )
Mais depuis le vendredi 31 janvier, la déchirure s'est réamorcée.
Je n'en peux plus de devoir faire "comme si", de devoir hocher la tête devant le "C'est la vie" qui te renvoie dans les cordes de ton ring où tu n'as plus qu'à te débattre toute seule.
Je ne sais pas comment la décrire cette douleur qui enfle. Mais j'ai fait ça pour tout le reste, lors de mes apocalypses, pour baliser le chemin et me cautériser à la fin.
Cet épanchement créatif, je l'ai beaucoup fait sur Insta.
Le problème, c'est que je ne sais plus qui je suis censée montrer.
Si je peux encore me livrer ... être moi-même.
Je mets tout en oeuvre pour obtenir un emploi à la fin d'une certification. Je n’existais pas dans la « vie active » ( entendre : rémunérée ), il y a quelques mois. Inexistante, depuis 17 ans !
Cette année est déterminante. Je DOIS trouver un emploi.
Alors un cercle professionnel commence à pointer son nez sur mes réseaux. C'est ce qu’on m’a appris pour mettre toutes les chances de mon côté.
Sauf que ...
Puis-je encore parler de mes failles, quand je dois me montrer "capable de tout assumer » ?
Puis-je parler de mon passé, alors qu'il risque d'enlever toutes mes chances d'un futur sécurisé ?
Il y a une quinzaine de jours, j'ai archivé toutes mes photos et les créations qui m'avaient tant aidé à traverser le cancer de mon sein. J'en étais si fière.
Mais des allusions ont plané récemment en milieu professionnel et je n'ai pas su quoi en faire. J'ai paniqué.
J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps - c’est le cas de le dire - en effaçant cette période. J’ai effacé les preuves de ma plus belle force pour me protéger. J’ai fait ce choix pour ne plus me projeter sur ce que cela impliquerait dans le tête d’un.e recruteur.euse.
Qu’on me laisse une chance !
Et puis vendredi 31, la vie m'a flanquée un nouveau coup.
Un épisode en trop qui me fait monter les larmes comme une enfant mal-aimée. Je sais bien que le déséquilibre de la balance vient de ce mal-amour.
Je me suis crue chérie pendant une partie de ma vie, pour réaliser que c'était ce que j'offrais qui l'était. Je n'ai pas été aimée pour qui j’étais.
"Aimez-vous ! Aime-toi ! ", t'enjoint-on alors comme à une Indiana Jones en capacité de substituer une bourse d’amour d'un tiers par celle d’un potentiel amour de soi.
Je ne sais pas si j'en suis capable. Ma mère n’en a pas été capable.
Ça laisse forcement des doutes. Une forme de lassitude, d'"à quoi bon ?". D’abandon.
Mais pour "eux", j'essaie. J'essaie au moins d'être douce avec moi-même. Pour tenir sur le long terme. Être là pour ne pas déserter mon rôle, ne pas les affliger après la destruction soudaine du foyer par leur père.
Mais je fais face à trop de croche-pieds pour me relever. Pourquoi me relever si je ne peux espérer avancer un tant soit peu avec légèreté ?
L’un de ces croches-pieds foutrement violent : une hystéroscopie "légère" - acte de suivi qui devra être annuel si je ne me décide pas à tout enlever - syndrome de Lynch oblige :
"Avec simple anesthésie locale, pas toujours efficiente mais vous aurez un casque de réalité virtuelle".
Je m'étais préparée : anxiolitique, dédramatisation de la situation, et auto-suggestion : « Je vais y arriver ».
Sauf que, le jour J, pas même de tentative d’anésthésie locale !
Alors, je mise tout sur « la virée sous les aurores boréales », et j’y crois ! C’est beau, ces sapins, cette neige, ce ciel …
Sauf que, très vite, je vis une dissociation entre ce que je vois et ce que je ressens. Au point de me fondre avec les poignets du siège et de songer : « Je vais m’évanouir … »
Je dis plusieurs fois ma souffrance. On me répond de tenir pour ne pas avoir fait tout ce chemin pour rien.
Qu’auriez-vous fait ? Je tiens.
Impuissance devant la douleur pour la bonne cause, je te hais !
Comment peut-on encore en être là technologiquement au XXIème siècle ?!
On me dira quand même, devant mes larmes : « Ce n’est pas de votre faute … C’est votre utérus »
Oui, je sais, mon utérus est rabougri, clos et je n’ai qu’à choisir la facilité de tout enlever ! Mais je ne suis pas prête à créer d’autres trous dans mon corps, que mes chairs voudront combler de cordes et adhérences - des maux avec lesquels je vis déjà tous les jours dans mon buste !
Ça valait le coup, n’est-ce pas, hein : tout va bien. Au point que la prochaine fois, l’imagerie sera peut-être suffisante … Sauf que je repars avec l'impression de n'être rien et l'envie de mourir.
Je ressors, tremblante, assommée, choquée.
Heureusement, un ami est là pour me réceptionner. Je vais dormir plusieurs heures. Je ne veux plus me réveiller. Mais, mes enfants comptent sur moi …
Alors je me relève. Mais j’ai tellement mal dans mon âme.
À quoi bon ? À quoi bon se heurter à autant d’épreuves s’il n’est la promesse de rien de bon, demain, dans un mois, dans un an ?
Je suis un bon petit soldat. Le père des enfants y trouve carrément son compte, puisqu’il me délègue de force la garde à 70 % et toutes les emmerdes qui vont avec ! Après tout, il verse une pension alimentaire pour ça. Grand manitou donner argent.
Mais ce n’est pas assez ! Après avoir eu le beurre - sa liberté de mouvements -, et le cul de la crémière - sa petite collègue, ( maîtresse rentrée dans le guinness des records pour avoir été choisie à la vitesse de l’éclair, une fois l’adultère découvert, alors que je l’enjoignais à réparer notre couple ( coconne à l’oeuvre jusqu’au bout ... ) ) - , il se dit qu’il pourrait récupérer un peu de l’argent du beurre de manière rétroactive !
Il se sent lésé, Pauvre Daddy Grugé par la dette à la mère de ses enfants, qui lui a permis de conquérir le monde tandis qu’elle restait à la maison ! Et s’appuie sur des textes de loi !
Heu « fidélité », « … dans la maladie » était aussi inscrit dans le texte que tu avais signé, procédurier de mes encore deux seins !
Mais la justice s’en fout. Il faut être le plus harangueur ou le plus sournois pour obtenir gains de cause. J’avance donc pour le moment certains frais pour les enfants, dont il bloque, en juge domestique, le remboursement. J’ai payé mon avocate mais le blocus demeure …
J’ai soigné la chatte pour 400 € à Noël et il a décliné la moitié de la note en estimant que c’était de l’acharnement thérapeutique, mais il m’écrit que les enfants sont soucieux de sa santé ! C’est-à-dire ? Prends soins de tout le monde mais oublie-moi quand il s’agit d’assurer mes responsabilités ?
Entre autre … Que d'énergie perdue pour un égo qui veut se prouver pouvoir bander toute sa vie ...
Je veux éteindre ma colère mais il me met sans arrêt le nez dans la boue et il faudrait que j’avance comme si de rien n’était ?!
Je lutte. Je ne fais que ça. Je suis usée …
Pas une semaine sans que je me vautre. Pas une semaine où mon corps vieillissant me rappelle que cela ne va pas s'arranger.
Cette semaine, infection urinaire à la suite de l’hystéroscopie. Jonglerie dans l’emploi du temps pour partir à l’hôpital et finir par rentrer dans l’indifférence total d’enfants pour qui les jeux vidéos sont prioritaires.
Ce soir-là, ils ont mangé sans moi.
Quoi, ça aussi, je l’ai loupé ? Mais s’ils n’ont pas appris à faire attention aux autres, alors que je leur montrais l’exemple, c’est donc que je suis insignifiante aussi pour eux ?
Est-ce que j’existe seulement pour quelqu’un.e ? !
Heureusement, j’avais rendez-vous avec ma psy. Elle est toute jeune. On ne se voit pas depuis longtemps. On se teste encore.
Cette fois, elle m’a réceptionnée en lambeaux. Élans suicidaires logés dans mes entrailles.
Quand ça fait trop mal, on veut sortir de soi, quelqu’en soit la manière …
Mais mes larmes se sont calmées à une évocation que je ne peux qu’accueillir car elle est vraie. Même si elle me laisse pantoise, alors que je le dis souvent à la fanfaronnade : « J’ai beaucoup d’ami.e.s ! ».
« Si vous cherchez du sens, des repères, voyez : ce qui ne bouge pas dans votre vie, ce sont vos ami.e.s. Les années passent, et elles et ils sont toujours là, pour vous, pour vos valeurs. Pour Aline. »
Je ne comprends pas : comment, pourquoi … C’est quelque chose qui m’effraie. Pourquoi les gens restent ? Est-ce qu’ils ne risquent pas de partir brutalement, eux aussi ? Si je fais quelque chose qui ne faut pas ... Si je ne suis pas assez bien ... Je suis si fatiguée, si amère, vont-ils se lasser ?
Elle m’a dit aussi :
« Vous ne faites rien de mal, rien de grave. Ne vous jugez pas. Donnez-vous le droit à l’erreur. Laissez-vous tranquille. »
Oui. Si c'est possible, commencer par ça. Me laisser tranquille.
Ce soir, c'est loupé. Mais demain, peut-être … Oui, demain.
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Jackie H il y a 3 jours
Oui, cette impression qu'on fait tout à l'envers et que dans sa vie, tout va à l'envers, quoi qu'on essaie et quoi qu'on fasse. Pénible...
Je n'ose même pas vous dire "Courage", c'en est presque indécent...
Mais je vous dis quand même "Felicitations". Pour avoir tenu. Pour avoir réussi à finir votre texte. Pour ne pas avoir cédé à l'appel du vide... qui était pourtant bien puissant...
Pour être encore là parmi nous 👍🏻
Aline Gendre il y a 3 jours
Merci, Jackie. Vos attentions ne sont jamais indécentes. Vous cherchez toujours à vous mettre à la place de la personne sans émettre d’avis tout fait.
Et puis, c’est chouette de vous croiser la nuit dans les couloirs de Pano.
Jackie H il y a 3 jours
De rien, Aline... Merci à vous aussi 🙏🏻