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Une dernière pensée.

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Publié le 12 juin 2024 Mis à jour le 19 nov. 2024 Santé
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Une dernière pensée.

 

Trois. Puis deux. Puis encore deux  mmm… mmma mmmaïe ! ….

« Ça va, Madame ?

- Mmm... mmm … mmmouimmnon … » 

Maltraitantes mammographies : même si ce n'est pas de sa faute,  la technicienne adorable se décompose de plus en plus. Parce que, comme de bien entendu, on ne voit pas assez bien les calcifications logées profondément, sous la cicatrice.

Puis, 15 minutes à patienter, seule dans une pièce en transit … 

Enfin, la radiologue, qui a redemandé cliché sur cliché et a pris le temps de les examiner, apparaît pour faire l’échographie :

« Oui, c’est bien ça :  il y en a un peu plus, ( de ces fameuses calcifications)   - … mais on se revoit dans 6 mois, alors … » 

Elle sourit.

Alors ? ... Alors : quoi ? !!!

Hein, comme de bien entendu, ce serait trop simple de repartir pour une fois avec un avis tranché : « Vous n’avez plus rien : tout va bien » !

C’est comme repartir estampillée «  A passée le contrôle technique », mais que le garagiste vous ait soufflé à l’oreille :  «  Vous savez, pour cette anomalie de roulement … Bin, p’t’-être que ça va tenir bon des années … Ou alors, p’t’être qu’un jour, ça va se coincer : et Bing ! L’accident fatal ! Mais, on en reparle la prochaine fois ! »

Allez, roule, ma poule !

 

Je m’étais dopée aux protéines de toutes sortes dès le matin, mais à 15h30, en plein suspens et solitude intense, j’ai l’os à moelle friable. Si je pleure, je vais devenir une marre de glaise. Alors je commence à pianoter ces mots sur mon téléphone.

 

Ce soir, je retrouve comme tous les soirs, 10 jours sur 14, mes garçons.

Pourtant, je n’ai qu’une envie : c’est de démissionner de mon rôle d’adulte référente, pour régresser foetus. Me mettre sous une couette, et baver de tout mon saoul devant un film mielleux … Léviter en semi-conscience dans une ouate bon enfant.  

Ce sont vraiment les soirs comme ceux-ci, quand je rentre après une journée énergivore, qu’être au moins deux - une équipe -, ça me manque.  

Quelqu’un pour prendre le relais auprès des enfants, parce que même s’ils sont grands, j’aimerais ne pas les charger de ça :

de ce résidu d’angoisse qui se lit sur mon visage, après avoir traversé un chantier en ruines, jalonné de pancartes avertissant d’un danger évident : « Risque de chutes ».

 

 

 

                                                                                             Tellement pas envie de leur faire perdre plus leur insouciance … 

Je ne suis pas allée me coucher. J'ai réussi à bidouiller mon humeur comme j’ai pu. Pas de solutions glorieuses ... Mais je leur ai fait des pommes de terre sautées parce qu'ils en raffolent. J'ai géré.  

 

 

                                                                     

 

                                                      La veille, le matin, la solitude avait frappé bien plus fort. 

J’aime être seule. Et, en général, cela ne m’effraie pas. Mais encore une fois, j’ai réalisé ce que cela voulait dire être seule, ET malade et/ou vieillissante. Je me suis réveillée avec l’index engoncé de sang qui avait stagné. J’avais dormi sur ma main droite. 

 

Grosse piqure de rappel de la thrombose de l’an dernier ! Je ne peux plus plier mon doigt qui me fait mal. Ce ne sont pas de vulgaires « fourmis » qui finissent par passer à force de mouvements. Là, je pleure vraiment de peur et de désespoir. Je ne sais pas à qui en référer. Je tente un appel aux kinés qui ne me rappelleront pas. 

Heureusement, j’ai des réserves d’anti-coagulants. Il en faudra 2 le matin et 2 le soir, pour que mon doigt redevienne totalement normal. Je passe la journée tant bien que mal. 

Le lendemain, ma kiné me rassure : il ne peut pas y avoir de caillot au doigt. 

J’ai géré. 

Je gère. 

De ces deux derniers jours, ne conserver que cette dernière pensée. 

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

                                                                                                         11 juin 2024 

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Commentaires (6)

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Maivan il y a 6 mois

Je découvre votre témoignage, très émouvant.

Porter seul(e) un quotidien plus ou moins compliqué, vaille que vaille et coûte que coûte, ça donne parfois l'envie de se recroqueviller sur soi-même en effet.

Je vous envoie du courage, beaucoup d'amitié et je vous souhaite le meilleur, du fond du coeur :-)

Maivan

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Jean-Christophe Mojard il y a 6 mois

Un texte poignant, étourdissant. Les photos, sublimes, en noir et blanc, apportent une profondeur supplémentaire, s'il en fallait, à ce témoignage bouleversant. L'envers du décors, le travail en coulisse, toute l'étendue aride du chemin déjà traversé que tant de gens prennent pour un sentier forestier longeant une rivière poissonneuse. Sots, si vous saviez.
Mais désormais, vous savez.

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Aline Gendre il y a 6 mois

Encore une fois, merci de votre lecture, Jean-Christophe. De votre retour. de votre partage.

Je consolide encore un peu mes murs et passerai plus souvent la tête par la fenêtre pour saluer le.s voisin.e.s., j'espère prochainement.

Pour ce qui est de la thématique d'aujourd'hui, Panodyssey prend le relais d'un blog qui a existé "Lullabybyebye", où je témoignais de ce parcours, et donnais aussi des nouvelles à mes proches en temps de Covid.

J'aimerais dire que ce temps est derrière moi. Mais il est inscrit sur et en moi. Et lors de ces rdv, il prend à nouveau toute la place.

Mais mon super pouvoir : c'est que moi aussi je peux écrire dessus ! ;-)

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Jean-Christophe Mojard il y a 6 mois

L'écriture est un super pouvoir. Elle ne promet pas l'impossible, mais elle y contribue.

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Jackie H il y a 6 mois

L'écriture est médicament et thérapie, heureusement !

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