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Dénaturation des mots, dévoiement des concepts

Dénaturation des mots, dévoiement des concepts

Publié le 31 mars 2020 Mis à jour le 29 sept. 2020 Politique
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Dénaturation des mots, dévoiement des concepts

Le vacarme socio-médiatique que nous subissons - et nourrissons ! - à l'époque actuelle, où tout un chacun se croit obligé de porter un jugement sur tout et à tout propos, y compris sur les sujets qu'il ne maitrise pas, a amplifié un phénomène dont les conséquences sont ravageuses : la dénaturation des mots, la perte de sens des concepts. Ceci existait certes bien avant la période contemporaine, mais la société ultra-connectée d'aujourd'hui a intensifié ce travers et l'a rendue quasi incontrôlable et en tout cas difficilement combattable. Or, pervertir le sens des mots, c'est le plus souvent les édulcorer, banaliser le caractère de gravité de certains d'entre eux et c'est là que réside la perversité de cet acte.
Le mouvement de contestation des 'Gilets jaunes' a donné l'occasion de subir un florilège ahurissant de ces altérations de sens... même si ce n'est pas la seule manifestation négative que l'on peut attribuer à cette agitation pas si spontanée que certains ont voulu nous en convaincre. Ainsi, j'ai pu lire à maintes reprises sur les réseaux sociaux de masse comme Twitter et Facebook, que le pouvoir représenté par Macron était... une dictature ! Rien que ça... Pour avoir exprimé à diverses reprises combien ce président de la République française, son exécutif de transfuges de la vraie droite et de la fausse gauche ainsi que de centristes en perpétuelle situation de balancier, relayés par une Assemblée nationale à majorité béni-oui-oui, combien donc ces composantes d'un régime ont mis en place un système économiquement et socialement inique et des dispositions ou lois qui sont les plus liberticides de toutes ces dernières décennies... je ne peux être soupçonné de bienveillance à son égard.
Mais je ne dirai ni n'écrirai jamais qu'il s'agit d'une dictature... car c'est évidemment une outrance invraisemblable. Il ne vient semble-t-il pas à l'esprit des personnes qui tiennent ce genre de propos qu'ils ne pourraient pas exprimer une opinion telle que celle-là... s'ils vivaient dans un régime dictatorial. Mais dans ce monde de la démesure qui est surtout celui de n'admettre d'avis recevable que le sien, on n'est pas à ce genre de "détail" près. Souhaitons-leur - souhaitons-nous ! - de ne pas avoir un jour à connaître ce qu'est réellement un pouvoir totalitaire... avec lequel ils n'auraient guère d'opportunité de se répandre en pareilles inepties !
Un autre mot - hors expressions publiques liées au 'Gilets jaunes', je me dois de le préciser... - est l'objet depuis maintenant fort longtemps d'une altération, pour ne pas dire d'une falsification, d'autant plus insupportable qu'il renvoie à des événements effroyables, à ce que le genre humain est capable de pire, je veux parler du terme de génocide. Bien qu'il puisse être délicat, surtout dans le cas d'espèce, de donner une définition précise d'un vocable ou d'un concept, j'en resterais à une définition juridique formulée ainsi : "un génocide est l'anéantissement ou l'effort d'anéantissement d'un groupe humain, en raison de sa "race", de son appartenance ethnique, de sa nationalité ou de sa religion, dans le but de le faire disparaître totalement et ce au nom d'un principe raciste ou d'une conception idéologique de ce  groupe..." En corrélation avec la difficulté de formuler une définition précise et complète de cet acte, la communauté internationale a eu un certain mal à déterminer ce qui relevait du génocide, ou bien des crimes de guerre, des crimes contre l'humanité ou des massacres de masse. 
N'ayant pas, à mon modeste niveau, ce genre de soucis "sémantico"-diplomatiques à gérer, je ne crois pas heurter beaucoup de consciences en disant que le terme de génocide est applicable bien évidemment à ceux perpétrés par les nazis à l'encontre des Juifs d'Europe et des Tziganes, mais aussi celui antérieur de l'Empire allemand envers les Hereros et les Namas de Namibie, celui des Arméniens et des Assyriens par les régimes ottomans, celui des Tutsis du Rwanda par les extrémistes Hutus, celui que l'on peut qualifier "d'auto-génocide" qui fut le fait du régime Khmer rouge au Cambodge, celui des populations musulmanes par les nationalistes serbes en Bosnie-Herzégovine... Sauf à ce que des décisions juridico-politiques en décident un jour autrement, toutes les autres tueries commis dans un passé récent relèvent de crimes de guerre ou crimes contre l'humanité ou de massacres de masse... ce qui n'en fait aucunement des actes moins épouvantables !


Les abertzale pas immunisés...

Le monde abertzale (autonomistes/indépendantistes basques) que j'ai la prétention de connaître un peu, n'a pas été exempt de ces dévoiements conceptuels. Ainsi certains analystes à l'emporte-pièce n'hésitent pas à qualifier l'oppression des Palestiniens par les gouvernements israéliens successifs et les massacres régulièrement perpétrés en ces lieux de "génocide", alors qu'il s'agit de crimes de guerre ou de crimes contre l'humanité... pas moins monstrueux et dénoncables au demeurant.
J'ai le souvenir aussi que la gauche abertzale inféodée à ETA a eu qualifié la politique de négations des droits basques et de répression implacable des organisations légales de cette tendance ... de politique d'apartheid ! Je ne saurais leur souhaiter d'avoir vécu ce qu'était ce régime politique infâme qui a sévi si longtemps en Afrique du Sud, pour mesurer toute la différence même avec une situation oppressive dans ce que l'on peut légitimement traiter de démocratie très formelle...  Je me souviens aussi avec honte et dégoût de cette affiche, à mettre également au passif de ce milieu totalitaire, où l'on voyait une silhouette jeter une croix gammée dans une poubelle... pour symboliser le caractère indubitablement antidémocratique des gouvernements espagnols de l'époque (décennies 1990-2000). La croix gammée... figuration du mal absolu pour vilipender un régime certes arbitraire, héritier en droite ligne du franquisme, utilisant dans ses officines policières cette abomination qu'est la torture, mais couvert par des formes de fonctionnement démocratique, tel que les processus électoraux.
Alors, je conclurai en disant que pour prétendre dénoncer ce qui est inacceptable chez autrui, il faudrait bien commencer par balayer devant sa porte... 

 

Allande SOCARROS 

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