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Ligiko zübüa (le pont de Licq) Conte basque de la province de Soule

Ligiko zübüa (le pont de Licq) Conte basque de la province de Soule

Publié le 1 juin 2020 Mis à jour le 1 juin 2020 Culture
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Ligiko zübüa (le pont de Licq) Conte basque de la province de Soule

 

Pour changer un peu de registre et montrer que je m'intéresse à bien d'autres choses que la politique, avec les réflexions qu'elle m'inspire, je propose cette fois-ci à celles et ceux qui me font l'amitié de me lire.. un conte basque !

Celui-ci provient de la province de Soule - Züberoa, en langue basque - la plus petite (750 km2) et la moins peuplée (14.000 habitants) des sept provinces basques, mais dotée en revanche d'une grande vivacité et singularité culturelle.

Le conte suivant a pour personnages principaux, les Lamiñak, petits lutins de la mythologie basque, spécialisés dans la construction d'ouvrages et résidant à proximité des cours d'eau.

Je retranscris d'abord ce conte intitulé : Ligiko zübüa (le pont de Licq) en langue basque dialecte souletin, reconnaissable au premier coup d'oeil par la présence du phonème "ü" qui se prononce comme le "u" français, contrairement au "u" basque qui se prononce "ou"... tout le monde suit ? En Soule, nous avons les deux phonèmes : "ü" et "u" et en sommes, à juste titre, fiers !

À la suite du texte en basque, je donne sa traduction en français.

La photographie que je mets en illustration du texte représente le pont de Licq, tel qu'il est aujourd'hui encore.

 

LIGIKO ZÜBÜA

Ligikoek bazüen aspaldian zübü baten beharrünea: bena ihor ere ez zen atrebitzen lan hari lotzera, günea basa eta gaitz zelakoz.

Behin batez, haatik, beren artean igaran züen behar züela zübüa Lamiñer eginarazi. Deitü zütüen, arren, herriala eta erran beren ezinbestea. Lamiñek hitzeman zeien zübüa eginen züela harri lantüz, biharamen gaüan, oilarrak kantatü beno lehen, bena galto eginen zeienaren pean.

Ligiar batek erran zeien: "Zeren galto ziradee ?" Eta Lamiñek arrapostü: "Ligiko neskatiletarik ederrena nahi dügü, zübü egitearen sari."

Nahi bada, bihotz min handia emaiten zeien neskatila eder baten galtzeak; halere honartü züen Ligiarrek Lamiñen galtoa. Hizartü bezala, Lamiñak hasi ziren biharamen gaüan. 

Güziek dakien bezala, neskatila ederrek badüe lekü orotan arrakasta. Ligiko harek ere bazüan bere maite korte egilea. Maite hura, beitzakian zer zabilan, joan zen, erran delako gaüan, Lamiñen lankiaren kantüala. Ikusten zütüan, latzeriareki, denbora erdi gabe lana bertan ürrentzera züela.

Han zen so, igitü gabe, izerdi hotz batek hartürik, zer egin ez jakinean, noiz eta zerbait gogoala jin beitzeion.

Joan zen oilautegi bati bürüz, emeki hanko borta zabaltü, eta hantik bere esküez jo züan bizpalaur zafla, oilarrak kantatü beno lehen hegalez joiten dütüanak bezala. Oilarra, ordüan, iratzarri jauzi bateki, ustez arauz beranta zen, eta hain sarri egin züan: "kükürükü !"

Ordü zen. Lamiñak azken harria altxatzekotan ziren. Bena entzün züenean oilarraren kantorea eitzi züen erortera harria huran behera, eta herots handi bateki tarrapataka ezkapi, oihüz zioelarik : "Dela maradikatü, bere kantorea tenorea gabe eman düan oilar hori !"

Geroztik, dioie zaharrek, ez harri urtuki hura, ez besterik, ez dü ihork ere, hütsüne hartan, ekürarazi ahal ükhen.

Beste gisaz kontatzen düe zonbaitek.

Lehenago, Ligiko zaharrek zübü bat ez ziroien egin ühaitzean. Zübü hura egin nahi züen günean baziren hirur Lamiña, Gillen deitzen hirurak. Erran zeien Ligiko gizon bati, haiek eginen zeiela harrizko zübü bat, Jondane Johane mezpera gaüan, nahi bazeien eman bere arima saritako. Eta hitzean baratü gizona.

Erran den gaüan, hirur Gillenek inkantatü zütüen oilarrak oro eta gero hasi ziren lanean, algarri zioelarik, harrien emaitean: "To, Gillen!"  Indak, Gillen!" Harzak, Gillen!" Zübüaren ürrentzeko azken harria esküan züen, noiz eta oilo koroka baten petik, arraultze küsküa hautserik, txitxa batek "kükürükü!" egin beitzüan... Ordüan, hiru Gillenek erran züen: "Adio gure saria!"

Eta urtuki züen azken harria ühaitzealat. Geroztik, harri bat ments ümen dü zübü harek.

 

LE PONT DE LICQ (DIT "PONT DES LAMIÑAK)

Les habitants (du village) de Licq avaient grand besoin d'un pont, mais personne ne s'aventurait à entamer ce chantier tant l'endroit était périlleux et difficile d'accès.

Après en avoir discuté entre eux, les villageois conclurent qu'il fallait demander aux Lamiñak (petits lutins constructeurs de la mythologie basque) de réaliser ce travail. Aussitôt dit, aussitôt fait : ils firent appel aux Lamiñak et leur exposèrent leur problème. Les Lamiñak acceptèrent, en promettant que le pont en pierre de taille serait achevé durant la prochaine nuit, et ce avant que le coq ne chante... Mais, ils émirent une condition...

Un habitant du village demanda alors : "mais quelle est donc cette condition ?" Et les Lamiñak de répondre : "nous voulons que vous nous fassiez cadeau de la plus jolie fille du village !"

Bien que cela leur fasse deuil de perdre une jolie jeune fille, les villageois acceptèrent le marché proposé par les Lamiñak. Comme convenu, donc, les Lamiñak s'attelèrent à la tâche dès le lendemain soir.

Mais, comme on peut s'en douter, les jolies filles ont en tout lieu des prétendants. Et celle de Licq, promise au Lamiñak, avait bien sûr son amoureux attitré. Celui-ci, mis au courant du marché conclu, s'en alla discrètement voir où en étaient les Lamiñak dans leurs oeuvres. Le coeur lourd, il ne put que constater que la construction du pont allait bon train et que le travail serait promptement terminé.

Il était là, tremblant d'une sueur glacée, à regarder les Lamiñak s'activer, quand il lui vint une idée... 

Il se rendit dans un poulailler tout proche, en ouvrit doucement la porte, et frappa fortement dans ses mains, imitant le bruit que fait un coq en battant des ailes, juste avant de chanter. Le coq du poulailler se réveilla alors en sursaut, croyant avoir laissé passer le point du jour, et il se mit immédiatement à pousser son "Cocorico !"

Il n'était que temps... Il ne restait plus alors aux Lamiñak qu'à poser la dernière pierre. Mais, en entendant le chant du coq, ils laissèrent, de surprise, tomber cette pierre dans l'eau, et ils s'échappèrent en toute hâte en vociférant : "maudit soit ce coq qui s'est mis à chanter avant l'heure !" 

Depuis lors, les vieux disent que personne n'a jamais pu faire tenir cette pierre manquante à l'endroit prévu...

Il existe une autre version de ce conte.

À l'endroit souhaité par les vieux sages de Licq pour y construire un pont, vivaient trois Lamiñak (lutins constructeurs)... tous trois appelés Gillen ! Avertis du souhait qu'avaient les habitants de faire construire un pont à l'endroit où eux-mêmes vivaient, ils proposèrent à l'un des habitants du village le marché suivant : ils allaient ériger le pont, la veille au soir de la Saint-Jean... si lui-même consentait à leur faire cadeau de son âme ! Le marché fut conclu. 

Le soir dit, les trois Gillen jettérent un maléfice pour qu'aucun des coqs du village n'ait idée de commencer à chanter avant le point du jour et ils se mirent au travail. En se passant les pierres, ils anonaient : "Tiens, prends donc, Gillen ! Passes-la-moi, Gillen ! Mets là en place, Gillen !" 

C'est ainsi qu'arriva le moment de placer la dernière pierre. Mais juste à cet instant-là, d'un oeuf qu'était en train de couver une poule, un poussin s'extirpa... et se mit à pousser un "Cocorico !". Et les trois Gillen de s'exclamer, dépités : "adieu notre récompense !" Ils jetèrent alors cette dernière pierre dans l'eau.

Depuis lors, on dit qu'il manque toujours une pierre à ce pont. 

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