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Le dernier Romantique

Le dernier Romantique

Publié le 15 juil. 2024 Mis à jour le 17 juil. 2024 Poésie et chanson
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Le dernier Romantique

                         

Dis-moi sainte Anne, toi qui demeures

sur ton vieux socle de pierre,

dis-moi, si même l’amour se meurt,

que reste-t-il de bon sur Terre ?

Si toutes les peines de ce monde

nous tombent dessus depuis les cieux,

si tout est fait, dans ce bas monde,

pour nous faire pisser des yeux.

Je lui ai donné rendez-vous,

là, juste à tes pieds granit,

le corps impuissant sous les coups

de ce cœur qui palpite.

Je l'ai attendue sans mot dire,

sans même un regard aux passants,

je l’ai attendue, mais bien sûr,

aujourd'hui encore je l'attends

puisque Madame à mieux à faire,

qu'elle s’en fout de m’laisser seul

avec ma cravate de travers,

et ce bouquet de fleurs qui fait la gueule.

Mais moi je l'aime c'est évident,

et qu’est-ce qu'elle est belle, putain !

Elle est mon ciel, mon océan,

elle est ma flamme, mon jardin.

 

Alors dis-moi, toi, la sainte Anne,

toi qui es femme au cœur de pierre,

suis-je donc le seul assez malade

pour croire qu’on peut encore sur Terre

aimer plus que de raison,

aimer plus loin que l'horizon,

aimer à en crever d'amour,

aimer jusqu'à la fin des jours ?

Faut croire que tout ça ne vaut plus rien,

puisque le romantisme est mort,

que l’eau de rose laisse sa place

aux liqueurs les plus dégueulasses.

De beautés artificielles,

de corps sculptés par le scalpel,

aux tapineuses virtuelles,

sur des trottoirs audiovisuels…

Mais au milieu de ce néant

qui engloutit les princesses,

il y a cette femme, tu sais sainte Anne,

celle qui me fait monter tristesse.

Celle que j'attends le cœur en peine,

comme d'autres attendaient avant moi

les Marie, les Madeleine,

qui bien sûr ne venaient pas.

 

Combien de temps dis-moi sainte Anne,

dois-je rester là, immobile,

telle une statue sous ta stature,

moi, le petit gamin fragile ?

Voilà ce qu’elle a fait de moi,

un cœur chétif, une carpette.

Là, sur les marches des cent pas,

que l’amour crève la gueule ouverte !

Dis-moi sainte Anne, dis quelque chose,

épargne-moi donc ton silence,

je n’ai guère besoin d’overdose,

j’ai eu ma dose de ses absences.

Dois-je l’attendre un jour de plus,

assis sur les marches de la butte ?

Ou bien gueuler ma déconvenue,

hurler que la vie n’est qu’une pute ?

Allez dis-moi, toi, la Sainte Anne,

t’as dû en voir pisser des yeux,

adossés à ton piédestal,

les cœurs brisés des amoureux.

Que faut-il faire lorsque l’amour

n'est pas sentiment réciproque ?

Puisque l'amour, le vrai amour,

n’existe plus à notre époque.

 

Je ne suis pas un mauvais garçon,

un peu idiot, un peu rêveur.

Je n’ai pour elle que la passion

et ces quelques piètres fleurs.

Et je l’attends depuis des lustres

sous une statue liturgique,

moi qui ne crois pas aux Cieux,

moi le dernier romantique…

Car moi je l’aime, c’est évident,

et qu’est-ce qu’elle est belle putain !

Elle est mon ciel, mon océan,

elle est ma flamme, mon jardin…

mais elle se moque de tout cela,

Madame a toujours mieux à faire

que d’venir voir ce pauvre gars

qui lui promet la terre entière.

Puisque le temps toujours l’emporte,

et que mon amour est morte,

autant partir et l’oublier,

mourir d’avoir trop aimé.

Toi la sainte Anne,

toi qui demeures le doigt tendu vers le fleuve,

puisses-tu veiller sur tous ces cœurs

qui espèrent autant qu’ils le peuvent.

 

Tu sais ma grande, l’indifférence

qui se dessine sur ton sourire,

me montre bien qu’à l’évidence,

tu te délectes de m’voir souffrir.

Toi la vieille sainte, toi ma pauvre Anne,

tu n’es pas si différente

de cette femme qui me rend malade,

de cette femme qui me tourmente.

Dis-moi, si même l’amour succombe

à ton dédain, à ta froideur,

est-ce que toutes les peines du monde

te laissent de marbre, te laissent sans cœur ?

Et si mes yeux pissent des litres,

sache que l’envie me monte aussi

de souiller ton socle granit

d’une offense des plus gratuites.

Dans ton petit cœur de pierre,

n’oublie jamais, toi, la pauvresse,

qu’ici tout est éphémère,

même l’euphorie devient tristesse.

Tant que tu le peux, fait la belle,

car un jour tu ne seras plus.

Puisqu’ici rien n’est éternel,

ni les bouquets,

ni les statues.

 

Auteur, compositeur, interprète, guitare/piano et montage vidéo : Oren le conteur

Texte à retrouver dans "Nous n'irons plus voir la mer"

Dossier "Nous n'irons plus voir la mer"

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Commentaires (4)

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Oren Le Conteur il y a 3 mois

qui sait! Va savoir quand tu sais pas...
merci pour tes mots Aline

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Aline Gendre il y a 3 mois

Allez, dis-moi Sainte-Anne : on l'a notre gagnant du concours Mélodie des mots !

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Aline Gendre il y a 3 mois

Avais-tu le choix ?😇​ ...
😏​
bin, franchement, c'est super que tu aies suivi ce conseil parce que peu importe le résultat, c'est l'occasion de rappeler que tu es ces textes d'une maturité sensible qui donnent juste envie de ne plus bouger pour ne rien en perdre.
Mais aussi cette voix - reconnaissable et dont on ne se lasse -, ces mélodies. Et même ces visuels ! Tu fais voyager dans un univers total, et cela fait de toi un artiste unique.
Qui sait : peut-être un double-album en 2025 ?

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