Le soir du jour de fête
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Le soir du jour de fête
Une autre nuit blanche peut-être.
Comme la lune dont les rayons percent les travers d'un rideau sombre.
Il pense à ce muscle qui est apparu depuis, et à cette lente et grasse matinée sans personne à l’étage. Et à l’ennui que cette douceur avait fait naître.
Il pense à sortir dans cette ville froide et pierreuse où les clochers l’appellent. Mais aux coins de rues médiévales c’est à la nature qu’il en veut. S’enfuir. Disparaître. Cela l’a beaucoup travaillé. Surtout les matins de brume, quand l’hiver froid perle sur les feuilles presque gelées. Ou parfois les soirs d’orages – s’enfuir, s’enfuir dans l’ombre des rues qui ruissellent.
Et le soir il se regarde longtemps au miroir, tout nu, ou juste en chaussettes. Il pense à ce Jardin imparfait où toutes les plantes avaient une légère souffrance. Il voudrait revoir ce cimetière, y déterrer quelque corps et s’asseoir à jouer le mort, nu, avec une fleur sur la poitrine. Rouge, de préférence. Quoiqu’une blanche serait belle aussi. Oui, une blanche serait parfaite.
Il pense aussi à visiter Naples, voir si le sud lui réserve une douceur de plus que le nord. Voir si les larmes y peuvent couler librement ou s’évaporent dans le Vésuve. Comme celles qu’on laisse au cinéma quand les lumières s’allument.
Et petit à petit c’est la mer qui l’appelle. Sans arbres et sans fleurs. Il veut sentir le sable froid de l’hiver sur ses pieds mauves et rayés. Il voudrait entendre ses pas résonner sur un de ses passages de bois qui mènent aux plages. Un escalier blanc, ensablé. Il voudrait voir un soleil se coucher sur l’eau, dans un ciel imparfait.
Et finalement le revoici, c’est le muscle.
Il s’imagine qu’elle reviendra, cette femme, qui pleurait sur son épaule un soir de jour de fête. Il espère qu’elle a déjà fermé les yeux, c’est plus simple pour penser.
Une autre nuit blanche peut-être.