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La vie entre parenthèses

La vie entre parenthèses

Publié le 14 avr. 2020 Mis à jour le 29 sept. 2020 Curiosités
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La vie entre parenthèses

Ce qui frappe en tout premier lieu, c'est ce silence assourdissant ! Comme si un couvercle gigantesque avait été posé sur la cité, la coupant de tout l'environnement bruyant habituel des sociétés modernes. Plus d'échos de conversations, plus d'éclats de voix, de rires d'enfants, plus de bruit de voitures ou de quelconque activité humaine... Le silence anormal, incompréhensible, oppressant. Pas le silence absolu néanmoins, car on entend enfin le chant des oiseaux, de certains d'entre eux en tout cas, ceux qui ont réchappé à l'hécatombe engendrée par nos épandages de pesticides ou nos actes de destruction de la nature, et aussi des aboiements de chiens dont on se passerait plus facilement...

L'humanité s'est figée d'un seul coup, et sans y avoir été vraiment préparée, dans un repli domiciliaire ; les rues, les places, les parcs, les endroits de promenades se sont vidés de toute présence humaine, les lieux de rencontres sociales, les bureaux, les entreprises, les commerces ont fermé boutique, la vie a été mise en parenthèse...

Et de nos fenêtres où, pour les mieux lotis, de nos balcons ou de nos terrasses, nous nous étonnons d'apercevoir de temps en temps une ou autres personnes qui passe tel un fantome dans ce désert spacial où régne un silence morbide.

Le confinement décrété pour ralentir d'abord et arrêter ensuite l'expansion de la pandémie du Covid-19 est une situation absolument inédite à laquelle nos sociétés contemporaines ne sont absolument pas adaptées. Il a fallu s'y astreindre du jour au lendemain, sans la moindre mise en train, sans même avoir imaginé que cela pouvait survenir. On peut y voir là, au mieux une certaine insouciance dans nos façons de vivre, plus sûrement une inconscience de la fragilité de nos modèles sociaux/sociétaux, une irresponsabilité individuelle et collective dans nos comportements, un aveuglement devant le type de développement socio-économique dont nous sommes tous, chacun à notre niveau, acteurs, une déresponsabilisation au profit de dirigeants politiques qui, dans leur entre-soi, mettent en oeuvre des politiques néfastes au plus grand nombre.

Pandémie de stupidités

La situation de crise, non seulement sanitaire mais plus largement sociétale, que nous traversons aujourd'hui pourrait être donc propice à la remise en question de ce qui a été fait jusqu'à maintenant, à l'imagination d'un monde meilleur pour l'après-pandémie. Or, si l'on s'en tenait à l'image que renvoient les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, il y aurait de quoi être consterné devant le niveau lamentable des réactions qui s'y déversent sans retenue aucune. Dans cet autre entre-soi, la démagogie la plus crasse s'exprime, se nourrit de toutes les outrances, boit jusqu'à plus soif aux sources de toutes les fausses informations, accorde crédit aux théories complotistes les plus loufoques, se satisfait de toutes les approximations, verse dans toutes les caricatures. Ainsi, sur cette seule question de la pandémie et des mesures qu'auraient pu ou dû prendre les gouvernants, on a assisté à un effarant florilège d'ignorance, de rancoeurs, de frustrations, de peurs. On pouvait aussi constater que les quelques centaines ou milliers de révolutionnaires de clavier, devenus par leur seule grâce les Saint-Just de l'internet se découvraient tout à la fois : gouvernants, spécialistes des questions de productions industrielles, épidémiologistes, virologues, thérapeutes... que sais-je encore ?!

La liberté d'expression est une des libertés fondamentales qui fondent les démocraties et il n'est évidemment pas dans mon propos de vouloir la remettre en question de quelque façon que ce soit. Il me semble toutefois que ceux qui en profitent le plus, et sans se mettre aucune limite, ce sont les idiots patentés quand il ne s'agit pas d'imbéciles carabinés... tout au moins dans le microcosme des réseaux sociaux. Car, à l'échelle des populations, considérées en leur ensemble, il faut bien se dire que c'est une minorité de minorité qui apparaît ainsi sur le devant de la scène et qui s'accapare éhontément le statut d'opinion publique, en donnant l'impression erronée de refléter une majorité.

Repenser et construire l'après

Il faudra donc faire en sorte que l'intelligence, la connaissance des problèmes, l'argumentation sérieuse, le débat contradictoire et le respect des opinions autres - pour peu qu'elles ne soient pas extrémistes -, investissent davantage ces vecteurs d'opinion. Il ne faudrait pas en effet que la situation que nous subissons aujourd'hui se traduise par un abêtissement de la pensée qui ne permettra en aucune façon de repenser le monde d'après. De le repenser et de se donner les moyens d'aller dans d'autres directions que celles où nous conduisent les politiques "néo"-libérales, dont les responsabilités ne souffrent aucun doute dans la catastrophe que nous connaissons actuellement. L'affaiblissement méthodique du secteur de la santé publique, les délocalisations au nom de la mondialisation économique de secteurs de production essentiels, le détricotage de la protection sociale et des acquis sociaux, le démantèlement de pans entiers de services publics au profit d'intérêts privés... tout cela et d'autres méfaits encore du capitalisme financiarisé devront être remis entièrement en question. Pour que nos vies ne soient plus jamais mises entre parenthèses !

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