Chapitre 15
Sur Panodyssey, tu peux lire 30 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 29 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Chapitre 15
Ce premier dîner avec lui se passe extrêmement bien. Nous rions presque sans arrêt. Rick a énormément de conversation. Il s’intéresse à tout et a une culture qui m’impressionne. Forcément, nous parlons longuement de poisson et des mammifères marins. Le second sujet qui alimente notre repas ce sont les livres. Il a terminé celui qu’il lisait et a commencé le premier Amélie Nothomb la veille. Il me dit aimer ce premier aperçu de l’auteur. Que l’histoire l’intéresse. Il se pose déjà beaucoup de questions au sujet de l’intrigue. Et ça me plait qu’il soit enthousiasmé par la lecture. Comme si j’avais réussi une grande mission. Un défi personnel que je venais de remporter.
Ensuite nous parlons de son travail, des documentaires qu’il édite. Il s’intéresse particulièrement à la nature, à la faune et la flore. Aux animaux en tout genre, de la fourmi à l’éléphant en passant par l’ornithorynque. Il travaille dans sa nouvelle maison d’édition depuis presque un an. Contrairement à celle où il était avant, un grand groupe où la pression était incessante, maintenant il a un rythme bien plus raisonnable. Il ne fait plus de travail à la chaine. Il peut prendre le temps de détailler chaque proposition pour faire correctement son travail. Ce n’est plus bâclé. Il ne ressent plus de frustration à l’idée d’avoir loupé un projet qui méritait d’être accepté mais qu’il aura refoulé, faute de temps pour se faire une vraie opinion.
— Et en dehors de la lecture et des poissons. Tu as d’autres loisirs ou centre d’intérêts ?
— Hmm… réfléchit Rick en croisant ses bras. J’aime bien cuisiner. De temps en temps. Mais il ne faut pas que ce soit trop long ni trop complexe. Je suis loin d’être un grand chef. Mais je maitrise plutôt bien le hachis parmentier végétarien et celui à la patate douce. Et je ne te parle pas de ma tarte au citron. Parait que c’est la meilleure de tout Paris. En sachant que la personne qui m’a donné ce titre n’a gouté que la mienne, donc il faut prendre son appréciation avec des pincettes.
— J’adore la tarte au citron. Enfin les tartes en général. Personnellement je maîtrise la tarte à la myrtille. C’est presque ma spécialité. Mais objectivement je ne cuisine pas trop.
— Je peux venir pour notre ciné-salon avec une tarte au citron pour le goûter.
— Ce serait chouette. Il faut vraiment que l’on se fixe un jour.
— Vendredi ? Samedi ? Dimanche ? Demain je ne suis pas disponible.
— Samedi, ça m’irait très bien. Mais j’apprécierais encore plus de venir chez toi avec mes dvd et une tarte à la myrtille, pour rencontrer en vrai Bubulle, Coco et les autres.
— Mais moi aussi je veux voir Surimi en vrai. Rah…on va devoir se prévoir un deuxième après-midi pour que je vienne chez toi avec la tarte au citron. Ca va finir par rendre nos semaines chargées.
— Et n’oublie pas notre virée au zoo.
— Mes vacances vont passer à toute vitesse à ce rythme-là.
— Et moi qui ne quittais plus mon appartement. Toutes ses sorties vont m’épuiser.
Nous sourions et le serveur vient récupérer nos assiettes de desserts vides. Rick insiste pour payer l’addition, mais je suis dure en affaire et arrive à régler ma part. Lorsque nous marchons à l’extérieur du restaurant, je continue à le questionner.
— Par curiosité, d’où ça vient Alderick-Vince ?
— Ah… fait-il comme s’il était lassé d’entendre cette question. Alderick est un prénom d’origine germanique. Mon grand-père maternel était allemand et disait que s’il avait un fils il le prénommerait Alderick. Il a eu ma mère. Juste elle. Et elle avait toujours dit que si elle avait un fils elle l’appellerait comme ça, en hommage à son père. Vince est un prénom d’origine arabe et latine. Mon père a voyagé à une période pour son travail et il a eu une relation particulière avec un jeune homme qui s’appelait Vince. Cet ami proche est décédé dans un accident de voiture. Alors mon père voulait m’appeler Vince en hommage à son meilleur ami. Aucun de mes parents ne cédaient. Alors ils ont trouvé comme ultime recours, le prénom composé. Et ils ont finalement mis Alderick avant Vince, juste pour respecter l’ordre alphabétique des initiales.
— Quelle histoire ! je m’exclame sans cacher ma surprise. Tout est toujours aussi compliqué avec tes parents ?
— Selon eux, ce sont des gens très simples. Mais effectivement, tout est comme ça, se moque Rick.
— Et tu es fils unique ?
— Ouais, heureusement. Ils auraient encore inventé un prénom composé totalement inédit pour leur deuxième enfant. Par exemple Luc-Maurice. Ou Julie-Caroline. Ils ont beaucoup d’imagination… Et toi quelle est l’origine de Liloo ?
— Ca vient de Liliane, le prénom de ma grand-mère maternelle. Et Louise pour ma grand-mère paternel. Ca a donné Liloo. Ils ont demandé de l’orthographier avec deux O, pour la touche moderne, je précise en faisant des guillemets avec mes doigts.
— Ils ont bien fait. La touche moderne est très efficace.
Il me raccompagne jusqu’à ma voiture et nous échangeons une autre bise pour nous dire au revoir.
— A samedi alors, je dis en m’écartant de lui. Tu m’envoies ton adresse et j’arriverais à l’heure indiquée avec mes dvd et la tarte pour le goûter.
— Ok, ça marche.
Sans réfléchir je me rapproche et lui fait une deuxième bise. Parfois je fais des choses sans comprendre le pourquoi. Il est aussi étonné que moi et sourit en voyant ma tête.
— Et encore merci pour le cactus.
Il fait quelques pas en arrière et je contourne la voiture pour ouvrir la portière et m’asseoir derrière le volant. Chacun fait un geste de la main à l’autre pendant que le moteur de la voiture démarre. Toujours avec un sourire niais je passe à côté de lui pour rentrer chez moi.
Tout juste arrivée, je retire mes bottines et allume la lumière du salon pour aller voir Surimi.
— Surimiiii, je m’écrie en courant presque devant l’aquarium. Regarde ce qu’il m’a offert, t’as vu comme il est beau ? je demande en lui montrant le mini cactus. Et maman revoit tonton Rick samedi ! je dis en trépignant sur place. Je vais aller chez lui faire un ciné-salon. Et j’ai pris plein de potos à l’aquarium. Je vais te montrer tout ça. Et toi ça va mon p’tit chat ? La soirée ne t’a pas paru trop longue ?
Encore avec ma veste sur le dos, je pose mon cadeau sur la table basse et me laisse tomber sur le canapé avec les bras écartés.
— C’était génial. On a vu des raies, je dis en me redressant. Et quand j’irais chez lui, je verrais ses poissons. J’ai hâte !
Il est vingt-trois heures et je n’envoie même pas de message à Aurélie, je l’appelle directement et met mon téléphone sur haut-parleur.
— Ma loulou j’ai cru qu’il t’avait kidnappé ou qu’il t’avait emmené chez lui !
— Pas encore. J’irais chez lui samedi, mais de mon plein gré. Et certainement que je rentrerais chez moi avant la nuit.
— Vous vous revoyez samedi ? Alors ça s’est bien passé ? Raconte-moi tout.
Dans la salle de bain, je défais mes cheveux puis retire ma robe en parlant.
— Nous avons d’abord visité l’aquarium. Je débordais d’émotion en voyant toutes les couleurs des poissons. Comment la nature a-t-elle pu créer des créatures si spectaculaires ? Et mêmes les coraux. J’en ai pris plein les yeux. Et Rick parle tellement bien. Il connait tout. Comment fait-il pour tout connaître ?
— Ah oui ce Rick est un homme extraordinaire, se moque Lili.
— Ca nous a prit bien plus d’une heure de faire tout le tour. Je m’arrêtais devant chaque aquarium pour détailler les poissons, leurs environnements… Ensuite nous avons marché, un peu et on s’est installé à une terrasse. On a d’abord commandé deux virgin mojitos, Rick n’aime pas l’alcool lui non plus. Et durant tout ce temps nous avons parlé, parlé, encore parlé, toujours parlé…
— Vous avez parlé de poisson ?
— Plus ou moins. Tout a commencé lorsque j’ai vu Dory et Némo dans l’aquarium. De là j’ai voulu savoir s’il connaissait le prénom du père de Némo.
— Martin ?
— Marin ! je crie dans le téléphone. Martin, pfff… et il ne s’en souvenait plus. Et j’ai continué à l’interroger. Et lors de l’interrogatoire, j’ai appris qu’il n’avait pas vu le monde de Dory. Tu sais, Dory.
— Oui le poisson bleu amnésique qui cherche ses parents.
— Le poisson chirurgien, je rectifie. Oui c’est bien elle. Et il ne l’a jamais vu ! Comme j’ai trouvé ça scandaleux, pour un aquariophile surtout, je lui ai proposé qu’on le voit ensemble.
— Hmm…
— Nous avons prévu notre ciné-salon et devions choisir le jour. Et de là nous en sommes arrivés à parler de la dépression.
— Heu, de la dépression ? C’est quoi le rapport avec le monde de Dory ? Et puis c’est pas fun comme sujet pour un premier restaurant en futurs amoureux.
— Je lui ai expliqué que j’étais en arrêt maladie pour dépression. D’ailleurs il a fait un burn-out.
— Il t’a raconté des petits bouts de sa vie, c’est génial. Très bon point. Et vous vous êtes encore fait la bise au moins ?
— Ouais, trois fois ! Une fois en nous rejoignant et deux fois avant de rentrer.
— Je ne comprends pas bien.
— C’est qu’un détail, passons… Nous avons donc parlé de dépression. C’était très intéressant. Puis il a commandé une pizza végétarienne. Ah oui j’ai oublié de te dire, il est végétarien et ne mange pas d’œuf. Mais il n’est pas végan. Il est comme moi, il aime trop le fromage. Et il connait les kiris ! je m’excite.
— Loulou, tout le monde connait les kiris…
— Mais il préfère les p’tits louis. Bref, on a mangé nos pizzas, en continuant de parler, encore parler, toujours parler.
— Toujours au sujet des poissons ?
— Au sujet de plein de choses. Oh ! Il m’a aussi offert un cadeau.
— Quoi ? s’écrie Aurélie en montant dans les aigus.
— Un mini cactus. Il est tellement mignon. Je vais le prendre en photo pour te le montrer.
— Un cactus… C’est nul comme cadeau. Pourquoi pas une branche de bambou non plus ?
— Mais tu sais que j’adore les cactus.
— Mouais…j’ai jamais compris ce que tu leurs trouvaient. C’est vraiment moche.
— Tu n’as juste aucun goût. En plus celui qu’il a choisi a vraiment beaucoup de charme.
Avec Aurélie nous discutons longtemps. Elle me raconte son après-midi. Sa stagiaire qu’elle a encore failli étriper plusieurs fois. Le temps qu’elle a mis à joindre l’informaticien pour débloquer son ordinateur que la dite stagiaire avait planté en voulant faire une recherche.
— J’ai perdu une heure et demie ! s’enrage Lili.
— Hmm…
— La prochaine fois, je l’étrangle et si elle n’est pas morte je lui tords le cou. Comme si c’était une poule. Crac boum, s’énerve ma meilleure amie.
— Pense à ne pas laisser de trace. Je n’ai pas envie de t’apporter des oranges en prison.
— Je ferais ça bien et en toute discrétion. Les gens ne s’apercevront de rien. Si ce n’est qu’elle a disparu…
Une fois la discussion terminée, je prends en photo le mini cactus et l’envoie à Aurélie. Dans mon élan, je transmets l’image aussi à ma mère avec un smiley qui sourit.
Lou : Rick m’a offert un cadeau !!
Je me débarbouille dans la salle de bain, devant le miroir tout en fredonnant des musiques que j’aime bien. Mon téléphone m’alerte que j’ai un nouveau message. Maman a reçu la photo.
Maman : Ce Rick s’annonce être un gendre parfait.
Maman : Tu nous le présente quand ?
Lou : Sois patiente ! Pour l’instant c’est juste un bon ami.
Maman : Un bon ami qui t’a offert un cactus.
Maman : La prochaine étape c’est le bouquet de roses rouges.
Je secoue doucement la tête en souriant. Les mamans sont-elles toutes comme ça ? En tout cas voir qu’elle semble accepter l’idée d’avoir un nouveau gendre me rassure. Même si rien ne devait se passer avec Rick, elle n’est plus fermée face à cette possibilité. Elle et Mickaël ne s’étaient jamais vraiment bien entendu. Elle le tolérait, comme elle me disait souvent. Par respect pour moi. La seule chose qui lui a fait de la peine en apprenant notre rupture, c’est de voir l’état dans lequel il m’a mis en m’abandonnant du jour au lendemain.
En enfilant mon pyjama, je pense à ma vie d’il y a encore quelques mois. Lorsque j’étais insouciante. La plus heureuse du monde. Avec des rêves plein la tête et des projets à n’en plus finir. Puis il y a eu ce 4 novembre. Ce restaurant pas loin de chez lui. Il m’a demandé de le rejoindre à dix-neuf heures. J’y suis allée après m’être pomponner pour me sentir la plus belle possible. Surtout que c’était mon anniversaire, j’avais vingt-deux ans. Et ça allait bientôt faire cinq ans que nous formions un couple.
En conduisant jusqu’au restaurant je me demandais s’il allait me demander en mariage. Non pas que je voulais me marier, mais il m’en avait parlé. Il disait qu’il voulait se marier avant d’avoir des enfants. Et durant l’été, quand nous étions partis une semaine dans le Var, le sujet bébé était arrivé tout naturellement. Alors forcément, je me suis imaginée plein de choses. J’ai fini l’été et fait la rentrée sur mon petit nuage. A me demander quand il ferait sa demande. Quand j’allais prendre la décision d’arrêter ma pilule. Dans combien de temps notre couple franchirait une nouvelle étape.
Au restaurant je l’ai attendu, assise sur une banquette en cuir et avec la carte des menus dans les mains. Mickaël était toujours en retard. C’était sa marque de fabrique. Alors quand je l’ai vu pousser la porte à dix-neuf heures zéro trois, je me suis étonnée et ai pensé qu’il était juste impatient de me retrouver. Il s’est assit en face de moi, sans retirer son manteau.
— Tout va bien ? j’avais demandé en trouvant qu’il n’était pas comme d’habitude.
Il me fixait de ses yeux noisette. Son regard que je trouvais charmeur n’était plus tout à fait le même. Comme si la situation était grave. Qu’il s’apprêtait à m’annoncer une mauvaise nouvelle. Comme le jour où il a appris qu’il n’avait pas eu son bac et qu’il a dû le repasser l’année suivante.
— Qu’est-ce qui se passe ? je continuais d’une voix inquiète en me rapprochant pour attraper sa main par-dessus la table.
— Je te quitte.
Ma main cherchait toujours la sienne, alors que sa phrase n’était pas encore totalement arrivée jusqu’à mon cerveau.
— Comment ? je faisais d’une petite voix, persuadée d’avoir mal compris.
— J’ai rencontré quelqu’un d’autre. Ca fait six mois que je la fréquente.
J’ai souris. Ce n’était pourtant pas la réaction la plus appropriée. Mais j’étais tellement convaincue qu’il me faisait une blague que mes lèvres s’étiraient encore plus pour élargir mon sourire.
— Liloo, je suis sérieux, me disait-il en comprenant que je croyais à une plaisanterie.
— Attends, je fais en reculant ma main. Tu as rencontré quelqu’un d’autre il y a six mois ?
— Oui. Et on est bien ensemble. Elle savait que j’étais en couple et aujourd’hui elle m’a demandé de faire un choix. J’ai fait mon choix.
Ses phrases étaient directes. Il prononçait les mots sans douceur, sans essayer de faire passer l’information délicatement. C’est plutôt comme s’il arrachait un pansement sur une plaie à vif.
— Tu as fait ton choix ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
— Je l’ai choisi. Elle.
Mes yeux clignaient comme si j’étais un robot. Ce que je ressentais était semblable à un gros coup sur la tête.
— Mais… pourquoi ? je demandais complètement sonnée.
— C’est plus simple avec elle. Elle est simple. Pas radine comme toi. Et elle est plus grande aussi.
— Plus grande ? je répétais toujours abasourdie. Parce que je ne suis pas assez grande pour toi ?
— Par rapport à moi, tu es petite. Elle est plus grande que toi, donc moins petite par rapport à moi.
Je ne suis pas assez grande par rapport à lui ? Mais qu’est-ce qui me raconte ? Et puis je ne suis pas radine. Enfin, peut-être un peu. Mais la faute à qui ? j’ai pensé intérieurement.
— Et elle veut bien qu’on s’installe ensemble. Contrairement à toi.
Cette excuse-là était-elle celle de trop ? En tout cas elle m’a provoqué une émotion et fait monter les larmes.
— Tu sais très bien pourquoi je ne voulais pas. Alors ne retourne pas la situation en ta faveur, je répondais la gorge nouée.
— Peu importe. Je l’ai choisi et je suis venu te le dire.
— Aujourd’hui, le jour de mon anniversaire. Alors que l’on discute mariage et bébé depuis plusieurs mois. Je m’attendais à une autre annonce de ta part.
— Désolé. Elle m’a mise au pied du mur tout à l’heure. Sinon je te l’aurais annoncé à un autre moment.
— Alors si être ta maîtresse ne l’avait pas gêné tu aurais continué à nous voir toutes les deux pendant des semaines, voire des mois. Super. Je devrais presque la remercier.
— Ne le prends pas comme ça, soupirait Mickaël en levant les yeux.
— Tu veux que je le prenne comment ? Si j’avais un amant et que je te larguais le jour de ton anniversaire, tu le prendrais bien ?
Il haussait les épaules, presque indifférent.
— Bon… je vais y aller du coup.
— Oui, ne reste pas diner avec ton ex. Ca ferait désordre.
Il a soupiré et râlé face à ma réaction qu’il trouvait excessive.
— Excessive ? Tu trouves ma réaction excessive ? je m’écriais en me levant de ma chaise.
— Elle est même disproportionnée. On n’était pas encore marié On a juste abordé le sujet. Et tu n’es pas enceinte non plus. Tu voulais même pas que j’habite chez toi !
Ma main a claqué sur sa joue sans que je prenne conscience de mon geste. Choquée, j’attrapais mon manteau et mon sac pour quitter le restaurant.
Ce soir-là, j’avais repris la voiture et roulé sans prêter attention à la vitesse. Telle une machine j’avais fait le chemin jusqu’à chez mes parents. Grillant quelques feux et stop dans mon sillage. Lorsque ma mère avait ouvert la porte, étonnée que je passe les voir à cette heure, j’étais encore sidérée, aucune larme ne débordait. En une seconde, j’ai craqué et ouvert les vannes. Je m’écroulais dans ses bras en pleurant toutes les larmes de mon corps, craignant de ne plus jamais pouvoir m’arrêter.