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Chapitre 23

Chapitre 23

Publié le 8 mai 2024 Mis à jour le 8 mai 2024 Humour
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Chapitre 23

Réfugiée dans les bras de Rick, je me calme peu à peu alors qu’il a passé un bras autour de mes épaules.

— Ca va ? me demande-t-il après un long moment

— Ca va.

Mais quelle andouille ! Ca y est, je viens de perdre les pédales. Non seulement je me mets à pleurer, mais voilà que j’ai été me mettre dans ses bras. Qu’est-ce qui m’est passé par la tête ?

— Hmm, je fais doucement. Désolée, j’en ai encore un peu gros sur le cœur.

— Non, c’est moi. Je n’aurais pas dû te poser de question.

— Tu n’as rien demandé. C’est moi qui ai commencé, je lui rappelle en souriant. Ma curiosité me perdra.

Je sens qu’il sourit et ne sait pas comment déplacer ses mains. Est-ce qu’il doit me lâcher ? Continuer à me tenir contre lui ? Je devine qu’il est perdu lui aussi et relève la tête.

— Cet été j’avais prévu de faire une formation, pour devenir bibliothécaire. J’espérais passer le concours de sélection l’an prochain. Et puis patatras.

— Patatras ?

— La rupture. La dépression. Les arrêts de travail. Ca a été un énorme plouf. Ou un flop.

— Juste à cause de ce con ?

— Mouais, je réponds d’une voix fatiguée.

— Tu veux être bibliothécaire spécialisée ?

— J’adore le contact avec le public. Conseiller les gens, recommander des livres, organiser des évènements… Ca me fait rêver.

— Alors fais-le, dit Rick sérieusement.

— Ce n’est pas si simple.

— Si, c’est très simple. Tu continues ce que tu as commencé. Tes projets ne sont pas foutus, juste mis en pause. Il ne tient qu’à toi de les reprendre et d’atteindre tes rêves.

— Tu crois vraiment ?

— Mais oui. Ne te pose pas un million de question. Continue ce que tu avais commencé. Reste sur la voie que tu as choisie et qui te plait. Ta vie ne s’est pas arrêtée quand il t’a quitté.

— Un peu quand même…

— Tu es capable de rebondir. Tu as fait une bonne dépression, ça t’a bien bousillé et maintenant tu n’as plus qu’à remonter la pente.

Dis comme ça, ça a l’air tellement facile que j’y crois presque. Mais je sais qu’il n’en est rien.

— Tu n’aimerais pas reprendre ton travail ?

— Si. La bibliothèque me manque, je confie en baissant les yeux. Mais je suis aussi tellement fatiguée.

— Après mon burn out j’ai repris à mi-temps le temps de retrouver mon rythme. Tu pourrais demander à ton médecin de faire un retour progressif toi aussi.

— Mais je ne serais pas avec Surimi si je suis au travail.

J’entends Rick qui pouffe de rire puis il essaye de cacher son amusement. Je tourne la tête vers lui et lui tape sur la cuisse.

— Tu te moque là ?

— Pas du tout.

— Si. Tu te moque !

— Absolument pas.

Je plisse les yeux pour faire mon air menaçant, mais il ne l’impressionne pas beaucoup. Voire, pas du tout.

— Laisse moi te dire deux choses. Premièrement, les poissons vivent très bien sans humain. Tu aimes lui tenir compagnie, c’est ok. Mais si tu passes tes journées dehors, il va survivre et s’occupera tout seul dans son aquarium. Et deuxièmement, tu n’as pas prévu de lui prendre une copine ?

— Mais ça n’a rien à voir. Tarama ne me remplacera jamais dans le cœur de mon p’tit chat.

Rick me regarde et sourit largement sans faire de commentaire.

— Qu’est-ce que j’ai dit ? je l’interroge sans comprendre.

— Tu as appelé ton poisson Surimi et tu prévois d’appeler sa copine Tarama ?

— Oui. C’est original et surtout mignon, non ?

— Mignon… Marrant plutôt. Tu as un sens de l’humour indéniable.

— Je trouve aussi, dis-je en me sentant déjà moins triste. Je lui mets de la musique quand je ne suis pas là. Le chant des baleines ou les bruits des vagues. Tu crois qu’il aimerait la bande originale du grand bleu ?

Et nous revoilà à parler poisson. A croire que c’est notre sujet de prédilection. Et d’en reparler me redonne presque tout de suite le sourire. Rapidement, j’essuie mes larmes avec ma manche. Heureusement que je ne me suis pas maquillé les yeux, j’aurais eu une tête à faire peur.

— Ca va mieux ?

Rick emploie une voix très douce, comme si mon état l’inquiétait réellement. J’acquiesce, en me tapotant doucement sur les joues pour me sortir de ma torpeur.

— Tout va bien, je lui assure. Il est quelle heure avec tout ça ?

Mes yeux regardent ma montre et je vois qu’il est presque vingt-deux heures.

— Bon sang de bon soir, il est déjà aussi tard que ça ? Comment ça a pu passer aussi vite ?

— Tu veux que je te raccompagne ? demande gentiment Rick.

— J’ai ma voiture. Mais c’est gentil de me proposer.

On se relève en même temps du canapé.

— On doit se prévoir un deuxième ciné-salon pour le monde de Dory. Je veux connaitre la suite.

— Oui, avec plaisir. Tu viens chez moi ? je propose déjà excitée à l’idée de le revoir.

— Je suis encore en vacances toute la semaine.

— Ok, alors laisse-moi planifier nos sorties et moments télé, je dis en allant prendre mon portable dans mon sac. Quel jour t’arrange pour aller au zoo ?

— Hum, j’ai le droit de répondre du lundi au dimanche ?

— Un jour préféré pour venir chez moi regarder Dory ?

— Pas avant lundi après-midi. J’ai besoin de citron pour faire la tarte et les magasins sont fermés demain.

— Effectivement.

Je vais sur l’application météo pour jeter un coup d’œil rapide aux prévisions annoncées pour les prochains jours.

— Lundi ils annoncent du beau temps. Environ vingt degrés avec du soleil. C’est l’idéal pour aller au zoo. Pas trop froid, pas trop chaud. Les animaux seront sûrement de sortie.

Rick prend son téléphone aussi, je le vois appuyer sur les touches.

— Donc lundi nous allons au zoo. Et mardi ou mercredi je viens voir Dory, en apportant ma tarte au citron.

Rien que la perspective de le voir deux jours cette semaine me met en joie.

 

Je reste environ deux minutes devant chaque aquarium pour dire au revoir aux poissons.

— Je reviendrais vous voir, si votre papa veut bien.

— Il faut que j’y réfléchisse, fait sembler d’hésiter Rick.

Mon manteau sur le dos, je vais devant la porte pour remettre mes chaussures.

— Bon et à bien, à lundi.

— A lundi, me répond-t-il en souriant.

Je ne sais pas pourquoi, presque comme par réflexe je le prends dans mes bras et lui tapote le haut du dos.

— Merci pour cet après-midi et cette soirée. J’ai passé un merveilleux moment, je chuchote.

— Pareil, me confie Rick à voix basse.

On s’embrasse sur les deux joues et je quitte son appartement avec ses livres dans les bras. Tout juste assise dans ma voiture je souris jusqu’aux oreilles, en me sentant flotter sur un petit nuage.

 

Il est vingt-trois heures et je roule tranquillement jusqu’à chez moi. Puis arrêtée à un feu rouge, je prends l’un des livres sur le siège passager pour en lire le début du résumé. Est-ce qu’il croit que je n’arriverais jamais à lire un de ces thrillers ? Il est mal tombé. J’adore les défis et ne supporte pas de les perdre. Même si je dois avoir des poches sous les yeux à cause des insomnies dû aux angoisses, je lirais les trois livres en entier et même en un temps record !

J’arrive chez moi et je ferme la porte du pieds, les mains prises par les livres.

— Mon p’tit chat maman est de retour ! j’annonce en retirant mes chaussures.

J’enfile mes chaussons à tête de lama et pose les trois polars sur le coin du buffet.

— Ca va bébé chou ? Tu as encore dû trouver le temps long. Mais maman a plein de choses passionnantes à te raconter !

J’amène mon flacon de démaquillant et deux cotons dans le salon et commence à retirer mon maquillage en racontant mon après-midi à Surimi.

— Si tu voyais comme ils sont beaux, j’insiste en parlant de ses poissons. Et son appartement est très agréable. Il ne m’a paru pas très grand, vu que mes parents m’ont presque acheté un château. Mais il est très bien rangé et joliment décoré. Je m’y suis sentie très bien.

J’affiche les photos que j’ai prises des aquariums sur mon téléphone et le plaque contre la vitre de Surimi.

— Comment tu les trouves ? Ils sont beaux, hein ? Mais non pas autant que toi mon p’tit chat, mais ils sont pas mal quand même. En plus l’aquarium de Bubulle et Coco a une décoration asiatique. Il y a une petite statue de bouddha et un petit temple. C’est tellement mignon. Et puis Tonton Rick va me prêter un aquarium, où mettre ta copine avant de te la présenter. C’est cool, hein mon p’tit chat ?

Je retourne dans la salle de bain où je range mon démaquillant et me change pour enfiler mon pyjama.

— J’ai encore plein de choses à te dire, j’enchaine en revenant dans le salon. Tonton Rick m’a défié de lire des livres qui font peur. Mais maman est courageuse. Je ne vais peut-être plus réussir à fermer l’œil, mais je les lirais. Oh tiens, je vais te lire les résumés.

Ma lecture à voix haute des trois résumés achevés, je ne cache pas mon hésitation sur quel livre commencer en premier.

— Enfin je dois terminer le magasin des suicides avant. Mais je devrais l’avoir fini demain. Il ne me reste qu’une trentaine de page.

Je garde encore un peu les livres devant moi. Le premier que je lirais ce sera juste une ombre. Tout en baillant, j’ouvre le couvercle de l’aquarium pour donner quelques granulés à Surimi.

— Allez c’est l’heure d’aller au dodo. Bonne nuit mon p’tit chat.

 

Dimanche 14 avril 2022

Mon réveil était coupé. Pourtant je me réveille comme une fleur avant neuf heures. Je m’étire de tous les côtés dans mon lit et en sort pour descendre saluer mon poisson préféré.

— Bonjour bébé chou, c’est le matin.

J’ouvre les rideaux d’un geste rapide et allume la lumière de l’aquarium comme je le fais tous les jours.

— Bien dormi mon p’tit chat ? Devine de quoi j’ai rêvé… De poissons ! Oui j’étais un poisson clown et je nageais avec toi, Bubulle et Corail. Incroyable. Je suis presque triste de m’être réveillée.

Je pars dans la cuisine où je mets mon bol de chocolat à chauffer et reviens dans le salon.

— Aujourd’hui c’est petit déjeuné à la spiruline.

J’ouvre le flacon des granulés aux algues et lui en donne un petit peu.

— Aujourd’hui, je fais ton…

Le micro-onde sonne. Et je referme le flacon.

— Bébé chou. Maman a oublié quelque chose.

Je fouille dans mon sac à main et prends mon portable. Alors que je veux écrire à Rick, je vois qu’il a été plus rapide que moi.

Rick : Liloo… tu as oublié la pompe…

— Mais quelle cruche, je râle en retournant dans la cuisine. Maman est trop bête, j’ajoute en passant devant l’aquarium.

J’ouvre la porte du micro-onde et sort mon bol. J’ajoute des céréales et pianote sur mon téléphone.

Lou : J’ai pas de tête des fois…

Rick : Tu as aussi oublié les dvd.

Mais ça c’est moins embêtant.

Plus bête que moi, est-ce possible ? Je m’interroge. J’étais tellement perturbée par la tournure qu’a pris la soirée puis à cause ma crise de larmes, qu’un peu plus et j’oubliais carrément mon cerveau chez Rick.

Lou : Si je décale le changement de quelques jours, ça peut le faire ?

Rick : Hmm… Hmm… hmm…

Comment dirais-je…

Lou : Ouais, je vois.

Ca craint du boudin.

Nerveuse, je me mordille les lèvres sans oser envoyer le prochain message. Mais il faut bien que je me dépatouille. Je dois changer l’eau de Surimi.

Lou : A tout hasard…

Je peux passer en coup de vent la récupérer ?

Il va finir par penser que je fais exprès. Que j’ai volontairement oublier la pompe pour le revoir avant le lendemain. Je mâche une nouvelle bouchée de céréales quand il me répond.

Rick : Tu peux.

Ouf ! Je suis soulagée et boit mon chocolat quand un autre message arrive.

Rick : Ou sinon, je peux venir.

Et t’aider à faire ton premier changement d’eau.

 

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