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Les mots sans papiers

Les mots sans papiers

Publié le 28 sept. 2022 Mis à jour le 15 août 2023 Santé
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Les mots sans papiers

Mon asile, mon refuge, mon abri, mon antre, ma tranchée, mon donjon, ma tanière, mon terrier, mon canapé. Plus précisément la ligne d'intersection entre le plan de son assise et celui du dossier, telle une ligne de vie sur un voilier dans la tempête. Je la regarde, aujourd'hui elle mesure moins de deux mètres. Il y a deux jours elle mesurait quatorze milliards années lumière, jusqu'aux confins de l'espace temps. A un bout il y avait ma tête. Une tête d'une masse de 300 000 fois celle du soleil. Un trou noir en somme, d'où rien ne sortait. Mon corps s'étalait sur le reste de la longueur et vivait indépendamment de la tête. Quand une impulsion arrivait à mes orteils, le signal était tellement faible, déformé et usé par le voyage qu'il était inintelligible. Fond diffus cosmologique, neige cathodique pour les arpions.

Dans ma tête, le néant. Le néant est gris. Un gris crasse comme les rues d'une citée minière un soir de dégel. Dans cette gangue boueuse je guettais une pensée salvatrice, même égarée, même courte. Un mot, un seul. Il y en avait un. Il gisait à mes pieds, embourbé comme un oiseau mazouté. Je l'ai serré contre ma poitrine et j'ai couru à la station de lavage. Il était lourd à déplacer. Puis il y en a eu un autre, et encore un. Des mots abandonnés. Sale affaire. Des profondeurs de l'espace la voix de Bowie me donnait du courage : « Ground control to major Tom ... »

Les mots retrouvés étaient encore pâles. Ils avaient peur, ils avaient froid. Ils n'étaient plus très sûrs ni de leur identité, ni de leur intégrité, ni de leur genre. Ces mots sans papiers, encore apatrides et clandestins, s'étaient pour certains regroupés par paires. Presque une pensée. Il y avait : enfants-joie, fatigue, chiens-douceur, fatigue, Bozena-lumière, fatigue, Satie-lenteur … Je revenais à la vie.

 

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Commentaires (2)

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Bernard Ducosson il y a 1 an

Tant que "haine" rimera avec inhumaine, le sang continuera de couler dans nos vaines... pensées de la terrasser...

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