Une suite ?... Soit.
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Une suite ?... Soit.
A la demande expresse de notre compagnon de voyage Jean-Jacques Hubinois. Voici une suite aux « mondes perpendiculaires ». Qu’avons nous appris dans l’épisode précèdent ?
- Que le monde connu se résume à quatre comtés. De gauche à droite : Le comté de Jerk, celui de Samba, puis celui de Waltz et enfin ceux de Java et de Twist. Nous savons qu’à gauche du comté de Jerk il n’y a rien et qu’à droite de celui de Twist on n’en savait rien. En tout cas, un esprit rigoureux aurait pu le deviner.
- Que le narrateur habitait le comté de Samba.
- Que le dessus et le dessous se sont faits la malle.
- Que la monnaie du comté de Samba ressemblait à des câbles électriques. On l’appelle ici « kabel ». Le mot est imprononçable. Par commodité de langage appelons le « câble ».
Le câble n’est pas une monnaie simple à manipuler. Sa sous-unité est le fil. Le câble se décline aussi en bobine. Mais ne correspond à aucun système d’unités connu à ce jour. Le fil, menue monnaie, et lui même difficile à appréhender car sa valeur peut varier en fonction de sa section. La bobine, qui en théorie vaut cent câbles, n’a en pratique pas la même valeur si elle est d’un seul tenant ou faite de fils raboutés. Pas besoin d’être économiste pour comprendre que tout commerce avec les comtés voisins était impossible. Seuls quelques financiers prétendent s’y retrouver. À mon avis ils disent ça pour faire les malins.
De toute manière les habitants de Samba étaient fâchés avec leurs voisins. Toutefois cela ne les empêchait de convoiter le gaz de l’un et les voitures de l’autre. Mais l’un comme l’autre n’acceptaient pas leurs « câbles ».
Les habitants de Samba étaient tellement fâchés avec ceux de Jerk et de ceux Waltz que les voir, même de loin … L’idée même leur était devenue insupportable. Ils restaient donc chez eux. Il aurait pu en être autrement quand le dessus et le dessous existaient encore. Ils auraient pu, par exemple, contourner le comté de Waltz par le haut ou par le bas pour se rendre en celui de Java. Ils ne l’ont jamais fait. Pas besoin ? Pas envie ? Pourquoi faire ? Ne pas savoir permet de croire et c’est de loin ce que les habitants de Samba préféraient.
Ainsi, ils croient dur comme fer que les habitants de Java aimaient à se vêtir de camisoles faites en peaux de grenouilles teintes en jaune qu’ils appelaient gilets. Et qu’ainsi déguisés ils envahissaient l’herbe des ronds-points jusqu’à la transformer en boue. Et que, dès qu’ils avaient fait suffisamment de boue ils se mettaient à crier des insultes à l’encontre de leur souverain. Ils racontent même qu’ils ont coupé la tête à l’un d’eux. Ils prétendent que quand il n’y avait pas assez de ronds-points, ou pas assez de boue, les habitants de Java vêtus de leur gilets en peaux de grenouilles allaient dans les villes pour y brûler des voitures, des poubelles et même des bars-tabac. Comment un esprit équilibré pourrait-il croire à de telles inepties ? Et bien je vous assure, cher lecteur, qu’il y des gens tellement dérangés à Samba qu’ils y croient mordicus.
Depuis que le dessus et le dessous se sont carapatés dans un univers perpendiculaire. Le monde connu ressemblerait à une demi-droite selon les cosmologistes qui pensent qu’il n’y a pas de limite à droite, ou à un segment de droite pour ceux qui pensent qu’il est limité aux deux bouts. Les deux camps s’accordent cependant pour dire que, selon toute probabilité, il devrait y avoir (dans une autre galaxie peut être) un monde parallèle et inversé qu’ils nomment « demi-gauche » pour les uns et « segment de gauche » pour les autres.
Là où le débat fait rage c’est sur l’influence de la gravité sur notre demi-droite. Pour plus de clarté admettons que lorsque je parle de « demi-droite » j’y inclus aussi la notion de « segment de droite ». Cette convention étant établie, continuons.
La gravité courbe-t-elle notre demi-droite ? Telle est la question. Si oui notre droite serait donc courbe. Et pour la « demi-gauche », qu’en serait-il ? La demi-gauche subirait l’antigravité. Ceux qui pensent que l’antigravité courbe la demi-gauche dans l’autre sens se trompent. Elle agirait de sorte à empêcher justement la demi-gauche de se courber, soit en tirant très fort dessus pour que la demi-gauche reste bien droite, soit en la comprimant. Et c’est là que ça coince. Si l'antigravité comprimait notre demi-gauche, elle la réduirait en un point. Un point noir en somme.
Photo d’entête : J&B Ziemniak
site internet : jb-photographies.net