CHRONIQUE D'UN HABITANT DU 4ème
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CHRONIQUE D'UN HABITANT DU 4ème
Je me souviens de ma joie, le 5 novembre 2024, lorsque nous avons été libérés du flot de véhicules qui n’avaient rien à faire chez nous.
Mais c’est à partir de cette date que cela a commencé à merder…
Un certain nombre d’habitants des arrondissements concernés, s’est rendu compte que nombre de personnes se baladaient chez eux, en ayant garé leurs véhicules tout au long des voies.
Ces stationnements intempestifs interdisaient aux cyclos de cycler et aux piétons de piéter en toute tranquillité.
Ils imposaient aux mêmes de faire un détour pour traverser les avenues ou de circuler librement sur la chaussée pour éviter les trottinettes sur les trottoirs.
Et lorsque ces citoyens interrogeaient légitimement, ces envahisseurs sans scrupule quant à la légitimité de leur présence, ils entendaient régulièrement la question en réponse : « Qui t’es toi ? T’es de la police ? »
Que fait donc la police ?
Ces habitants agressés par l’irrespect de ces ouvriers et commerçants nomades, s’adressèrent donc à leurs élus écologistes, pour exiger un meilleur contrôle.
Lorsque, au bout de quelques semaines, nous en avons eu assez d’être contrôlés, sans arrêt, pour vérifier si nous avions bien le droit d’être sur place, l’idée se fit jour, de créer un système de badges à 2 voies accompagné de boites de contrôle à distance.
Le chef de service de la sécurité, accompagné de sa collègue, chef de service de la circulation sur la zone protégée, se rendirent en voyage d’étude sur différents sites aux USA.
L'objet était de confronter les expériences et d'étudier les procédures mises en place dans les zones touristiques de ce pays.
Vous conviendrez que Paris est particulièrement touristique et visitée.
Après plusieurs semaines de déplacement éprouvant, le chef du service circulation décida, en accord avec son collègue sécurité, de s’adresser à une entreprise qu’elle connaissait, capable de fabriquer les badges émetteurs/récepteurs.
Il fallait, évidemment, que les autorisations permanentes ou provisoires puissent être mises en mémoire et/ou effacées.
Les policiers municipaux furent équipés des boitiers de contrôle, qui déclenchaient une alarme en cas d’absence d’autorisation dans un rayon de 2 mètres.
Malheureusement le nombre de policiers était largement insuffisant pour couvrir l’ensemble de la surface de défense écologique.
L’entreprise déposa les brevets pour un boitier fixe, que l’on installait sur les façades et les éclairages publics, avec un système de transmission au centre de contrôle dédié, créé pour l’occasion par une entreprise de télécommunication.
Outre les boitiers, elle fournit et programma les algorithmes nécessaires et s’engagea à installer, si le besoin se faisait sentir, les caméras qu’elle avait conçues, pour compléter notre protection.
En cas d’infraction, il suffisait d’envoyer une équipe pour remettre l’amende et expulser le contrevenant. Les caméras furent rapîdement installées.
Mais malgré une volonté réelle de protéger la zone, les autres activités de la police municipale ne pouvaient lui permettre de se consacrer exclusivement à cette action participant de la lutte contre les pollutions et le réchauffement climatique.
Le monsieur sécurité, grâce à l’appui des maires des 4 arrondissements, obtint de pouvoir créer une police écologique territoriale spécialisée qui circulerait sur ces 4 arrondissements.
Pour lutter contre la délinquance, il faut une présence sur le terrain importante et ce 24/24. C'est pourquoi, nous avons subi un long délai de mise en place, du fait du recrutement important.
Le chef de service de l’équipement, choisit, avec lui, l’entreprise qui se chargerait de créer et de fournir les uniformes, suffisamment distinctifs et seyants pour l’image de marque de la ville.
Bien entendu, le vert fut choisi comme couleur. Un vert un peu sombre, pour garantir un certain classicisme.
Il faut reconnaitre que nous fûmes tous réjouis de la qualité et de l’esthétique de ces tenues. En particulier, les bottes noires montantes, apportant une touche de charme et d’autorité à ceux qui les arboraient.
Il trouva également la société concessionnaire d’une marque automobile, dont il était client, cette expérience validant ainsi son choix, pour fournir les véhicules électriques de cette police.
Là encore, Malgré la meilleure volonté du monde et l'énergis déployée par les personnels des mairies concernées, tout ne se passe pas toujours parfaitement...
Après quelques pannes de décharge électrique et l’impossibilité subséquente de se rendre rapidement sur les lieux des infractions, il fut décidé d’augmenter les effectifs de cette police spécialisée, pour pouvoir intervenir partout en moins de 2 minutes et que les délinquants écologiques ne puissent plus échapper à la sanction.
Tout cela avait un coût qui, grâce à une négociation ardue mais efficace avec la région, obtint son financement par une taxe de quelques centimes sur les billets de transports et un péage à chaque porte de la cité.
Pour une fois que l’argent public était bien utilisé, les habitants retrouvèrent le sourire.
Cependant, cette satisfaction ne fut que de courte durée.
En effet, malgré une présence rassurante, la police ne pouvait empêcher totalement la pénétration des clandestins de la voirie qui traversaient la zone, sans aucun respect pour l’arrêté municipal et pour la sécurité des habitants.
Il y eut, en outre, un certain nombre d’accidents et d’atteintes corporelles de piétons qui ne pouvaient pas piéter librement sur les avenues, et qui, du fait du silence des véhicules électriques, ne survécurent pas à certaines rencontres avec les véhicules…
Les cyclos voulant cycler s’associèrent aux piétons voulant piéter dans le mouvement de défense des riverains.
Il fut, donc, heureusement, décidé par la mairie de sanctuariser le Bd du Palais, le Bd Sébastopol, les quais sur berge, la rue St Antoine dans le prolongement de la rue de Rivoli, la rue Richelieu et le Bd Henri IV.
On installa toutes les barrières nécessaires et les portiques piétons à l'entrée de toutes ces voies.
Enfin, un peu de protection, de sécurité et de respiration, se dirent les bons citoyens qui, eux respectaient les règles.
Bien sûr, il y eu quelques mauvais coucheurs qui renaclaient à se faire suivre par tous ces portiques, caméras et autres agent de la PETS.
Il est évident que si ces personnes refusaient d'être vues, c'est qu'elles avaient quelque chose à cacher, n'est-ce pas ?
Les véhicules de la mairie, ceux des élus et autres occupants de logements de fonction furent exemptés du contrôle personnalisés en bénéficiant d'un boitier anonyme et furent autorisés à s’engager sur ces voies dorénavant sanctuarisées.
Mais les Français sont tels qu’il y eut, là encore, des excès.
Les envahisseurs se prêtaient les badges et circulaient sans vergogne chez nous !
Il fallait, à chaque fois, vérifier l’identité des personnes utilisatrices et la correspondance avec le badge.
Il est heureux que les habitants furent rapidement auxiliaires et portèrent à la connaissance de la PETS la présence de personnes inconnues aux fins de faciliter le contrôle.
Malgré cette aide précieuse, la police dédiée ne pouvait suivre et assurer la totalité de ce contrôle indispensable.
Certains habitants, plus futés que nous, proposèrent de s’adresser à un fabricant de puces implantées, pour fournir et implanter à ceux qui souhaitaient se simplifier la vie, une puce validant les autorisations.
Inutile ensuite de subir les contrôles et autres tracasseries, puisque la PETS disposait du boitier de contrôle à distance.
Cette puce, pourraient, en outre, comporter d’autres fonctions, à la demande de l'implanté, comme le paiement des transports publics, l’accès à des salles de spectacle et musées, les informations de santé, de vaccination, ou encore servir de clef pour l’ouverture de leur immeuble et de leur appartement.
Cette idée fit florès et obtint un tel succès médiatique que le projet fut lancé en quelques semaines.
Environ 36% des habitants vinrent, avec leurs enfants, dans les centres d’implantation, purent ainsi profiter d'un droit de circuler librement sur l’ensemble de la zone.
Il faut dire que la possibilité d’intégrer toutes sortes de services et fonctions dans ces puces apportait une intense satisfaction et une immense simplification de la vie courante.
D'ailleurs l'attente était telle que les compagnies d’aviation, les chaines d’hôtels et les loueurs de véhicules furent parmi les premiers à fournir leurs programmes.
J’avoue que je fis partie des premiers à me faire implanter et à investir dans l’accès à mon appartement. Je ressentais une sécurité accrue et bienvenue.
Après un peu plus d’un an, l’ensemble des habitants et nombre d’intervenants extérieurs, sans compter tous les provinciaux qui voulaient bénéficier des services indispensables liés à cet appareil, reçurent leur sésame. L'implantation était parfaitement indolore et totalement invisible.
Il faut préciser que les boitiers et les portiques installés peu à peu, sur l’ensemble du secteur, comportaient un enregistrement des passages. Cela permis d'assurer une sécurité accrue, en inquiétant suffisamment les délinquants éventuels.
Le monde ne s'en portait que mieux.
Les politiques et les « hauts » fonctionnaires, qui étaient parfois amenés à se déplacer discrètement pour certaines rencontres et négociations, ne pouvaient se permettre de prendre le risque d'être enregistrés. Ils bénéficièrent là aussi de badges anonymes.
Leurs proches ne pouvaient pas plus être implantés pour des raisons évidentes de sécurité.
Bien entendu, ils ne manquèrent pas de regretter de ne pouvoir bénéficier des avantages et facilités liées à cet appareil.
Mais que voulez-vous, les fonctions de responsabilités imposent des sacrifices.
Mais un jour, un jour décisif, je commençais à avoir un doute, très léger, mais un doute quand même, lorsque Roger-Philippe décéda brutalement d’une crise cardiaque alors qu’il venait d’avoir 36 ans.
Notez que pour des raisons évidentes de respect et de discrétion, tous les noms, prénoms et adresses qui pourraient suivre, sont modifiés.
Son décès, quoique surprenant pour quelqu’un qui prenait soin de sa santé et de son corps, n’aurait pas suffi, s’il n’y avait eu le décès pour les mêmes causes, de mon autre ami, Henri.
Ce dernier était un bon sportif, sans aucun des vices qui me concernaient.
J'eus, comme quelques uns, la chance de lire un post avant qu’il ne soit retiré du réseau pour incitation à la haine et fake news et que, d’après ce que j’en sais, son auteur soit arrêté, qui sous-entendait que les puces en étaient à l’origine. Ce post listait un certain nombre de décès…
Je ne sais si des algorithmes avaient été mis en oeuvre mais plus aucun post aussi explicite ne parut ensuite.
Mais certains autres posts, que la formulation rendait beaucoup moins sensibles à la censure, transmettaient le même message.
Ces posts ne restaient, cependant, jamais accessibles plus d’une ou 2 heures. Mais les discussions, face à face, se multipliaient.
La mairie sortit pourtant une étude qui démontrait que ces décès entraient dans les statistiques et qu’il ne s’agissait que d’une vision orientée par des complotistes. Il n'y avait aucun risque et les puces permettaient d'assurer le bien-être et la sécurité des habitants.
Rien n’y faisait.
Le doute s’était installé et un chercheur réussit à extraire la puce de son poignet. Il « l’autopsia » et découvrit qu’à l’intérieur était installée une sorte de micro-capsule.
C’est lorsqu’il l’ouvrit qu’il tomba gravement malade. Son collègue au labo, réussit à le sauver grâce à la promptitude des secours et expliqua à ses proches ce qui s’était passé.
J’appris tout cela, des mois après, et malgré mes relations, je ne sus jamais ce qu’étaient devenus les 2 chercheurs.
Mais un certain nombre de citoyens, dont je me flatte de faire partie de leur cercle, finirent par découvrir, en étudiant les puces extraites de leurs organismes, qu’un défaut de fabrication, une fissure en l’espèce, touchait les capsules.
La Mairie adressa un message à un certain nombre de porteurs sains, pour qu'ils puissent bénéficier de la toute dernière puce et remplaça, à mon avis, les puces défectueuses et tueuses.
La substance était inconnue, mais les expériences sur les animaux de laboratoire, pratiquées en province, démontrèrent sa létalité, à 100% en cas d’injection.
Les initiateurs de ces tests, ayant dû s’extraire les puces, ne revinrent jamais en ville. Je le sais grâce à un proche qui m’en informa en me chargeant de la vente de son bien immobilier.
Un électronicien de haut niveau, fut à même d’analyser les circuits de la puce et réussit à déchiffrer l’algorithme déclencheur de l’ouverture de la puce.
Nous fûmes finalement assez nombreux à bénéficier de cette découverte et à pouvoir bloquer ce programme. Mais le risque d’intoxication persistait, par sa seule présence dans l’organisme…
Cependant, nous ne pouvions faire extraire cette puce sans être définitivement hors la société, si nous voulions rester sur place.
Nous organisions, sous le prétexte d’activités sportives, autorisant de nombreux déplacements, des réunions régulières pour regrouper nos informations.
L’un de nos partenaires décéda d’un crise cardiaque le jour de ses 65 ans.
Plusieurs membres de notre association officiellement sportive furent suffisamment atteints par la paranoïa pour prendre la décision de quitter la ville, juste avant cet anniversaire.
Lorsque certains d’entre nous furent appelés au poste de sécurité écologique et que ceux qui ne répondirent pas furent embarqués, nous décidèrent, presque tous, de faire extraire nos espions corporels.
Le médecin adhérent qui pratiquait cette intervention dut cesser son activité professionnelle, sur condamnation du Conseil de l’ordre.
Je crois qu’il est parti en Ouganda ou au Kenya pour devenir flying doctor.
Je dois préciser que les voisins du médecin, lorsqu’ils virent débarquer les 12 membres de la police écologique chez le praticien s’empressèrent de leur indiquer où était son épouse.
Nous avions, heureusement prévu le coup et elle était déjà à l’abri dans son avion, en vol vers son époux.
Les deux infirmiers qui lui ont succédé ont pu fuir, juste à temps grâce à l’un des nôtres intégré au sein de la police écologique.
Ils ont rejoint le médecin, en réussissant à emmener leurs familles.
Depuis, la police écologique a obtenu le pouvoir de saisir la PAF et peut ainsi interdire tout départ de ces dangereux criminels…
Je dois dire que depuis que je ne porte plus la puce, je vis plus ou moins et plutôt plus, caché.
Je ne peux circuler sans le risque d’une dénonciation, puisque dorénavant, chaque passage devant un boitier ou un portique déclenche une diode rouge.
Comme la mairie prend en charge les consommations de la terrasse du café où sont installés ceux qui font œuvre de citoyenneté, le risque est grand que ces collaborateurs de la PETS, que nous nommons entre nous, les tiques, soient en permanence en communication avec cette police écologique.
C’est d’ailleurs le cas, comme je viens de l’apprendre, puisqu’un certain nombre de testeurs ont été choisis pour vérifier le bon fonctionnement de ce réseau de communication…
Depuis plusieurs mois, les décès se sont multipliés et très souvent en pleine nuit et généralement dans les appartements.
Les services sanitaires interviennent discrètement mais notre réseau obtient les informations et les stocke sur un réseau que nous avons conçu, dans un cloud des serveurs multiples dont nous disposons au Kenya et en différents pays d’Amérique du sud.
Bien entendu, les pays indiqués le sont faussement mais ces indications donnent une idée des capacités de notre organisation et de sa volonté de lutte.
Je ne suis pas au fait des lieux exacts, pour éviter tout risque de fuite.
J’espère que l'un des exemplaires de mon texte sera découvert par quelqu’un de bien intentionné et qu’il le publiera pour lutter contre cette dictature qui est devenue nationale.
Note de l’éditeur : L’un des membres du réseau à réussi à sortir ce document de la prison de haute sécurité où est mort Jacques, il y a 25 jours, lors d’une émeute, parait-il, pendant laquelle un autre membre l’aurait poignardé avant d’être abattu par les gardiens.
Ne pouvant publier normalement cette chronique posthume, nous vous sollicitons pour la faire circuler et connaitre.
Autour de vous, il y a sans doute quelques résistants et seule votre volonté pourra permettre de survivre aux 65 ans pour ceux qui n’ont pu ou voulu se libérer de cet espion meurtrier.
Cedric Simon il y a 24 jours
Je ressens la même chose. Surtout, qu'en tant qu'ancien avocat, je suis sensible aux dérives législatives...
Une remarque incidente, j'ai apporté de nombreuses modifications et corrections au texte écrit initialement en direct. Il est beaucoup plus lisible.
Jackie H il y a 24 jours
C'est hélas ce qui risque de nous attendre dans un futur pas si éloigné que ça...