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Page 8 - Se sentir vivant

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Publié le 25 juil. 2024 Mis à jour le 26 juil. 2024 Développement personnel
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Page 8 - Se sentir vivant

Avoir les pieds sur terre, ça use autant les godasses que le corps. Ça élime les semelles, et le futal qui traîne parce qu'un peu trop long. Se frotter au goudron, c'est se limer le cœur. Et le cœur, il aime pas bien ça, être limé par la rugosité du sol. C'est pour ça qu'il reste à hauteur de tout ce qui use, élime, ronge... C'est pour ça qu'il ne faut pas le laisser tomber, mais le garder dans sa cage d'os et de chair. Un organe qui palpite à cause d'un sentiment ne doit pas être malmené, oublié ou négligé. S'il peut s'accélérer pour un baiser, pour une étreinte... S'il peut ressentir la peur et l'adrénaline, alors il ne peut pas être qu'un morceau de viande insignifiant. Et si vivre c'est prendre le risque de le briser, alors peut-être vaudrait-il mieux fermer les yeux et dormir à n'en plus finir. Mais le cœur a ses envies, ses désirs, et il n'est pas du genre à battre pour rien. C'est pourquoi je ne saurai ignorer ses crises d'amour, ses caprices, ses colères. Parce que nous savons, lui et moi, que nous ne faisons qu'un, qu'il est autant moi que je suis lui, que nous sommes indissociables. Deux entités reliées par la vie, et quelques tuyaux spongieux et visqueux. Alors il bat, et j'avance à son rythme. Je flâne quand il est calme, et me précipite lorsqu'il s'emballe. Je cours en essayant de ne pas tomber, pour ne pas l'abîmer, et préserver le reste : la peau, les membres, l'amour propre. Le cœur est le seul qui arrive à me lever, qui me donne l'envie d'aller quelque part, de sortir, de rencontrer, de parler, de détester et, parfois, d'aimer. En vérité, cet enfoiré fait bien ce qu'il veut de moi, et je n'ai ni l'envie, ni la force de l'envoyer balader. Et il sait. Et il en abuse. Il me tient entre ses artères et m'enserre, d'une étreinte étouffante, d'une emprise violente. Il fait de moi son pantin et je me laisse faire, parce que l'abîme m'attire autant que la cime, et que j'aime la boue comme les nuages. Alors qu'importe où mon palpitant m'emporte, je suis las d'user mes souliers sur des chemins balisés, des sentiers grises mine, des couloirs d'usines. Je veux respirer le grand air et brûler en enfer. Je veux sentir mon capricieux batteur cogner mon être de toutes ses forces, jusqu'à l'épuisement. Car il n'existe rien de plus rassurant que la douleur et le bonheur lorsque l'on veut se sentir vivant.

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Commentaires (6)

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Amelie Rollet il y a 3 mois

Que dire ? Je suis à chaque fois époustouflée par la sagesse des mots autant que la dureté, bravo 👏🏻💖

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