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Break

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Publié le 9 nov. 2022 Mis à jour le 9 nov. 2022 Culture
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Break

Je sais que rien ne va plus avec ma femme, apprendre qu’elle s’envoie en l’air avec le premier venu ne me surprend pas, c’est ainsi, la vie nous a usée, la blessure n’entache que mon orgueil. Elle n’a rien fait pour me retenir, je n’ai rien fait pour la garder. Alors, ce mot que je retrouve sur la table de la cuisine, ne me surprend guère, je peux même le réciter sans le lire. Elle me quitte pour un autre, enfin, pas tout à fait, elle me propose un break, c’est le pis-aller à la mode, maintenant quand rien ne va plus, on se quitte temporairement, on fait une pause. Le coup est certainement plus facile à encaisser, le fil, sans doute ténu, n’est pas encore totalement rompu. Je suis lucide, rien ne sera plus comme avant, j’aurais préféré qu’elle me prenne entre quatre yeux et m’avoue qu’elle a décidé de me quitter, mais pour ça, il faut une certaine dose de courage…

Voilà que je commence à la haïr, à l’accuser de tous les maux, je suis aussi lâche qu’elle, voir plus, j’ai laissé faire, j’ai attendu qu’elle prenne cette décision, pour m’éviter d’en endosser la responsabilité. La lâcheté est universelle et j’en suis un beau spécimen.

Notre appartement sous les toits est désormais silencieux. Rien ne bouge, ni ne respire, ni ne somnole, je suis seul, perdu dans un désert sous une nuit étoilée. La brise de l’été atténue la brûlure, je n’ai pas sommeil, peut-être ne le retrouverai-je jamais, malgré tout, je suis ravagé, elle me manque déjà. Les sentiments sont contradictoires, ils s’entrechoquent, tête contre tête, comme un combat de cerfs au centre d’une clairière.

Vite, il faut passer à autre chose, m’occuper l’esprit, détruire tout ce qui me lie encore à elle, je le sais, c'est fini, je dois me construire une autre vie, une autre vie sans elle, faire table rase de ces quelques années communes. Je commence par la chambre, je vide les tiroirs, remplis des sacs-poubelle de ses affaires laissées pour plus tard, tout doit disparaitre. Je suis devenu le fossoyeur de tous nos moments, de tous nos tourments.

Le local poubelle est trop petit pour recevoir tant de sacs, c’est fou ce que l’on peut accumuler, tant pis, je les dépose sur le trottoir dans la rue. En remontant dans l’ascenseur, j’en profite pour effacer toutes les photos dans mon téléphone, même celles où elle est de dos. Qu’elle disparaisse à jamais, qu’elle emmène avec elle ce sentiment d’abandon qui me ronge.

Dans le salon, il reste encore une photo sous cadre, nous représentant enlacés à l’avant d’une gondole lors de notre voyage à Venise. Je l’extirpe de sa protection de verre et l’enflamme avec mon briquet, je me sens déjà plus léger. La fumée emporte notre dernier souvenir lorsque j’entends une clé dans la serrure. C’est elle, elle est revenue, elle ne pouvait pas m’abandonner ainsi. Mes doigts me brûlent, le cliché n’est plus que cendre.

[À suivre]

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