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Chapitre 3 du roman le royaume de Séraphin

Chapitre 3 du roman le royaume de Séraphin

Publié le 11 mai 2021 Mis à jour le 22 mars 2022 Culture
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Chapitre 3 du roman le royaume de Séraphin

Le royaume de Séraphin accueille sa nouvelle recrue. Dimitri, ce jeune harcelé sur Terre en raison de son TDAH vient de se suicider. Les deux pompiers que j'ai vu partir en mission tout à l'heure sont rentrés. Le garçon est pris en charge par Séraphine et son équipe de mamies. Ça me rappelle de bons souvenirs. Notamment, cette douce mélodie que j'ai entendue il y a quelques mois seulement alors que les deux petits êtres ailés m'emmenaient ici. Je le laisse faire sa transition. Il sera encore temps d'aller le voir demain.

D'après Séraphin, c'est un garçon exceptionnel qui a un talent très utile au royaume de Séraphin : celui de faire rire! Ainsi il pourra atténuer la peine des enfants qui ont beaucoup souffert sur Terre, comme la petite Sophie. Je m'en vais de ce pas parler de lui avec Thibaut et Titouan.

  • J'ai trop envie d'écouter ses blagues, me dit Thibaut.
  • Moi aussi, reprend Titouan. On ira le voir demain matin dès qu'il se réveille.

 

Ne tenant plus en place, alors que le jour vient à peine de se lever, nous allons voir Dimitri.

  • Salut, je m'appelle Timéo ; lui, c'est Titouan...
  • Et moi, c'est Thibaut, le coupe celui-ci, impatient de l'entendre blaguer. Il paraît que tu t'appelles Dimitri et que tu es là pour faire rire.
  • Oui, tu pourrais nous raconter une blague ?
  • Salut ! Pas maintenant, je suis un peu triste là ! Je n'ai pas envie de m'amuser. Hier, j'ai mis fin à mes jours et aujourd'hui, me voilà transporté ici, dans un endroit dont je n'avais même pas soupçonné l'existence.
  • Oui, tu as raison, répond Titouan. On est désolés. Il paraît que ta vie sur Terre n'était pas très heureuse.
  • J'étais heureux avec ma maman mais à l'extérieur, on ne m'aimait pas beaucoup. Je n'avais pas d'amis, on me frappait, on se moquait de moi et on me réprimandait. J'en ai eu assez.

 

A l'évocation de ces faits, les larmes perlent aux yeux de Dimitri. Ses poings se serrent, ses sourcils se froncent, prémices que la rancœur monte dans son esprit. Pas la peine d'évoquer ces souvenirs douloureux. Thibaut fait diversion :

  • Il y a une petite fille qui est arrivée ici il y a environ un mois. Elle s'appelle Sophie. Elle est assez triste. Comme toi, elle est ici car sa vie sur Terre n'était plus possible. On ne sait pas pourquoi, juste qu'elle a beaucoup souffert. On pourrait peut-être aller la voir ensemble, non ?

Dimitri accepte. Ça lui fera sans doute du bien de voir qu'il n'est pas le seul enfant dans ce cas. La petite Sophie veut bien jouer avec nous. A tour de rôle, nous la poussons sur la balançoire et cela nous fait plaisir de la voir sourire. Pendant ce temps, elle ne pense plus à sa famille. Cela lui donne un peu de répit. Elle est si petite, ça me fait mal de savoir qu'elle a souffert. Elle n'a que quatre ans mais elle semble traumatisée. Dès qu'un homme s'approche, elle se met en boule, les bras devant son visage en guise de protection ! J'en ai des frissons dans le dos. J'imagine que sa blessure mettra du temps à se refermer. J'espère qu'avec l'aide de Dimitri, on réussira bientôt à la faire rire ! Nous avons déjà réussi à la faire sourire. C'est un bon début !

L'après-midi, nous proposons à Dimitri d'aller faire un tour sur Terre pour lui montrer nos superpouvoirs mais Séraphine nous retient. Elle me parle à l'écart afin que mes amis ne l'entendent pas.

  • Vous ne pouvez pas emmener votre nouvel ami sur Terre. Cela fait trop peu de temps qu'il l'a quittée. Il aurait un choc en voyant la détresse de sa Maman. C'est beaucoup trop tôt ! Il n'est pas prêt à encaisser ce genre d'émotions ! Tu comprends, Timéo ?
  • Oui bien sûr !
  • Tes amis pourraient lui faire visiter le royaume. Et toi, tu devrais aller voir Séraphin car, avant que tu retournes sur Terre, il doit t'expliquer quelque chose.
  • D'accord, on va faire ça. Merci Séraphine. A bientôt !

Alors que mes amis emmènent Dimitri avec eux, je me demande bien ce que Séraphin a à me dire. Je préférerais aller m'entrainer à faire naître des petits humains. Je suis impatient d'offrir un bébé à ma famille. Après tout, c'est bien pour cette raison que je suis ici.

  • Tu dois calmer tes ardeurs, me dit Séraphin. Il est bien trop tôt pour te remplacer. Ta famille n'est pas prête. La venue d'un bébé, cela se prépare.

 

Séraphin me regarde en souriant. Il a bien vu que j'étais frustré. Moi, j'ai envie de leur faire plaisir maintenant. Pourquoi attendre ?

 

  • Tu dois attendre que tes parents aient fait leur deuil. L'arrivée d'un autre bébé n'est pas une baguette magique qui, en un instant, transformerait leur chagrin en joie…

 

Je n'ai pas envie de lui répondre car je me rends bien compte qu'il a raison. Mais en même temps, moi, j'ai envie de prouver que j'en suis capable. Je veux atténuer leur peine dès maintenant. Je boude désormais. Je suis même fâché. Je n'ai pas envie d'en entendre davantage, mais Séraphin reprend :

  • …et ensuite, il faut que tu attendes plusieurs mois pour la naissance. Je te l’avais dit quand tu es arrivé au royaume. Tu te rappelles ? Tu dois toucher le ventre deux fois à neuf mois d’intervalle. Si tu es trop pressé, le petit bébé, qu'on appelle un fœtus, n'a pas le temps de bien se développer. S'il arrive avant le terme prévu, toutes ses fonctions vitales ne sont pas encore opérationnelles et le risque, c'est qu'il décède. Ces petits prématurés partent avec un handicap dans la vie. Même si certains sortent plus forts de cette épreuve, la plupart d'entre eux restent plus fragiles durant toute leur vie. Sans compter ceux qui ne survivent pas ! Tu n'as quand même pas envie de prendre ce risque, Timéo ? Hein ? Réponds-moi !

A ces mots, je me bouche les oreilles. Je suis en colère. Je n'ai pas envie d'attendre encore des mois avant de me rendre utile. Séraphin m'attire à lui, amusé de me voir dans cet état. Je croise les bras. Je fais la moue. Je n'ai pas envie qu'il me console, mais, je dois admettre que son contact m'apaise, malgré moi. Il a ce pouvoir, Séraphin ! Ma colère redescend quelque peu et du bout des lèvres, je lui demande :

  • Mais alors…en attendant, je fais quoi, moi ?

Séraphin éclate de rire. Vexé, je me renfrogne, je serre de nouveau mes bras et je me desserre de son étreinte. Il a le don pour m'énerver autant qu'il me calme.

–        Ne t'inquiète pas pour ça, Timéo ! Tu vas pouvoir faire naître d’autres bébés même si ce n’est pas toi qui a touché leur ventre la première fois. Il y a déjà beaucoup de dames qui attendent un heureux événement grâce à des chérubins qui ont le même pouvoir que toi.

  • Comment je peux savoir de combien de mois elles sont enceintes ?
  • Fais confiance à ton instinct. Il saura te guider.

Je me sens mieux tout à coup, soulagé d'un poids. Bon, c'est vrai : ce n'est pas tout à fait ce que j'espérais mais c'est toujours mieux que rien. En attendant de faire plaisir à ma famille, je vais pouvoir rendre d’autres familles heureuses. Je commence de nouveau à m’emballer. Je crois que Séraphin que l’a remarqué car il ajoute :

  • Mais pas de bêtises, Timéo ! Je compte sur toi pour être raisonnable avec ta famille biologique. J'espère que tu as bien compris que la précipitation risque de leur causer encore plus de chagrin. Et dernière chose, ce n’est pas parce que tu es un garçon que leur prochain bébé en sera un.

Cela m'intrigue cette histoire de fille. Est-ce moi qui vais choisir ? Y a-t-il des règles ? Y a-t-il un tirage au sort ? Je n'ai pas envie de poser la question à Séraphin pour le moment. Je suis épuisé par toutes ces émotions. Je vais aller faire un câlin à une mamie avant de m'endormir.

  • Oui, j'ai bien compris, dis-je en soupirant.
  • Je suis sérieux, Timéo !
  • Oui, oui, t'inquiète.
  • Certains chérubins avant toi, n'ont pas attendu ce délai de neuf mois et l'ont regretté. La patience sera ton meilleur atout. D'ailleurs, ce serait bien que tu ailles voir une maman. Elles ont le don de réfréner les ardeurs des petits hyperactifs comme toi et sont capables de vous transmettre de la patience.

 

Cela fait maintenant quelques jours que Sophie est arrivée. Bien qu'elle ait l'air plus heureuse désormais grâce notamment aux blagues de Dimitri, elle reste terrorisée par les hommes. Je vais demander à une nourrice si elle peut m'en dire davantage sur elle. Je vais voir Martine. Elle m'emmène dans une salle de confidences. Ces salles insonorisées sont équipées de fauteuils relaxants, propices à la détente. C'est dans ces salles que les enfants font part de leurs angoisses à des mamans attentionnées. Il y en a toujours une de disponible, prête à les écouter. J'ai remarqué que Sophie y passait beaucoup de temps. Moi, je n'en ai jamais ressenti le besoin puisque je n'ai pas vécu sur Terre.

  •  
  • Bonjour Timéo. Entre. Je t'attendais.
  • Ah bon ?
  • Oui, je connais ta sensibilité et je t'ai observé. J'ai bien vu que tu es triste pour Sophie et que tu es particulièrement affecté dès que tu la vois se mettre en boule à l'approche d'un homme.

 

A cette pensée, un frisson me parcourt le corps. J'en ai la chair de poule. C'est vrai, à chaque fois, je détourne le regard. Il m'arrive même d'en faire des cauchemars la nuit. Je suis étonné que cette maman soit au courant car je n'avais pas remarqué qu'elle m'observait.

  • Si Sophie a peur des hommes, c’est parce que son papa la frappait. Il aurait préféré avoir un petit garçon à sa place.
  • Mais, ça ne sert à rien de faire ça. Elle restera toujours une fille !
  • Je sais bien Timéo, mais souvent, les enfants sont battus parce qu’ils ne correspondent pas à l’idéal que leurs parents se faisaient d’eux. Parfois aussi, ce sont des parents dépassés par la situation, qui n’arrivent pas à gérer leurs émotions.
  • C’est bien triste.
  • En effet, mais au moins ici, le calvaire de Sophie a pris fin. Elle va très vite se rendre compte qu’au royaume, tout le monde lui veut du bien. Continue à aller la voir et n’hésite pas à l’inviter à jouer avec toi et tes amis.
  • C’est d’accord !

Cette idée me ravit. Je préfère l’entendre rire que pleurer. Je vais tout faire pour l’aider à s’acclimater et à reprendre confiance.

Je ne fais plus de cauchemars comme l'avait prédit Martine et je me sens prêt à aborder plus sereinement Sophie. Je ne la vois pas encore mais je l'entends rigoler. Ça me met du baume au cœur. Il paraît que les blagues de Dimitri, en plus de ses séances de thérapie lui font un bien fou. Je reconnais sa voix à lui. Il est assis en tailleur par terre à côté d’elle. Autour d'eux, de nombreux enfants pouffent de rire. Quelle blague a-t-il encore bien pu leur raconter ? Je m'approche et entends Sophie lui en réclamer une autre. Il a l'air ravi d'amuser son monde. Ça me fait plaisir aussi de le voir ainsi. La dernière fois que je l'ai vu, il était plutôt triste. Sa maman lui manquait et il avait l'air de regretter son geste. J'imagine que Martine ou une autre maman aura réussi à trouver les mots justes pour le rassurer.

  • C'est l'histoire d'un canard qui marche au bord de l'étang. Il voit un panneau sur lequel il est écrit : « baignade interdite ». Pourtant, il plonge dans l'eau. Pourquoi, à votre avis ?

Les enfants se regardent tous les uns après les autres. Ils n'ont pas l'air de savoir quoi répondre. L'un d'entre eux se hasarde pourtant à une réponse, sans grande conviction :

  • Parce qu'il aime l'eau ?
  • Ben non ! répond Dimitri. C'est parce qu'il ne sait pas lire !

Là-dessus, il éclate de rire, rejoint par tous les enfants du groupe. Puis il ajoute :

  • Tu as déjà vu un canard qui sait lire ?

Leurs rires redoublent d'intensité. Ah, ce sacré Dimitri ! Séraphin a bien fait de le laisser venir ici. Comme Sophie a l'air heureuse, je laisse ce petit groupe vaquer à ses occupations. J'ai une question qui me hante depuis que j'ai été voir Martine. Il faut que j'aille voir Séraphin pour avoir des explications.

  • Dis Séraphin, si tu ne récupères sur Terre que les personnes qui ont de grandes qualités humaines, il n'y aura bientôt plus que des « méchants » comme le papa de Sophie, non ?
  • Ta question est pertinente, Timéo mais je ne t'ai pas encore tout expliqué. Viens t'asseoir près de moi.

Je m'exécute et il poursuit :

  • En fait, je récupère de temps en temps des gens qui font du mal sur Terre. Certains avec un lourd passé, avec de nombreux crimes à leur actif ; d'autres, qui n'en ont commis qu'un seul.
  • Mais, alors, si tu les ramènes ici, ils vont mettre le chaos au royaume. N'est-ce pas dangereux ?
  • Tu penses bien que je ne les accueille pas de la même manière que les autres. Il y a ici un endroit qu'on appelle la geôle où ils sont placés à leur arrivée. Ils y font un séjour plus ou moins long en fonction de leur capacité à changer, à devenir meilleur. Chez certains, cela peut prendre des années. D'autres, au bout de quelques semaines, sont prêts à intégrer nos équipes.
  • Du coup, tu pourrais tous les enfermer ici dès le premier crime, non ? Pourquoi les laisser sur Terre, au risque qu'ils s'en prennent à d'autres personnes.

Séraphin sourit à cette question. Je ne comprends pas. Elle est pertinente, non ? L'œil pétillant de malice, il répond à mes interrogations avec ce sourire qui ne le quitte pas. Je crois qu'il commence de nouveau à m'énerver.

  • Je vois que tu es pointilleux et que tu pousses la réflexion jusqu'au bout, mon petit Timéo. Tu es bien curieux !
  • Ce n'est pas un défaut à ce que je sache !

Je lui réponds un peu vite, gagné par la frustration. Je ne comprends pas ce qui le fait rire. Mais alors que je sens la colère monter, lui, éclate de rire. Ça y est. Me voilà de nouveau bien énervé. Je serre les poings. J'ai envie de tourner les talons. Il ne me laisse pas trop m'emporter et ajoute :

  • Ne sois pas sur la défensive, Timéo ! C'est ton attitude qui me fait rire !

Puis, il m'adresse un clin d'œil. Je suis un peu perdu. Je ne sais plus quoi penser. Il me déstabilise.

  • Les places sont limitées dans la geôle. Je dois donc attendre de faire sortir une personne avant d'en faire rentrer une nouvelle. De ce fait, sur Terre, il y a des gens qui récidivent. Je fais ce que je peux. Les ados du royaume sont en train d’élaborer un processus pour accélérer leur intégration mais il faut encore patienter avant que la machine ne soit opérationnelle…Et puis, j'ai aussi envie de laisser une chance à ces personnes de se racheter. La justice de leur pays les condamne sur Terre et certains finissent par se repentir sans commettre d'autres méfaits. Je préfère donc attendre.
  • Oui, mais les pauvres victimes, tu y as pensé ?
  • Bien sûr ! Tous les jours j'y pense. Je ne suis pas responsable de la méchanceté de ces hommes. Je fais pour un mieux avec mes moyens !

Je comprends mieux maintenant, mais j'ai quand même peur que le papa de Sophie s’en prenne à un autre enfant. A cette pensée, je frémis et un frisson me parcourt tout le corps.

...à suivre : chapitre 4...Bonne lecture ! Je compte sur vous pour voter pour ce chapitre avant de le quitter ! N'hésitez pas à commenter si le coeur vous en dit !

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Bernard Ducosson
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