Episode 50 : Coma éthylique
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Episode 50 : Coma éthylique
Quatre jours. Quatre jours que je n’avais pas vu Joe sortir de son labo. Il s’y était enfermé pour potasser tous les livres de médecine qu’il avait pu trouver dans la grande bibliothèque. Je pouvais l’entendre crier qu’il n’y arriverait jamais. Que c’était une véritable folie. Qu’il n’était pas chirurgien…
De mon côté, j’essayais vainement de me changer les idées. Je vivais peut-être mes dernières heures et pourtant, j’étais incapable d’en profiter. Je devais résoudre cette affaire. Enfin résoudre était un bien grand mot. J’avais le nom de chaque victime, du coupable et de quelques-uns de ses complices, le mobile et le comment. Pour n’importe quel flic, cela aurait suffi. Dossier classé. Mais pour moi, c’était différent. Je restais persuader d’être passé à côté d’un truc important. Je pouvais le sentir dans mes tripes.
J’avais réussi à accéder au réseau du poste pour découvrir les avancées de l’enquête du côté du capitaine. J’étais tombé sur le dernier rapport de Léila et j’avais eu la putain de sensation de m’être pris un couteau dans le dos. Elle y racontait, entre autres, notre cavale, comment j’avais fait pour faire disparaître toutes les preuves de mes crimes dans le bunker et comment je les avais pris en otage, elle et Joe, avant qu’elle ne réussisse à se sauver. Je n’arrivais pas à y croire. Elle avait complétement disjoncté ! J’étais devenu l’ennemi public numéro un. L’homme le plus recherché de la planète et considéré comme fou et très dangereux. Mais je ne devais pas les laisser me déconcentrer. Je devais prouver mon innocence et faire tomber tous ces fous, à commencer par Florigan.
Des pistes, j’en avais. Aucun souci. Mais toutes semblaient indiquer que quelqu’un d’autre tirait les ficelles. Que Florigan n’était qu’un pantin de plus. Sinon, comment un simple synthé, quel que soit son degré d’intelligence, aurait-il pu organiser tout ça ? C’était trop perfide. Trop machiavélique. Trop humain…
– Moridan ! Si vous êtes prêt, nous pouvons commencer. Plus d’heures de lecture ne serviraient à rien. Et comme vous refusez l’idée même que je monte en surface pour chasser un monstre et m’entraîner, pas la peine de perdre plus de temps.
Cette manie de vouloir absolument faire des tests chez les animaux. Comme si ma vie valait plus que celle d’une autre créature de cette planète. Je ne suis même pas réel. Je ne devrais même pas exister. Ma disparition ne fera de mal à personne. Mise à part tous ces connards qui comptaient sur la jolie fortune promise pour ma capture.
– Moridan ?
– Oui… Joe. Je suis prêt.
Je descendis d’un trait mon verre de rhum et attrapai la bouteille avant de suivre Joe jusque dans son labo. Il avait déjà tout préparé : le lit, les draps propres et sur une table au fond traînait un vieux sac de premier secours avec une paire de ciseaux, un anti-paludisme et une boite d’allumettes, le tout complété de quelques scalpels et autres instruments que j’étais incapable d’identifier.
J’avalai encore plusieurs gorgées d’alcool pour me donner du courage et allais m’installer sous la lumière aveuglante et froide des néons. Le tissu sur lequel j’étais allongé puait l’humidité, une véritable horreur, mais ce n’était pas le pire que j’aurais à supporter. Oh non, des heures de torture m’attendaient pour la simple et bonne raison que l’on ne peut pas anesthésier un synthé. Et hors de question de me prendre un putain de coup derrière la tête pour me réveiller en sursaut au beau milieu de l’opération. Joe me tendit un morceau de cuir, une ancienne bandoulière, à mordre pour oublier ma douleur et ne pas hurler, mais je préférais ma technique : boire jusqu’au coma !
Texte de L.S. Martins (45 minutes chrono, sans relecture).
Image par Robert Chromik de Pixabay : Docteur Outils Traitement - Photo gratuite sur Pixabay