Episode 16 - Le retour
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Episode 16 - Le retour
Trois semaines s’étaient écoulées depuis l’incident du chantier. Gram avait été soumis à un rude interrogatoire mené par le capitaine. Je n’avais pas eu le droit de mettre les pieds au bureau pendant plusieurs jours à cause de ma tronche brûlée au second degré. Et malgré les miracles de notre médecine, j’avais encore pas mal de séquelles : l’œil droit esquinté, la lèvre inférieure boursouflée et une magnifique balafre sur la joue droite… Bref, une belle gueule cassée !
Côté enquête, j’étais toujours au point mort. Gram n’avait pas craché un mot sur le taré collectionneur de macchabées. Il avait avoué pour les deux lettres tapées à la machine, sans en expliquer la raison et était très fier de m’avoir ridiculisé deux fois de suite. Mais rien d’autre.
Ce gros tas était un véritable enfoiré. Avec son air con, il nous avait tous bien enflé. À dire vrai, c’était un putain de surdoué sociopathe qui avait décidé de rentrer dans la police juste pour s’amuser. Et il avait fallu que ça tombe sur moi ! Quel putain de veinard j’étais !
Et pour couronner le tout, mon correspondant psychopathe avait disparu. Depuis sa dernière carte, juste avant que je ne me précipite comme un abruti dans le piège de Gram, je n’avais plus eu aucune nouvelle. L’image qu’il m’avait envoyée, cette fois-ci, était une photo de l’intérieur d’un sous-marin. Identique à celui dans lequel Gram se planquait. Et le message était clair. Il me sommait de me rendre au chantier naval pour y trouver toutes les réponses dont j’avais besoin.
Quel con ! Si j’avais ouvert cette lettre au lieu de me précipiter dans le bureau de l’autre enfoiré, j’aurais gagné un temps considérable. Peut-être même que je serais arrivé avant Gram sur les lieux et je ne serais pas défiguré aujourd’hui !
– Prêt pour un voyage, le bleu ?
Léila ? Je quittais mon écran des yeux et aperçus ma coéquipière appuyée contre le cadran de la porte, avec, dans les mains, une carte postale haut en couleur. Un nouveau message de notre tueur… après trois semaines d’absence, il faisait son grand retour. Génial !
– Putain ! On m’avait dit que t’avais une sale gueule…, mais je ne m’attendais pas à ça ! Je m’absente près de deux mois et tu te fais botter le cul deux fois par ce con de Gram !
Elle partit dans un fou rire grave et sonore qui résonnait à travers tout le poste. Et merde ! J’avais presque oublié à quel point elle était emmerdante. Même si je me faisais du souci pour elle, j’avais la paix tout seul ici. Pas de réflexions désagréables. Pas de coup de fil étrange pour lui sauver les fesses. Pas de courses-poursuites dans les souterrains dégueu. J’avais été peinard pendant ses deux mois de coma. Enfin, autant qu’on pouvait l’être avec un déséquilibré qui se baladait dans les rues à la recherche de sa prochaine victime.
– T’étais pas censée te reposer, toi ?
– J’t’ai manqué j’paris, le bleu ! Et puis, il parait qu’il te faut un homme pour couvrir ton joli petit cul !
– Mon cul va très bien. C’est ma gueule qui a pris cher ! Bon, qu’est-ce qu’y nous raconte l’autre timbré ?
Elle se laissa tomber sur sa chaise et jeta la carte sur la pile de dossiers devant moi. Les pieds sur son bureau, elle caressait la tête de Hax tandis que Rex lui bavait sur le visage. Les deux molosses étaient heureux d’avoir enfin retrouvé leur maîtresse. Pour ma part, je n’en étais pas vraiment certain…
J’avais sous les yeux une photo d’Osaka dans sa grande période. Quand elle était encore pleine de vie et de lumière. Car, aujourd’hui, il n’en restait plus rien. Elle avait été dévastée lors de la première vague d’attaques. Comme toutes les régions nucléaires et leurs alentours, elle avait été l’une des premières cibles des extraterrestres…, devenant un véritable no man’s land, une zone hautement radioactive où seuls des mutants décérébrés survivaient et pullulaient.
Après avoir longuement observé cette image du passé, je découvris les quelques mots de ce cher Doe : « Bonjour, Moridan. Heureux de revoir votre belle co-équipière ? Et ce cher Gram ? Vous a-t-il avoué ses motivations ? Peu importe. Il le fera le moment venu. En attendant, je vous propose un petit voyage. Qu’en dites-vous ? »
Un voyage. Il était sérieux ? Il voulait que j’aille me balader à Osaka ? Il était complétement malade ! Je balançai la carte à la poubelle en pestant.
– Putain, mais c’est pas possible. Il peut pas me laisser tranquille ? Il me veut quoi à la fin, ce taré ? C’est vrai, pourquoi moi ?
– Je n’comprends pas non plus, le bleu. Tu n’as pourtant rien d’intéressant !
Je lui répondis par un grognement bestial qui la fit sourire. Je la préférais endormie, finalement ! Elle avait le don de m’énerver… Elle qui passait son temps à me faire chier avec ses remarques à la con. Elle qui ne ratait jamais une occasion de se tirer sans moi pour aller je ne sais où et de me laisser Rex et Hax dans les pattes. J’en avais ras le bol !
– Tu me fais chier, Léila ! Et au fait, t’aurais pas des choses à me dire ? Comme des excuses et des remerciements ?
– À propos de quoi, le bleu ?
– Si tu commençais par me raconter ce que tu foutais le jour où tu as disparu ! Putain, Léila ! Si je ne m’étais pas souvenu de cette affiche dans les égouts… On te sert à quoi, les deux molosses et moi, si tu te barres sans même laisser un mot ? Bordel !
J’avais tapé si fort sur mon bureau que tous mes dossiers avaient volé. Rex avait levé la tête et me regardait fixement, les oreilles dressées. Il semblait ne pas savoir quoi faire. S’il devait ou non se montrer menaçant envers moi.
– Oh, ça va ! J’étais juste parti faire un tour. C’est tout. J’ai pas de compte à t’rendre, merde !
– Ah oui ? Même quand je te retrouve déguisée en pute, à moitié morte, entourée de bougies allumées ! On aurait dit un autel pour un sacrifice ! Putain, Léila ! Je suis ton coéquipier, oui ou merde ?
Elle se leva et se mit à tourner en rond. Elle, qui avait habituellement la réplique facile, semblait chercher une réponse convenable à me donner.
– Je sais plus, cracha-t-elle en colère. Ça te va, putain ? J’ai plus aucun souvenir… Depuis que je suis réveillée, je me triture les méninges pour comprendre, mais pas moyen ! J’me souviens de la journée de merde qu’on a passée. De notre retour au poste et puis plus rien. C’est le trou noir… Alors, arrête de me faire chier avec toutes tes questions !
– Ok.
Je me sentais vraiment con. Putain ! Elle n’était pas partie en vacances pendant deux mois. Non…, elle venait passer des semaines dans le coma, entre la vie et la mort. Et moi, comme un con, au lieu de lui demander comment elle allait, je lui gueulais dessus…
– Bon, que dirais-tu d’un petit tour à Osaka. Pour me faire pardonner… Voyage première classe. Chambre royale donnant sur la ville animée avec au programme massage et champagne…
– C’est ça ! Arrête ton baratin de charmeur, ça marche pas avec moi ! Prends une combi anti-radiations et saute dans l’hélico. Décollage immédiat ! Tout le monde est prêt, il ne manque plus que toi.
Elle sortit, siffla ses deux molosses qui la suivirent vers le hangar. Alors que je la croyais partie, sa tête apparut à travers l’embrasure de la porte de notre bureau. Elle me sourit et m’envoya avant de disparaître :
– Hé, le bleu ! Merci...
Texte de L.S.Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par Masashi Wakui de Pixabay : Japon Rue Nuit - Photo gratuite sur Pixabay