Sherlock Junior (Sherlock Jr., Buster Keaton et John G. Blystone, 1924)
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Sherlock Junior (Sherlock Jr., Buster Keaton et John G. Blystone, 1924)
Film vertigineux que "Sherlock Junior" à cause du nombre ahurissant de niveaux de réalités emboîtées les unes dans les autres grâce au pouvoir du cinéma. Il y a de quoi perdre pied et c'est d'ailleurs exactement ce qui arrive au héros.
Psychologiquement d'abord. Keaton est un petit projectionniste de cinéma sans le sou. Logiquement à force de (se) passer des films, il a des rêves de grandeurs et s'imagine en super détective. Cela le rend vulnérable, aveugle et passif comme le montre la séquence où il est accusé d'avoir volé la montre. Au lieu de combattre son malhonnête rival, il le fuit en se plongeant dans un livre puis en s'endormant lors de la projection. Si bien que la résolution de l'énigme du vol dans le monde réel n'est pas le fait de Keaton mais de sa fiancée. Amusant renversement des stéréotypes sexués où le rêveur passif est masculin et celui qui agit, féminin.
Là où les choses deviennent bien plus complexes, c'est quand la projection onirique de Keaton entre dans le film en train d'être projeté. Un film qui se transforme sous l'influence de son activité onirique en double de ce qu'il vient de vivre (mais avec un tout autre scénario). La mise en abime est vertigineuse. Le réel c'est nous, spectateurs en train de regarder le film réalisé et joué par Keaton. Il y a ensuite un premier niveau de représentation, celui d'un homme qui rêve devant un écran projetant un film dans le film que nous regardons. Et au final, un deuxième niveau de représentation qui est le "film" de son rêve et qui finit par se confondre avec le premier niveau. La perte de repère devient alors visuelle.
Le passage du premier au deuxième niveau se fait par une série de situations d'entre deux qui ouvre un abîme de réflexions dont Keaton donne une traduction visuelle éblouissante. Le film projeté sur l'écran est une représentation certes, mais qui a sa propre réalité objective. Les conditions de sa projection, l'ambiance de la salle mais aussi le film lui-même sont autant d'éléments sur lesquels nous n'avons aucun pouvoir. Il nous est impossible par exemple de modifier l'intrigue, même si elle prend une direction qui nous déplaît. Il est donc logique qu'en tant que miroir réflexif, le film dans le film résiste d'abord à la projection onirique de Keaton et le rejette comme un corps étranger. Avant que l'on assiste à cette séquence ahurissante où les deux entités tentent de s'ajuster l'une à l'autre avec des changements de plans nécessitant de la part de la projection du personnage joué par Keaton des capacités d'adaptations exceptionnelles (et du vrai Keaton des talents de monteur pour faire les raccords d'un plan à l'autre).
La fin du film revient à une situation "simplement" dualiste avec le réveil du personnage qui tente de calquer ses agissements sur ce qu'il voit sur l'écran. Les plans en champ-contrechamp et l'effet cadre dans le cadre suggèrent très bien cet effet miroir. Jusqu'à ce que l'illusion soit brisée lors d'une de ces chutes fulgurantes dont Keaton a le secret. Une chute à plusieurs niveaux car ce qui vole en éclat, c'est aussi l'illusion romantique qui masque la réalité de la vie de couple. chute à plusieurs niveaux car ce qui vole en éclat, c'est aussi l'illusion romantique qui masque la réalité de la vie de couple. ne chute à plusieurs niveaux car ce qui vole en éclat, c'est aussi l'illusion romantique qui masque la réalité de la vie de couple. Une chute là aussi à plusieurs niveaux car c'est aussi l'illusion romantique qui masque la réalité de la vie de couple qui vole en éclat. Une chute là aussi à plusieurs niveaux car c'est aussi l'illusion romantique qui masque la réalité de la vie de couple qui vole en é