Lecture : Partir, c'est mourir un peu
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Lecture : Partir, c'est mourir un peu
J’ai pris mon temps pour ce retour, et pour cause : lorsque l’on entre dans un roman historique, nous devons vérifier ce qu’on en lit avant d’en parler. Question de crédibilité. J’ai donc pris le temps de lire, vérifier et je prends également le temps d’écrire en me détachant de toute exagération d’une réaction à chaud.
Je me suis ainsi retrouvé avec Partir, c’est mourir un peu, sous la plume d’Alexandre Page, pour goûter à ce plaisir historique et entrer en immersion au plus près de la famille impériale d’Alexandra et de Nicolas II. Et, c'est avec Alexandre Page que j’ai pris une claque qui m’a ramené plus de 100 ans en arrière, à suivre en temps réel l’inexorable chute des Romanov. Un voyage qui laissera une empreinte dans mon esprit, une empreinte ensanglanté, mais dont le nom est réhabilitation.
« Lorsque les mensonges auront été dissipés, que les impostures auront été démasquées, que le chagrin aura passé, l'humanité se souviendra »
L’histoire est racontée par les vainqueurs, c’est elle que nous apprenons dans nos manuels scolaires avant que vienne souffler à nos oreilles le vent de l’esprit critique. Parfois, souvent, elle est tronquée, minimisée ou enrichie pour glorifier ceux qui l’écrivent plus que ceux qui l’ont vécue.
En lisant Partir, c’est mourir un peu, il faut donc faire fi de ce que nous avons appris, du peu que nous avons retenu concernant Nicolas II, puis écouter ce que d’autres ont à nous dire. D’autres comme Igor Kleinenberg, précepteur de langue auprès des grandes duchesses Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et proche du tsarévitch Alexeï. C’est de ce fait avec ce personnage que nous entrons dans les dessous de l’histoire, que nous pénétrons dans l’intimité du couple impérial. C’est avec lui que nous découvrons ce fameux battement d’ailes de papillon. Celui qui, d’un bout à l’autre de l’empire, apporte le vent de la sournoise discorde, l’orage grondant et finalement la tempête dévastatrice jusqu’à la cruelle et sanglante vérité.
Grâce à Igor, professeur à peine fictif, mais d’une extraordinaire réalité narratrice, Alexandre parvient à jouer sur tous les tableaux : histoire, géographie, politique, et fort de ses propres connaissances et de son époustouflant travail de recherche, il distille avec majesté des informations d’une richesse incroyable. Il vient progressivement nous instruire sans même que l’on s’en aperçoive. Sa plume dénoue les manœuvres des uns et des autres sur l’échiquier mondial afin de nous en faire comprendre toutes les subtilités dont nous n’effleurons qu’occasionnellement les enjeux. L’instruction par la curiosité, par les anecdotes.
Que vous aimiez l’histoire ou non, vous ne pouvez pas rester insensible à la qualité de son écriture et aux connaissances insufflées avec soins et répétitions sans pour autant vous perdre en redondance ! Son écriture est puissante sans jamais tomber dans l’ostentatoire, ses détails sont savoureux et cumulant les qualités, il nous propose ainsi un long roman qui se lit pourtant avec facilité et surprise à chaque page.
Nous apprenons énormément sur cette époque, sur ces illustres qui ont fait et défait la Russie. De plus, nous relevons également avec toute la déconvenue de nos certitudes comment l’image que l’on a du couple impérial a été biaisée. Ce roman est un vrai pavé dans la mare des mensonges et des élucubrations.
Tatiana Nikolaïevna de Russie à bord du Standart. Romanov Collection, General Collection, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, Yale University
Véritable coup de cœur
Je ne peux que vous recommander chaudement Partir, c’est mourir un peu. Au fil des pages, vous aimerez la famille soudée, l’homme attentif aux siens, à sa patrie, à son peuple et qui cependant va subir les assauts continus, sournois d’une aristocratie méprisante et manipulatrice. De plus, vous subirez avec lui la violence incontrôlable de la révolution bolchevique. Vous apprendrez comment la bonté, la générosité, la fidélité de cet homme seront les armes de sa propre destruction, de son abdication jusqu’à son éradication, famille comprise.
«Il n'y a que deux genres de souverains, dit-on, qui s'exposent aux révolutions et aux coups d'État : les trop gentils et les trop cruels »
Assurément Nicolas II faisait partie des premiers, ce qui rend la tragédie historique que nous relate Alexandre Page encore plus incommodante. Et, notre conscience de hurler : réhabilitation !
Marie Bulsa hace 10 meses
Je confirme. C'est un superbe livre et une belle plume. Merci pour Alexandre
Jean-Christophe Mojard hace 10 meses
Tout à fait. je vais remettre sur Panodyssey quelques retours, dont d'autres d'Alexandre.