Bande à part (Jean-Luc Godard, 1964)
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Bande à part (Jean-Luc Godard, 1964)
"Bande à part" est considéré comme un "petit" film de Jean-Luc GODARD parce qu'il vient juste après "Le Mépris" (1963) et que c'est un hommage aux polars/films noirs de série B (raison sans doute pas étrangère au fait que c'est une référence pour Quentin TARANTINO). C'est pourtant l'un des films du cinéaste les plus accessibles voire même l'un des plus souvent cités, notamment grâce à sa célèbre scène de danse dans le bistrot entre Odile (Anna KARINA), Franz (Sami FREY) et Arthur (Claude BRASSEUR) ponctués d'arrêt de la musique au profit de la voix-off de Jean-Luc GODARD qui commente les pensées des personnages, pensées qui tournent autour de leur jeu de séduction à trois à la "Jules et Jim" (1962) (une autre scène célèbre les montre tous trois en train de traverser le Louvre à toute allure, séquence semi-improvisée qui en fait toute la saveur). La référence à François TRUFFAUT se double d'une référence à Jacques DEMY avec Michel LEGRAND à la musique et des airs de "Les Parapluies de Cherbourg" (1964). Références que l'on trouvait aussi dans "Une femme est une femme" (1960). Ca reste en effet du Godard avec des digressions, des jeux sur le langage et les codes cinématographiques, au détriment de l'intrigue qu'il ne semble pas prendre au sérieux. Tout ce qui fait l'ADN du polar (la tension, le suspense, l'action) est éludé au profit des interstices étirés à l'extrême dans lesquels les personnages flirtent et cherchent à tuer le temps. Ils ne semblent pas non plus prendre l'intrigue au sérieux d'ailleurs. Tels des enfants, ils jouent aux truands et font semblant de mourir (c'est particulièrement vrai pour Arthur qui tombe de façon bien peu naturelle sans parler des tirs qui ne font pas mouche, de la fausse morte etc. comme si tout cela "c'était pour rire" ^^).
Cependant, "Bande à part" n'est pas totalement léger, il est traversé par la mélancolie. D'abord parce que Anna KARINA allait mal et que ça se voit. Jean-Luc GODARD lui a offert ce film pour lui remonter le moral, notamment en la laissant pousser la chansonnette. Et comme de nombreux films de la Nouvelle vague, "Bande à part" est aussi un instantané saisissant de Paris et sa banlieue au début des années 60, la caméra étant particulièrement mobile et la photographie de Raoul COUTARD, nocturne notamment, superbe.