Chapitre 2 : Un groupe de résistants

– Salut Billy ! clame Lisa en entrant dans sa chambre. Tu ne devineras jamais ce

que … Oh ? Ça ne va pas ?

Le chihuahua ne bronche pas. Assis sur son lit, il fixe son oreiller tristement mais

se force à sourire :

– T’en fais pas pour moi. Je vais bien.

– Ce n’est pas le Billy que je connais… Explique-moi tout. C’est Falcon,

j’imagine ?

– Il me manque, il nous manque à tous. Mais j’ai entendu certains chiots parler

de lui comme si… comme s’il s’était enfui.

– Enfui ?! N’écoute pas leurs bêtises, voyons !

– Ils disent que Falcon a fui dans les Montagnes de Glace parce qu’il craint Férus

et les panthères. Ça m’a mis en colère, dis donc ! D’après eux, il n’osera jamais

revenir les affronter.

– Ne me dis quand même pas que tu vas les croire ? Falcon est parti pour

retrouver les super-chiens il y a tout juste une semaine ! Je trouve que c’est un acte

de bravoure, sans oublier qu’il vient de perdre ses pouvoirs… On ne doit pas écouter

ces rumeurs, pas vrai ?

– Tu as raison, Lisa…

Billy baisse à nouveau les yeux sur son oreiller. Il se souviendra toujours du

moment où Falcon les a rejoints et, afin de prouver l’existence de ses pouvoirs à

Lisa, a congelé ce coussin avec son souffle glacé ! En se remémorant sa première

rencontre avec son meilleur ami, Billy ne peut s’empêcher de sourire. Le chihuahua

n’a jamais connu ses véritables parents, sa famille adoptive ne le laissait pas sortir

souvent ; il n’a pas eu de véritable ami avant de s’engager pour la Révoltruffe et de

rencontrer Lisa. Même si elle se montrait parfois grincheuse, il savait toujours la

faire sourire et ce duo était inséparable. Lorsque Falcon est arrivé, Billy l’a aussitôt

considéré comme un frère. C’est pour cela que Lisa était de mauvaise humeur à son

arrivée : elle ne voulait tout simplement pas perdre son ami… Mais toutes les

aventures qu’ont vécu ces trois-là ont forgé un groupe encore plus soudé !

Soudain, une enveloppe blanche passe sous la porte et glisse sans bruit sur le sol

de la chambre.

Billy et Lisa se jettent des regards intrigués. Quelqu’un vient de leur transmettre

cette enveloppe… mais qui ? La sabrador s’empresse d’ouvrir la porte pour jeter un

œil dans le couloir. Personne.

Lisa ramasse l’objet et en sort un papier, sous les yeux écarquillés de Billy, puis

lit à haute voix :

Salutations, Billy et Lisa.

Si vous n’avez pas abandonné le combat, sachez que vous n’êtes pas seuls.

Rejoignez-moi demain à la première heure, dans l’atelier de l’Orfèvre. Après tout ce

que vous avez accompli, nous serions honorés de vous savoir parmi nous.

À bientôt.

GC

Sur ces mots, Lisa se tourne vers son ami ; son visage est rayonnant. Les deux

complices échangent un clin d’œil et se mettent en route.

Une nouvelle journée vient tout juste de naître dans l’immensité des Montagnes

de Glace, d’une blancheur éclatante. Les Monts de la Mâchoire se dressent fièrement

au-delà des autres sommets, minuscules en comparaison. Ce sont effectivement les

pics les plus hauts et les plus escarpés d’Ethélys.

Le « roi des montagnes » est appelé le Pic Croc-Gel ou, plus couramment, le

Crogel. Il trône au-dessus des trois autres pics. C’est la destination – aussi ambitieuse

soit-elle – de cette silhouette microscopique qui se déplace dans la neige. À peine

visible face à de tels colosses de roche, certes, mais diablement rapide ! Falcon-Dog

a retrouvé sa forme athlétique et son énergie : il progresse avec une vitesse croissante

dans ce paysage qui lui était familier dans son enfance… L’escalade du Crogel, en

revanche, sera une totale nouveauté.

Tout en gagnant de l’altitude au fur et à mesure, Falcon-Dog s’arrête parfois pour

contempler le décor splendide qui s’offre à lui, comme un rang d’honneur. L’air frais

lui caresse le visage et fait onduler sa cape.

– Quelle vue ! se dit-il. J’aimerais bien rester ici à contempler ces paysages, mais

le devoir m’appelle. Le plus dur reste à venir. Et je crois que… Hé ?!

Tout-à-coup, il semble apercevoir une présence au loin. Un corps indistinct se

déplace furtivement dans le relief enneigé et parvient à se dissimuler. Cette silhouette

fantomatique a disparu aussi vite qu’elle est apparue.

– Je jurerais avoir vu une… Non, je dois rêver.

Après plusieurs heures d’escalade, Falcon-Dog commence à sentir que ses

muscles le brûlent. Le golden retriever sait pourtant qu’il doit grimper jusqu’au

Crogel le plus vite possible. Il lève la tête vers les falaises escarpées qui l’attendent,

inspire profondément et se dit :

– Si seulement Mentalos était encore là… Sa confiance et ses encouragements

m’ont toujours accompagné. Je suis sûr qu’il me dirait qu’il faut « toujours se…

– … surpasser ! » complète la voix de Mentalos.