Chapitre 11 : La colère du tigre.

À l’extérieur, le combat fait rage entre les Canins et les

troupes de Suprêmiaou.

Beaucoup de soldalmatiens blessés sont

mis à l’abri dans les aéro-niches. Seuls deux ou trois sabradors

sont incapables de se battre : tous les autres, dont Lisa fait partie,

se débrouillent très bien ! Associés aux soldalmatiens et couverts

par les artilleurs, ce sont d’excellents guerriers. Bien plus loin,

les Bazookaniches bombardent toujours les baraquements avec

précision. Le nombre de karaté-cats en état de se battre

commence progressivement à diminuer.

Fidèle à lui-même, le Commandentier tire toujours avec son canon-à-os tout en

dirigeant ses troupes :

- Courage, section 2, vous pouvez le faire ! Partez vers la droite et…

Soudain, un bourdonnement grave l’interrompt, suivi de bruits de chaînes en

métal. Le Commandentier lève la tête en grimaçant et s’écrit :

- Par la moustache de Saint Sacapus ! C’est impossible !

Depuis la base Spectror, les Canins qui ne font pas partie de la mission assistent

à la bataille. Ils se tiennent tous devant un écran gigantesque, partagé en quatre

quartiers, pour les quatre aéro-niches équipées d’une caméra. Certains Canins

poussent des cris d’encouragements, d’autres applaudissent. Tout-à-coup, un

infirmier canin s’exclame :

- Qu’est-ce que c’est ? On dirait une énorme… grille ?!

En effet, une immense grille métallique se déplie peu à peu au-dessus de la

Forteresse Suprême. Elle finit par enfermer les aéro-niches, qui volent comme des

oiseaux dans une cage géante. C’est le nouveau moyen de défense mis en place par

l’armée féline.

- Impossible de s’échapper, avec ça ! hurle un cusinier, terrorisé. Comment

peuvent-ils faire ?

Sa question reste sans réponse. Tous les Canins sont inquiets. Les résidents de

Spectror observent l’écran en silence, incapables d’aider leurs alliés, pris au piège.

Dans les couloirs de la Forteresse Suprême, le Colonel Firat utilise l’ascenseur

spécial afin de descendre au rez-de-chaussée. Dès que les portes s’ouvrent, le tigre

aperçoit un lieutenant ligoté avec du fil de pelote. Celui-ci est couché en plein milieu

du couloir, dans un croisement. Aussitôt, Firat saisit son poignard et rejoint le

lieutenant en courant.

- Que s’est-il passé ? demande-t-il, de sa voix grave et sévère.

Son interlocuteur ne peut pas lui répondre, à cause d’une pelote de laine coicnée

entre ses mâchoires. Le pauvre lieutenant écarquille les yeux et remue la tête.

Intrigué, le Colonel lui retire la pelote.

- C’est un piège ! hurle aussitôt le lieutenant. Derrière vous !

Le tigre se retourne et voit le

Général Cocker caché dans

l’ombre, pendant une fraction de

seconde. Firat se retrouve aussitôt

ligoté et tombe au sol en lâchant son

poignard. Cocker est rapidement

rejoint par ses trois alliés, qui se

tenaient cachés plus loin. Par

sécurité, l’Amiral Cabos pointe son

sniper-à-croquettes sur Firat,

lorsqu’il s’en approche.

- Le badge doit être dans l’une de ses poches, affirme le berger allemand. On va

devoir enlever ses liens.

Un frisson parcourt le dos de Falcon-Dog. Une fois libéré, cet énorme tigre peut

le découper en petites rondelles ! C’est de loin le meilleur guerrier de toute l’armée

féline.

- Comment on va faire ? s’inquiète le golden retriever, en dissimulant sa peur.

- Je n’arrêterai pas de pointer mon arme sur lui, commence Cabos. Cocker ne

lâchera pas non plus son pistolet-à-pelote. Mentalos se tient prêt à l’immobiliser au

cas où. Enfin, dès que Firat nous aura donné le badge, tu le congèles.

- D’accord. Mais qui va le libérer ?

Les quatre Canins se regardent chacun leur tour, pas très courageux. Finalement,

le Colonel se libère tout seul en écartant ses pattes avant, ce qui brise ses liens.

L’escadron d’élite ne s’attendait pas à ça !

- Ce n’est pas de la ficelle qui arrête un tigre, ricane-t-il en se relevant. Vous

feriez mieux d’abandonner la lutte et de partir, tant que vous le pouvez encore. (Sa

voix grave transforme la moindre de ses phrases en cauchemar.) Nos soldats vont

vous éliminer, si ce n’est pas moi qui m’en charge en premier…

Après un long silence, l’Amiral Cabos déclare :

- Ne fais pas le malin, Firat. (Il tapote son sniper-à-croquettes, toujours en joue.)

Donne-nous ton badge spécial, si tu ne veux pas en payer le prix.

Le fauve fixe le berger allemand avec un regard sauvage, avec un petit sourire

en coin. Si Mentalos lisait dans ses pensées, il pourrait entendre : « Sans ton précieux

sniper, tu n’as rien d’un adversaire dangereux, Cabos ! »

Soudain, le Colonel Firat lance son badge à

l’autre bout du couloir. Paniqué, l’Amiral se

retourne vers Mentalos et lui ordonne d’aller le

chercher. Le tigre profite aussitôt de la diversion

pour plaquer au mur le berger allemand. Il parvient

même à détruire son sniper-à-croquettes lors de

l’impact. Beaucoup plus puissant, le fauve saisit

Cabos par le col et le projette sur plusieurs mètres.

Celui-ci s’écroule violemment et reste couché sur le

sol, immobile.

Le Général tire une double-pelote, qui s’enroule autour du Colonel Firat.

- À toi, Falcon-Dog ! ordonne le cocker.

Terrifié, le super-chien utilise son souffle glacé mais ne parvient pas à le congeler

entièrement. Un anneau de glace se forme autour des pattes arrière du tigre. Ce

dernier libère le haut de son corps en brisant ses liens une nouvelle fois. Très

rapidement, il attrape le Général Cocker par la taille et le plaque violemment au sol.

En panique, Falcon-Dog regarde derrière lui et voit Mentalos arriver en courant.

L’husky a rattrapé le badge grâce à ses pouvoirs, ce qui lui a permis de gagner du

temps. Malgré son poids, le Colonel Firat est soulevé du sol par ses capacités

mentales.

- Falcon-Dog, va voir l’Amiral ! ordonne Mentalos en serrant les mâchoires, à

cause de l’effort qu’il fournit. Moi, je vais essayer d’écarter cet énorme matou…

Le golden retriever court vers Cabos, toujours couché, et l’interroge :

- Vous êtes blessé ?

- Un peu… avoue le berger allemand. Aide-moi à me relever, je te prie.

Plus loin, Mentalos projette de toutes ses forces le Colonel Firat, qui atterrit à

une dizaine de mètres. En s’écrasant au sol, l’anneau de glace qui entourait ses deux

pattes se brise. Le tigre est à nouveau libre de ses mouvements, mais sonné par la

chute brutale qu’il vient de subir.

- Tous dans l’ascenseur ! crie le Général Cocker en se relevant.

L’escadron d’élite s’y précipite aussitôt ; Mentalos utilise le badge spécial pour

ouvrir les portes. Soudain, un rugissement sauvage résonne dans les couloirs. Les

quatre Canins se retournent et aperçoivent le Colonel Firat dans un état de fureur

totale. Ses vêtements déchirés et tachés de sang dévoilent en partie son

impressionnante musculature. Son regard, c’est celui d’un fauve prêt à se jeter sur

sa proie pour ne pas la laisser s’échapper. Totalement enragé, le tigre se rue à quatre

pattes vers l’escadron d’élite. Les Canins se précipitent à l’intérieur de l’ascenseur,

dont les portes se referment trop lentement. Pourtant à bout de souffle, Mentalos

essaie de ralentir le fauve grâce à ses superpouvoirs, ce qui ne fonctionne pas

beaucoup.

Au dernier moment, Firat se cogne contre les deux portes de l’ascenseur qui se

sont refermées à temps. Enfin, l’escadron d’élite peut souffler pendant quelques

instants, pendant leur ascension.