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Le Festival de la couille

Le Festival de la couille

Published Mar 24, 2021 Updated Jan 11, 2022 Culture
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Le Festival de la couille

Bon pour un livre, comme titre ça se pose là, n'est-ce-pas ? Impossible de passer à côté sans que l’œil ne s'y accroche. À vrai dire c'est même un chouïa trompeur quant au contenu. Le titre complet est en fait Le Festival de la couille et autres histoires vraies, alors qu'en VO le bouquin se nomme Stranger than fiction que je trouve bien plus approprié et révélateur de ce qu'il contient. Le Festival de la couille (en VO Testy festy) n'est en réalité que le titre du premier texte, car ce livre est un recueil. Non pas de nouvelles mais plutôt de textes à caractère journalistique. Car Chuck Palahniuk n'est pas seulement romancier, il a aussi été journaliste.

 

On retrouve donc dans ce recueil une vingtaine de textes répartis en trois parties. Dans la première partie nommée Ensemble, Palahniuk s'intéresse à certains points très précis, certaines caractéristiques improbables et qui relient les gens entre eux, en des réseaux parfois restreints mais révélateurs d'une vraie identité forte. Ainsi on trouvera ce reportage sur un festival du Montana où tout le monde se retrouve en une gigantesque fête orgiaque campagnarde qui semble n'avoir aucune limite d'ordre moral, tout en dégustant des testicules de taureaux au barbecue. On entrera dans l'univers très spécial des adeptes de lutte gréco-romaine qui pour seule récompense à une vie d'ascète ultra-exigeante ont droit à de belles oreilles en choux-fleurs et parfois un demi quart d'heure de gloire avant une existence complète dans l'indifférence et le dénuement le plus total. On plongera dans une compétition un peu particulière au cours de laquelle s'affrontent en une apocalypse mécanique, tels des gladiateurs mad-maxiens, des agriculteurs juchés sur des moissonneuses-batteuses de combat, les champs se transformant en arène antique jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une machine agricole en état de rouler... On découvrira que pour vivre la vie de château certains passionnés sacrifieront tout afin de construire de leur propre main une réplique de citadelle moyenâgeuse perdue quelque part dans l'Amérique profonde. On verra que les États-Unis croulent sous le nombre d'apprentis romanciers et de d'écrivains en herbe qui n'aspirent qu'à faire fortune en vendant un scénario aux studios hollywoodiens, mais que pour y parvenir ils doivent au préalable payer de leur poche pour avoir le droit d'exposer leurs œuvres aux potentiels acheteurs...

 

Dans une seconde partie titrée Portraits, Chuck Palahniuk interviewe quelques personnes, connues ou anonymes, pour en dresser un portrait tout en nuance. On croisera ainsi le chanteur-brailleur Marilyn Manson, l'actrice-chanteuse Juliette Lewis, les écrivains Amy Hempel et Andrew Sullivan ou encore la secouriste Michelle Keating et Brian Walker alias Rocket Guy.

 

Enfin dans la dernière partie, Seul, Palahniuk se met lui-même en scène, narrant quelques expériences personnelles sur un ton tantôt drôle quand il narre les conditions très spéciales dans lesquelles il a été vendre son script de Fight Club à Hollywood, tantôt mélancolique quand il se souvient de son boulot d'accompagnateur pour personnes en fin de vie, tantôt poignant quand il raconte ce jour où il est allé reconnaître le corps de son père à la morgue.

 

Ce livre est le premier que je lis de cet auteur, que je ne connaissais jusqu'alors que de nom, et bien entendu dont j'ai vu (et adoré) l'adaptation au cinéma de son roman le plus célèbre Fight Club. M'est avis que pour le découvrir, ce bouquin n'est peut-être pas le meilleur choix. Ne serait-ce que parce qu'il n'est certainement pas le plus représentatif de son œuvre et pour cause : c'est son premier texte non-fictionnel paru en français. Mais je me doute bien cependant que le style de l'écrivain est là quant à lui, et ne doit pas beaucoup varier de ce que j'ai lu. Ne sachant absolument pas à quoi je m'attaquais en entamant ce livre (c'est ce qui arrive quand on ne se fie qu'au titre, ce qui m'arrive assez souvent), j'ai été un tantinet déçu en m'apercevant qu'il ne s'agissait pas d'une fiction mais plus de reportages un peu à la manière d'un Strip-tease sur papier (je fais référence évidemment à l'excellente série belge de documentaires télévisés qui prennent la forme de portraits et de tranches de vies à la fois touchants, bruts de décoffrage et sans concession). Et pour tout dire, certains aspects et détails très techniques de la vie d'un constructeur de château-fort en toc ou d'un lutteur amateur ne m'ont pas toujours passionné... Mais s'il est une chose qui ressort de ce livre, c'est l'humanité avec laquelle Palahniuk observe ses contemporains, y-compris les plus étranges. Il ne pose pas de jugement, il essaie de rendre au plus proche de la réalité ce qu'il voit et ce qu'ils vivent. Il décrit des univers insoupçonnés avec précision et dans le respect des passionnés qu'il rencontre. Libre à chacun de décider si tel ou tel siphonné du bocal mérite notre attention de lecteur ou non.

 

Ce qui est certain, c'est que le monde réel, comme l'indique le titre original, dépasse parfois bien largement en étrangeté les fictions les plus folles. Et que pour peupler ses romans de personnages loufoques et déjantés, Chuck Palahniuk démontre qu'il suffit de savoir regarder autour de soi et de piocher dans ce que l'on voit.

Cet article a été initialement publié sur mon blog : www.moleskine-et-moi.com

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