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Damian
Quelle petite sotte.
Je crois que je n’ai pas vraiment réfléchi avant d’agir. À peine notre deuxième titre, un classique, commence-t-il à résonner que la foule s’agite. J’aurais dû me douter dès l’instant où je l’ai vue, fragile au milieu de tout, que cela ne se finirait pas bien pour elle. J’ai jeté un rapide coup d’œil vers Kai, et il a compris immédiatement. Il modère son rythme à la batterie, signalant à Logan que c’est son moment de briller à la guitare. Je prends le temps de poser mon micro sur son pied, tout en screamant les dernières paroles de mon couplet. Les gars se chargeront du reste, et je reviendrai au breakdown.
Je me précipite hors de la scène avec une certaine irritation. J’aurais dû anticiper ce qui se passerait lorsque notre deuxième titre, toujours un catalyseur de chaos, commencerait à résonner. En voyant Arya, visiblement perdue et fragile au milieu de la foule en délire, une partie de moi regrette de l’avoir laissée là. C’est une erreur de jugement de ma part, pas une préoccupation pour elle, je me l’assure.
Je saute de la scène et me dirige vers sa direction, le regard fixé sur Arya. Elle se débat, tentant de rester debout alors que le mosh pit autour d’elle gagne en intensité. Mon intervention n’est pas motivée par un désir de jouer les héros, mais plutôt par une impulsion de corriger rapidement un problème potentiel qui pourrait compliquer la soirée.
Arrivant à ses côtés, je soupire bruyamment, et saisis son bras, peut-être un peu plus brusquement que nécessaire.
— On sort de là, dis-je d’un ton qui n’admet aucune réplique, ma voix couvrant à peine le rugissement de la musique.
Je la porte par-dessus les barrières, et la traîne vers les backstages, en suivant le couloir réservé aux photographe. Une fois à l’écart, je scrute rapidement son visage pour m’assurer qu’elle n’est pas blessée. Ce serait le dernier problème dont j’aurais besoin.
— Tu vas bien ? demandai-je.
La réponse m’importe peu, mais pour des raisons de sécurité, il est préférable d’informer les secours si elle est blessée.
— Oui, merci, répond-elle.
— Fais attention à toi. Ce n'est pas un jeu, ajoutai-je avant de retourner sur scène.
Je retourne à la scène sans un autre regard en arrière, me replongeant dans la performance. Ma brève sortie n’était qu’une pause nécessaire pour gérer un désagrément. Arya est maintenant en sécurité, et cela suffit pour me permettre de me reconcentrer sur le concert, laissant derrière moi toute trace de l’incident, aussi minime soit-elle.
Alors que je remonte sur scène, l’adrénaline de l’instant éclipsant tout le reste, chaque note jouée par le groupe me ramène à mon rôle de leader. Mais à mesure que l’énergie du moment s’apaisait, une vague de réalisation me submergeait. J’avais plongé dans cette foule, un acte totalement contraire à mon agoraphobie, qui me rend habituellement si réticent à m’approcher des masses compactes et imprévisibles.
Respirant profondément, j’essaie de calmer le début de panique qui menace de s’installer. Mon cœur bat à tout rompre, non pas seulement à cause de l’intensité de la performance, mais aussi parce que je viens de confronter l’un de mes plus grands malaises. Pourquoi ai-je fait ça ? Était-ce simplement l’instinct, un élan de responsabilité envers une journaliste que je connais à peine ? Ou y a-t-il autre chose, un besoin inconscient de me prouver que je peux surmonter mes propres peurs ?
Je laisse les puissantes vibrations de la basse et les éclats du synthétiseur me ramener à la réalité du spectacle. Pourtant, l’image d’Arya, vulnérable et presque submergée par la foule, continue de me hanter. Il y a eu un moment, juste un instant, où quelque chose dans son regard m’a poussé à agir contre mes propres instincts. C’est déroutant, et franchement, un peu alarmant.
Pendant que je chante, ma voix traverse les paroles familières, mais mon esprit tourne en boucle sur cet acte impulsif. Plonger tête première dans une foule est quelque chose que j’évite normalement à tout prix. Cela m’a coûté, même maintenant, alors que la sueur froide commence à perler sur mon front, non pas à cause des projecteurs, mais à cause du souvenir de l’oppression de la foule.
Quand le concert touche à sa fin, et que les derniers applaudissements résonnent, je prends un moment pour moi, debout, isolé juste derrière le rideau de scène. Les autres célèbrent, mais j’ai besoin de quelques instants pour reprendre pleinement possession de mes sens. Mes pensées errent encore autour de l’incident avec Arya. Ce soir, j’ai franchi une barrière personnelle, et bien que cela ait aidé Arya, cela m’a également ouvert les yeux sur une facette de moi-même que je ne connaissais pas encore complètement.
Alors que je m'apprête à rejoindre le reste du groupe, une silhouette apparaît brusquement devant moi. Elle arrive de nulle part, comme surgie des coulisses, et sa présence est une interruption frappante dans le chaos post-concert. C’est une jeune femme blonde, les cheveux parfaitement lissés, et elle porte une robe noire audacieuse qui accentue son apparence. Son allure est séduisante, presque provocante, contrastant fortement avec l’ambiance de la scène.
Ses yeux sont d’un bleu profond, capturant la lumière avec une intensité presque féline. Elle s’approche avec une assurance qui frôle la précipitation, et son sourire est large, affichant une confiance qui semble un peu trop calculée.
— Damian, dit-elle d'une voix douce mais chargée de sous-entendus.
Je l’observe. Il n’est pas rare qu’une femme arrive de la sorte après un concert. Son approche m'interpelle immédiatement. La mention de mon nom, suivie d'un regard aussi insistant, me met sur la sellette.
— Oui ? répondis-je, en haussant un sourcil.
Son sourire s’élargit, comme si elle était satisfaite d'avoir capté mon attention.
— Je suis Lisa, une grande fan de ta musique, et j’ai entendu dire que tu appréciais avoir de la compagnie pour te détendre après le concert, dit-elle en se rapprochant davantage.
Son ton est à la fois séducteur et insinuant, et il ne faut pas longtemps pour comprendre ses intentions. Elle ne semble pas intéressée par une conversation normale, mais plutôt par quelque chose de plus intime. Je me demande si elle représente une partie de ce que l’industrie musicale attire parfois : des fans qui cherchent à profiter d'une opportunité pour se rapprocher des stars de manière plus personnelle.
— Oh, je vois, dis-je, essayant de maintenir un ton neutre. Tu es venue pour me rencontrer après le show, c’est ça ?
Elle hoche la tête avec un sourire complice, ses yeux pétillant d'une excitation mal dissimulée.
— Exactement. Je pensais que tu pourrais vouloir t’amuser un peu, te détendre après cette performance incroyable, ajouta-t-elle, son regard se fixant sur moi avec une intensité presque palpable.
Je regarde autour de moi, constatant que les autres membres du groupe sont occupés et que l’ambiance dans les coulisses est en train de se détendre. Je l’attrape par le bras et l’emmène plus loin, à l'abri des regards.