Arya

Je prends une profonde inspiration, cherchant désespérément les mots justes, quelque chose pour briser ce mur qui s’est érigé entre nous. Mais avant que Damian ne puisse dire quoi que ce soit, je parle la première.

— Damian… je ne sais pas pourquoi je suis venue ce soir, avoué-je, ma voix teintée de confusion et de douleur. Peut-être que je voulais des réponses. Ou peut-être que je voulais simplement voir si tout ça a encore un sens.

— Arya, je… Je suis désolé, murmure-t-il, mais ses mots semblent dérisoires face à tout ce qui s'est passé entre nous.

Je le regarde, mes yeux cherchent quelque chose dans les siens, une réponse, un signe, mais je n’y qu’un homme brisé.

— Des excuses ne suffisent pas, Damian. Je ne sais même pas si elles suffiront un jour, murmuré-je, ma voix brisée par l’émotion que je tente tant bien que mal de contrôler.

Il baisse les yeux, incapable de soutenir mon regard, et je vois à quel point la réalité de ce qu'il a causé le dévaste.

— Je sais, souffle-t-il finalement, sa voix à peine audible. Mais je suis prêt à faire ce qu’il faut pour réparer ça… Si tu me laisses une chance.

Je reste silencieuse un moment, luttant visiblement avec mes propres sentiments. Tout est si confus, si douloureux. Je veux croire en ses mots, en ses intentions, mais quelque chose en moi se refuse à y céder complètement.

— Je ne sais pas, Damian. Peut-être qu’il est trop tard, dis-je enfin, ma voix douce mais ferme, sachant que ces mots pourraient être la fin de tout ce que nous aurions pu être.

Le silence s’installe à nouveau entre nous, lourd, presque palpable. Ce moment, cette conversation, pourrait bien marquer la fin de quelque chose, ou peut-être le début d’une lutte plus longue et plus difficile, je n'en suis pas encore certaine.

Finalement, je me détourne légèrement, comme pour signaler que la discussion est terminée pour l’instant, que je ne peux plus continuer à parler.

— Tu devrais aller te préparer, dis-je doucement, essayant de masquer la tristesse dans ma voix. Tu as un concert à donner.

Il hoche la tête, le cœur lourd, sachant qu’il doit me laisser partir, pour l’instant.

— Arya… murmure-t-il, mais je secoue doucement la tête, l’arrêtant avant qu’il ne puisse en dire plus.

— Pas maintenant, Damian. Fais ce que tu as à faire ce soir, puis… on verra, dis-je, avant de me tourner pour m’éloigner, sentant la lourdeur de nos non-dits peser sur mes épaules.

Je m'éloigne, consciente du regard de Damian sur moi, et je ressens le poids de ses mots et de tout ce qui reste en suspens entre nous, me broyer de l’intérieur. Je sais qu’il doit rassembler les morceaux de lui-même pour affronter ce qui l’attend sur scène.

Mon cœur refuse d’admettre qu’un homme que je viens à peine de rencontrer puisse me briser le cœur. D’un point de vue extérieur, tout cela n’a aucun sens. Pour ceux qui observent de loin, cela pourrait sembler ridicule, exagéré, comme une illusion créée par des sentiments précipités. Mais pour moi, c'est inexplicable. Ce que je ressens va bien au-delà de la simple attirance ou de la fascination pour une rock star.

J’ai vu en lui quelque chose de plus profond, quelque chose qu’il ne montre pas aux autres. Derrière l’image publique, derrière la façade du chanteur charismatique et tourmenté, il y a un homme complexe, vulnérable, qui lutte contre ses propres démons. J’ai perçu cette fragilité, ce désespoir qu'il tente de cacher, et c’est peut-être cela qui m’a touchée plus que tout. C’est comme si, en un instant, j’avais pu voir au-delà de tout ce qu’il montre, au-delà des murs qu’il a érigés pour se protéger du monde.

Je ne peux pas l'expliquer, et pourtant, c’est bien réel. Ces sentiments qui me submergent, cette connexion inexplicable, tout cela semble irrationnel, et pourtant, je ne peux pas les ignorer. Il y a quelque chose en lui qui résonne profondément en moi, quelque chose qui m'attire et me repousse à la fois. C’est effrayant et enivrant, une contradiction vivante que je ne sais pas comment gérer.

Alors oui, d’un point de vue extérieur, cela n’a aucun sens. Mais pour moi, cela va bien au-delà de ce que je peux comprendre ou exprimer. C’est comme si, en voyant Damian pour ce qu'il est réellement, j’avais également vu une partie de moi-même que je n'avais jamais vraiment explorée. Et maintenant, je me retrouve déchirée entre la raison et ce sentiment inexplicable qui refuse de disparaître.

Le groupe apparaît sur scène, les lumières s’allument brusquement, illuminant les silhouettes familières de Damian et des autres membres de Crimson Shadows. La foule réagit immédiatement, un rugissement collectif qui secoue l’air et fait vibrer le sol sous mes pieds. Je ressens l’énergie électrique qui traverse la salle, mais je reste en retrait, préférant observer à distance.

Selena me rejoint en coulisse, un sourire radieux sur le visage. Elle a toujours aimé se mêler à la foule, s’immerger dans l’adrénaline des concerts, mais ce soir, elle semble comprendre mon besoin de rester en retrait.

— Ça commence à devenir dingue là-dedans, me dit-elle en se penchant légèrement pour me parler par-dessus le bruit de la musique. Mais je suppose que tu préfères éviter les mosh pits ce soir ?

Je hoche la tête, soulagée qu’elle comprenne sans que j’aie besoin de lui expliquer. Mon esprit est encore embrouillé par tout ce qui s’est passé, par les conversations non résolues, par cette tension persistante qui semble m’envelopper. La simple idée de me retrouver au milieu de la foule, bousculée par des corps en mouvement frénétique, m’épuise d’avance.

— Ouais, je préfère rester ici, dis-je en jetant un coup d'œil vers la scène où Damian se prépare à entamer la première chanson. Je veux juste… observer ce soir.

Selena acquiesce, respectant mon espace. Elle sait que je traverse quelque chose de complexe, et bien qu'elle ne puisse pas tout comprendre, elle est là pour moi, silencieuse. Je suis reconnaissante de sa présence apaisante.

Les premières notes de musique résonnent, puissantes et chargées d’émotion. Damian s’avance vers le micro, son visage concentré, ses yeux fixés sur la foule en délire. Il semble complètement absorbé par l’instant, et je ne peux m’empêcher de me demander à quoi il pense en ce moment, s’il ressent ce même mélange de doute et de détermination que moi.

Les mots de la chanson commencent à se déverser, portés par sa voix rauque et profonde. Les paroles, comme toujours, sont un mélange de douleur et de passion, une confession en musique qui semble venir d’un endroit bien plus sombre que la surface. Je me surprends à me perdre dans le rythme, à me laisser emporter par l’émotion brute qui émane de la scène.

Même à distance, je ressens cette connexion inexplicable avec lui, ce lien que je ne parviens pas à comprendre mais qui refuse de s’éteindre. C’est comme si, malgré tout ce qui nous sépare, nous étions toujours liés par quelque chose de plus grand que nous, quelque chose qui dépasse les mots et les explications.