

Falcon-Dog 2 - Chapitre 8 bis
Auf Panodyssey kannst du bis zu 10 Veröffentlichungen im Monat lesen ohne dich anmelden zu müssen. Viel Spaß mit 7 articles beim Entdecken.
Um unbegrenzten Zugang zu bekommen, logge dich ein oder erstelle kostenlos ein Konto über den Link unten.
Einloggen
Falcon-Dog 2 - Chapitre 8 bis
Lisa se balade seule, dans le village des épagneuls, quand elle passe devant l’une
des nombreuses huttes. Elle s’arrête un instant, juste devant celle-ci.
La porte est ouverte, des voix proviennent de la hutte :
— …solé mais j’connais pas grand-chose sur c’te bande de loups sacrés. ‘Peux
point vous aider… J’voudrais bin, mais j’peux point.
— Pas de soucis. Cependant, j’aurais une autre question à vous poser, si cela ne
vous dérange pas.
— Dites toujours, mais j’vous garantis rin du tout.
— Est-ce que vous savez si les loups sont les seuls à vivre au Hurle-Bois ?
Cette voix bien familière ne surprend pas Lisa : c’est évidemment Cabos qui
demande quelques informations. Dans la maison en bois, tout-à-l’heure, elle n’a rien
osé lui dire de ce qu’elle savait. Rien de ce qui concerne le pouvoir de Mauve, ou
encore le mystérieux individu… Par curiosité, Lisa écoute la suite :
— Ma foi ! ‘Sont pas nombreux, les fous qui s’aventurent là-dedans, et encore
moins ceux qui y vivent… Mais j’peux vous dire qu’une fois, en partant à la chasse
avec mes gars, j’en ai vu un ! C’te dingue-là, il devait vivre dans les profondeurs du
Hurle-Bois, pour sûr.
— Et… vous lui avez parlé ?
— C’est lui qui nous a gueulé d’sus ! On venait de réussir à tuer un satané loup,
qui rôdait près de not’ village. Et pi v’là le fou qui vient nous faire la morale, nous
dire qu’on a pas l’droit de faire ça. Mais c’est notre sécurité, qu’est en jeu ! Il vit
seul dans son coin tout pourri, et c’est bin fait pour lui ! Et avec ça, il sent mauvais.
Son odeur, c’est po du tout une odeur de chez nous, non. Son odeur, c’est une odeur
d’étranger…
« Etranger ? » se répète Lisa, toute songeuse. Pour elle, ça ne fait aucun doute :
il parle de l’autre… Elle se tient toujours à l’écart de l’épagneul, mais assez près
pour suivre le moindre de ses mots. En écoutant tout cela, elle prend suffisamment
confiance pour intervenir dans cette conversation. Lisa entre dans la hutte, en
surprenant Cabos et l’épagneul, puis déclare :
— Je l’ai déjà rencontré, votre « étranger ». Et je me fiche de ce que vous en
pensez, si son odeur est étrangère, s’il défend les loups ou s’il n’est pas d’accord
avec vous ! Peu importe, car il a beaucoup de choses à nous apprendre et …
— Du calme Lisa, intervient l’Amiral Cabos en se levant tranquillement. Viens
avec moi.
Sous le regard irrité de l’épagneul, les deux Canins sortent de la hutte. Lisa est
un peu plus apaisée, maintenant. Elle reprend d’une voix basse, pour que seul Cabos
puisse entendre :
— Il m’a parlé, hier soir. S’il est venu vers moi, c’est grâce à Mauve.
169
— Comment ça ? Je ne suis pas sûr de comprendre… Tu dis que ta louve a réussi
à attirer l’Etranger ?
Lisa montre sa blessure cicatrisée à l’Amiral et prend le temps de tout lui
raconter. En écoutant son récit, il prend conscience du pouvoir de guérison de cette
louve. Sa curiosité le pousse à aller plus loin :
— Merci de m’avoir expliqué tout ça, Lisa. Ce sont des informations très
précieuses. J’ai une dernière question, qui concerne directement la mission, et qui te
concerne avant tout.
La sabrador a la vague impression qu’elle va recevoir des responsabilités.
— L’équipe te fait entièrement confiance et, désormais, je m’en remets à toi.
D’après toi, Lisa, est-ce que nous devons partir à la rencontre de l’Etranger ?
L’île maudite tremble sous les pas de Férus depuis plusieurs heures. L’énorme
fauve s’est déplacé à travers son vaste territoire, entouré d’innombrables panthères,
afin de rejoindre le fameux Mur de Brume. L’indestructible, l’infranchissable,
l’insurmontable Mur de Brume. Il se dresse, là, devant lui, s’étale sur des kilomètres.
Férus n’est désormais qu’à quelques pas de l’épais brouillard.
Cette longue traversée lui a permis d’emporter avec lui toutes les panthères du
reste de l’île. Elles sont désormais toutes là, autour de lui, à s’affairer à leur unique
tâche, leur mission, leur devoir : fragiliser le Mur de Brume. Malgré les panthères
prises au piège dans les marécages, certaines sont déjà parvenues à traverser. Leur
nombre ne fait qu’augmenter. Elles attaquent déjà les villages en meute, se
répartissent dans les quatre coins d’Ethélys, terrorisent tous ceux qu’elles
rencontrent. Néanmoins, Férus a d’autres ambitions bien plus grandes : il aspire à
libérer la totalité des panthères de son île. Ainsi, il pourrait écraser lui-même le
monde qu’il rêve de réduire en cendres depuis si longtemps. Ses nombreux rêves où
Ethélys sombre dans un chaos infernal sont loin d’être réalisés, à ce jour… mais dès
que ses sbires auront détruit le Mur de Brume, rien ne pourra l’arrêter. La
gigantesque armée sera guidée par Férus, qui sera lui-même guidé par la haine.
Auprès de toutes les autres panthères, qui soufflent toujours leur feu sur la brume
épaisse, Férus décide de participer lui-même. Le fauve terrifiant crache ses
immenses flammes, plus imposantes que celles des autres, dans un vacarme
assourdissant. La fragilisation du Mur de Brume s’accélère, de manière inexorable,
encore et toujours. Le brouillard s’affaiblit progressivement, devant les yeux de
Férus. Ce n’est qu’une question de temps, selon lui, pour que tout se dissipe.
— Alors c’est ça, le fameux « serpent d’eau » ? demande Billy en observant un
fleuve avec un débit important. Il doit être sacrément puissant, dis-donc !
— Sûrement, répond Lisa sans arrêter sa marche, mais nous ne devons pas traîner
car notre voyage n’est pas encore fini. Souviens-toi des paroles de l’Etranger : il faut
rejoindre l’endroit où « la langue fourchue du serpent d’eau se sépare en deux ».
L’équipe s’enfonce dans le Hurle-Bois, c’est bientôt la tombée de la nuit. Hors
de question d’attendre plus longtemps, selon Lisa, pour aller à la rencontre de ce
mystérieux personnage. Naturellement, les Canins ont écouté le récit de sa
mystérieuse rencontre et lui ont accordé leur confiance pour partir le soir-même, sans
patienter un jour de plus. Rien que tous les cinq, en comptant Mauve, mais sans
escorte de soldalmatiens afin d’être plus mobiles et discrets. Certes, l’équipe
progresse vite, mais toujours avec prudence. La dernière fois, les Canins ont eu de
la chance de tomber sur une louve aussi docile que Mauve… sauf que ce n’est pas
le cas chez la plupart des loups du Hurle-Bois !
Falcon-Dog, quant à lui, a eu du mal à se décider à partir. Pour lui, quitter
Mentalos pendant un certain temps c’est risquer de ne pas le voir se réveiller. C’est
sa confiance envers Lisa qui l’a convaincu. Lorsque les soldalmatiens et artilleurs –
ainsi que le dernier pilote – ont appris qu’ils devaient rester au village des épagneuls,
ils ont rassuré Falcon-Dog en lui promettant de toujours garder l’œil sur Mentalos.
Ils se chargeront aussi de l’alimenter en eau et en nourriture. D’autre part, ils ont
reçu l’ordre de l’Amiral Cabos de ne surtout pas parler de leur expédition chez
l’Etranger aux épagneuls. Ils pourraient devenir méfiants… Ces chiens de chasse
sont en effet hostiles à cet individu, aussi particulier soit-il. Donc il n’est pas question
de les embrouiller.
Après un certain temps de marche, l’Amiral Cabos se risque à escalader les
branches d’un arbre pour prendre un peu de hauteur. Il se saisit de ses jumelles puis
annonce :
— On se rapproche de notre destination ! Je vois déjà la fameuse « langue
fourchue du serpent d’eau ». Il y a une nette séparation du fleuve en deux cours
différents.
En continuant à marcher dans le Hurle-Bois, les Canins atteignent en effet le
point de séparation indiqué par l’Etranger. Une joie inexplicable s’empare de Lisa.
Suivie de sa fidèle Mauve, elle s’élance vers une tente qui se dresse près des
buissons. La sabrador ne fait pas attention au piège tapis sous les feuilles à l’entrée
de la tente. Une corde se tend, un lasso se resserre autour de ses pattes. Elle se
retrouve piégée, puis tombe au sol.
— Qu’est-ce qui t’arrive, Lisa ?! s’inquiète Falcon-Dog en accourant.
— Je n’ai rien, ça va…
Ses trois équipiers se rassemblent autour d’elle en urgence. Le nœud est
impossible à défaire et la corde est trop solide. Impossible de la libérer. Une voix les
surprend tout-à-coup, derrière eux, comme sortie de la nuit. Son accent semble…
étranger :
— Je n’aurais pas songé que tu allais ramener ta petite escouade.
Tous les yeux sont rivés sur lui. Lui, avec sa capuche et son ton provocateur. Lui,
qui ressemble parfaitement aux descriptions de Lisa. Seul son collier, constitué d’une
dent, n’a pas pu être vu par Lisa, ce soir-là. L’Etranger au visage masqué est scruté,
surveillé, dévisagé par les visages méfiants des Canins qui envisagent de se défendre
de cet individu sans visage. D’où vient-il ?
— La prochaine fois, tu éviteras de tomber dans un piège aussi évident, tout de
même !
Sur ces mots teintés de mépris envers Lisa, l’Etranger sort promptement un
poignard, comme pour intimider l’équipe des Canins. L’Amiral Cabos ne quitte pas
son sniper-à-croquette mais garde sa méfiance pour lui. Il le regarde taillader la
corde, d’un geste aguerri, et délivrer Lisa. Tout cela, sous les grognements de
Mauve, qui s’est pourtant montrée silencieuse jusque-là. Elle semble dire « Pas
touche à ma nouvelle amie ! ». Falcon-Dog ne le quitte pas des yeux, lui non plus.
Le super-chien ne pense pas que cet individu se servira de son poignard pour les
menacer… mais, après tout, personne ne le connaît suffisamment pour en être
certain.
L’Etranger s’écarte ensuite de la tente, à la surprise générale, puis soulève un tas
de feuilles pour dévoiler son véritable abri : un terrier. La tente n’était donc qu’un
leurre, accompagné d’un piège. Cela évite les mauvaises rencontres, au moins…
Après avoir soigneusement dégagé l’entrée du terrier, il savoure le silence de
stupéfaction des Canins qui l’observent. Puis il se contente de s’incliner et de dire :
— Veuillez entrer.

