Chapitre 8 : Les flammes de l’enfer

La température du Canyon rouge n’a jamais été aussi élevée. La simple présence

de Férus et ses panthères suffit à réchauffer l’air ambiant. Désormais, ils ont retrouvé

toute l’énergie nécessaire. C’est le moment : Férus est prêt à prendre la route.

Le groupe se déplace désormais à travers le Canyon rouge. Toujours impuissant, la

« conscience de Suprêmiaou » assiste au début du voyage sans pouvoir intervenir.

C’est trop tard, de toute manière, puisque Férus a déjà tout planifié…

La première chose à faire est d’éliminer ses ennemis ancestraux, les loups sacrés.

Depuis la bataille de la colline du Saint Bernard, leur nombre ne dépasse pas trente

même en comptant les cinq membres de la Meute sacrée. Ces trente loups possèdent

des pouvoirs de brume et, pour certains, des pouvoirs de guérison. Ensemble, ce sont

de redoutables ennemis dont Férus doit se débarrasser une bonne fois pour toutes.

La seconde chose à faire est d’avertir toutes les panthères réparties dans Ethélys.

Elles doivent se mettre en route vers la Vallée volcanique pour soutenir Férus. Mais

pour cela, il doit lancer un signal fort. Plus puissant encore que ses rugissements, car

leur portée est limitée.

Ces deux missions vont être accomplies en même temps, en réalité : la veille,

Férus a envoyé une panthère noire pour porter un message. Elle est partie rejoindre

d’autres panthères autour du Hurle-Bois afin de leur donner un ordre. Un ordre qui

émane directement de Férus. Un ordre qui peut être résumé en deux mots.

Tout incendier.

Chaque panthère se trouvant aux alentours de cette forêt millénaire se joint à la

tâche pour souffler son feu dévastateur sur le Hurle-Bois. Les villages des épagneuls,

en lisière de forêt, ne sont pas épargnés non plus : leurs nombreuses habitations en

bois sont dévorées par l’incendie. Quelques épagneuls arrivent à s’enfuir dans

Ethélys, mais ils ont tout perdu.

De tous les côtés, les innombrables arbres du Hurle-Bois succombent aux

flammes de l’enfer. La verdure fait place à la cendre et à la mort. Un nuage de fumée

grisâtre commence peu à peu à s’élever. Au fur et à mesure, c’est une gigantesque

colonne noire qui va se dresser dans le ciel, surplombant Ethélys et donnant ainsi le

signal à toutes les panthères. Le signal de l’attaque.

Falcon-Dog redouble d’efforts dans les trois parties de son entrainement : rafales,

courses et équilibre. Les pensées de Billy et Lisa l’accompagnent et le motivent en

permanence. Parfois, l’Ancien vient l’encourager mais depuis le début de la journée,

Falcon-Dog n’a jamais revu Hudoros. Lorsqu’il demandait où il se trouvait, on lui

répondait toujours ainsi : « Il est occupé. »

Lors d’un exercice, Falcon-Dog a réussi à

repousser Anéma avec une puissante rafale.

Celle-ci n’a pas hésité à augmenter la difficulté

de cet entrainement. Son disciple devait être

capable de créer des rafales en plein saut. Et pas

seulement avec les pattes avant… L’intérêt de la

maitrise du vent est de donner des impulsions

avec les pattes postérieures pour sauter plus haut

et pour se propulser vers l’avant. Plus facile à

dire qu’à faire !

Les premières courses avec Elie n’ont pas été une réussite, c’est vrai… mais il

faut avouer que les panthères de neiges sont bien plus habituées aux reliefs

montagneux que lui. À force de recommencer, encore et encore, Falcon-Dog

s’adapte aux terrains rocheux et enneigés du Crogel. Il retient les leçons d’Anéma et

crée des rafales avec ses pattes postérieures pour aller encore plus vite. Ce mode de

déplacement n’est pas intuitif. C’est un peu comme s’il fallait se déplacer avec

échasses équipées de puissants ressorts. Mais Falcon-Dog apprend toujours aussi

vite : il parvient à dépasser Elie au bout de la sixième course !

Les leçons d’équilibre sont bien plus ardues qu’elles n’y paraissent. Anéma

ordonne à son disciple de rester sur une roche pointue sans bouger d’un poil. Si ce

n’est pas trop compliqué, elle augmente le niveau en bombardant Falcon-Dog de

rafales de vent. Le super-chien est déjà tombé plus d’une fois mais il est parvenu à

ralentir sa chute grâce à sa cape. Il tenait chaque bout de sa cape et l’utilisait comme

un parachute. Plutôt pratique ! Après une heure d’exercices d’équilibre, le disciple

parvenait à esquiver les bourrasques sans difficulté.

Ces trois types d’exercices ont permis à Falcon-Dog de travailler différents

aspects de la maîtrise du vent. Il a également retenu l’importance des mouvements

et des postures pour utiliser cet élément. Ce nouveau pouvoir est très polyvalent,

aussi efficace pour se déplacer que pour attaquer.