– Mais … c’est ma cape ! Et mon médaillon !

L’Ancien rend à Falcon-Dog la cape qu’il a perdu durant le voyage, ainsi que

son médaillon.

Le golden retriever est très reconnaissant envers cette panthère des

neiges, mais ne sait pas comment le lui montrer. Il hésite à la caresser, car il se méfie

toujours des félins sauvages. Falcon-Dog prend sur lui et parvient à lui gratter le dos,

ce qui ne semble pas lui déplaire ! Elie plisse les yeux et ronronne affectueusement.

– Il faudra que tu sois capable d’anticiper son arrivée, reprend Anéma d’un ton

plus sérieux. Discrète et rapide, Elie sera un très bon compagnon d’entrainement

pour toi. Tu devras être capable de te déplacer plus vite qu’elle. Sois comme le vent,

Falcon. Essaie de te détacher du sol le plus souvent possible.

– J’ai réussi à battre à la course les meilleurs lévriers de la Révoltruffe ! se vante

Falcon-Dog en bombant le torse. Il faut dire que mon principal atout, c’est la vitesse.

– Reste humble. Tu es peut-être le plus rapide sur une route plate mais les

montagnes offrent un décor complètement différent. Il te reste encore beaucoup de

travail, je préfère que tu sois conscient de cela.

Un peu vexé, Falcon-Dog comprend pourtant ce qu’Anéma veut dire. Il hoche la

tête et lui demande quand va débuter l’entrainement.

– Dès que tu parviendras à créer ta première rafale de vent. Ce n’est pas une tâche

impossible mais cela requiert de la concentration. Pour cela, il faut inspirer

profondément et donner un coup extrêmement vif. Tu dois fouetter l’air le plus

rapidement possible !

À plusieurs reprises, le super-chien applique ses conseils … mais sans succès.

Cela lui semble impossible. Comment donner un coup suffisamment rapide pour

déclencher un mouvement d’air ?

Les minutes défilent, les unes après les autres, jusqu’à la première rafale :

Falcon-Dog parvient à donner un coup suffisamment rapide dans l’air. L’Ancien,

qui est resté là pour l’observer, affiche un grand sourire. Pas Anéma, en revanche.

Cette dernière se contente de prononcer un unique mot :

– Recommence.

Toute la matinée s’est passée ainsi. Falcon-Dog réussit à créer une rafale environ

une fois sur vingt. Puis Anéma lui dit de recommencer. Au bout de deux heures sans

pause, le super-chien finit par tomber de fatigue. Ses pattes avant sont engourdies et

lui causent une douleur lancinante. L’Ancien fait une grimace à Anéma, qui finit par

reconnaître qu’elle est allée trop loin. Elle s’excuse auprès de Falcon-Dog et lui

accorde une heure de pause.

Pendant ce temps de repos, le vieux lynx rapporte de l’eau au super-chien et

discute avec lui. L’éclat lumineux des lointains sommets de glace aux alentours

illumine le visage de Falcon-Dog. Il se sent un peu mieux depuis qu’il se repose,

mais quelques questions au sujet de Férus lui traversent l’esprit. L’Ancien remarque

son air préoccupé et lui dit :

– Si tu as le moindre questionnement, je suis là pour t’éclairer, l’ami.

– En fait, je me rends compte que je ne connais pas assez mon ennemi. Férus est

une grosse panthère qui souffle le feu, et… c’est à peu près tout ce que je sais de lui.

– Férus n’est pas seulement une grosse panthère, crois-moi. Il est capable de

détruire quiconque se dresse sur son chemin. Laisse-moi te conter une petite

histoire… Lorsque j’ai écrit la légende de Férus, il y a une partie du récit que j’ai

volontairement laissée de côté. Il est question de l’île aux lions.

– L’île aux lions ? Je n’en ai jamais entendu parler.

– Tu connais forcément l’île Férus, qui est en vérité un immense archipel. Sur

l’une de ses nombreuses îles, il existait autrefois une population de lions relativement

paisible. Tous étaient réunis sur un même territoire qui portait leur nom, l’île aux

lions. Au moment où les loups sacrés chassèrent Férus et ses panthères, les deux

espèces de fauves se rencontrèrent. Les lions se montrèrent très hostiles face à ces

nouveaux arrivants et j’imagine que tu devines comment tout cela a fini… Un conflit

éclata. Les panthères étaient très nombreuses, mais Férus voulut attaquer seul. Oui,

seul. Seul face à une trentaine de lionnes et une poignée de lions. Férus les tua tous.

(Falcon-Dog en a le souffle coupé.) Il n’eut besoin de personne pour exterminer les

derniers lions d’Ethélys. Les détails de la bataille ne sont toujours pas connus à ce

jour, et c’est pour cela que j’ai choisi de ne pas en parler dans la légende de Férus.

On manque de preuves solides. Cependant, j’ai ma propre hypothèse… Je pense que

Férus possède un pouvoir ravageur : celui de maitriser la lave. On a retrouvé des

roches volcaniques sur l’île aux lions, alors qu’il n’y a aucun volcan là-bas ! Selon

moi Férus est capable de provoquer la fusion de la terre pour créer de la lave.