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Arya
Sur la route, Selena ne perd pas une seconde pour insister sur l'importance de se plonger immédiatement dans l'ambiance du festival. Elle connecte son téléphone au système audio de la Jeep et sélectionne le dernier single de Crimson Shadows. Dès les premières notes, la voiture est envahie par une mélodie à la fois mélancolique et puissante. La voix rauque de Damian Stone s'élève, remplissant l'espace avec une intensité qui me prend presque par surprise.
"Torn apart by the lies we believed,
Scars of the past that never relieved,
Rising from ashes..."
Je me laisse bercer par les paroles, qui résonnent d’une manière que je n’avais pas anticipée. Ce n’est pas aussi brutal que je l’imaginais. Au lieu d’une simple décharge de rage ou d’agressivité, il y a une profondeur émotionnelle, une vulnérabilité qui transparaît dans chaque mot. L’écriture est sombre, presque désespérée, évoquant des cicatrices émotionnelles et une lutte pour surmonter des épreuves passées. Je me rends compte que le parolier des Crimson Shadows doit être un esprit tourmenté, hanté par ses propres démons intérieurs.
Alors que je suis perdue dans mes pensées, Selena rompt le silence, comme si elle avait lu dans mes pensées.
— Tu sais, j’ai lu quelque part que Damian écrit la plupart de leurs chansons, dit-elle, les yeux fixés sur la route mais avec un air pensif. C’est peut-être pour ça que leurs textes sont si intenses.
Je tourne la tête pour la regarder, surprise par cette révélation. Cela explique beaucoup de choses. Damian Stone, cette icône de la scène metalcore, n’est pas simplement un frontman charismatique, mais un artiste complexe qui semble puiser dans ses propres expériences et douleurs pour créer sa musique. Ce mélange d’intensité émotionnelle et de créativité brute me donne une nouvelle perspective sur le personnage que j’avais, jusqu’à présent, perçu surtout à travers son image publique.
— Ça se sent dans les paroles, dis-je doucement. Il y a une sincérité là-dedans… comme si c’était plus qu’une simple performance pour lui.
Selena hoche la tête, un sourire léger sur les lèvres.
— Oui, c’est ce qui le rend si captivant, je suppose. Ce n’est pas juste de la musique, c’est une partie de lui. Et je pense que c’est ce qui attire autant de gens. On peut sentir cette douleur, ce combat, dans chaque mot qu’il chante.
Je ne peux qu’acquiescer en silence, laissant les paroles de Selena et celles de la chanson résonner en moi. À mesure que la musique continue, je sens une connexion subtile mais puissante se former entre Damian Stone et moi, non pas en tant que fans et artiste, mais en tant qu’âmes tourmentées par leurs propres démons.
J’ai mes propres démons, des blessures que j’essaie de dissimuler, des batailles que je mène en silence. C’est peut-être pour cela que je suis si sensible à l’intensité de ses paroles, à la douleur qui transparaît dans chaque note. Ce n’est pas juste de la musique, c’est une expression brute et sincère d’émotions que je connais trop bien. Pour la première fois, je me sens un peu plus proche de sa musique, comme si elle comprenait une partie de moi que je n’avais jamais osé vraiment dévoiler.
Je reste plongée dans mes pensées, absorbée par cette nouvelle compréhension, tandis que la chanson continue de remplir l’espace autour de nous. Chaque mot, chaque accord semble maintenant résonner avec une signification plus profonde, une intimité partagée entre l'artiste et l'auditeur.
Après quelques heures de route, nous arrivons enfin sur les lieux du festival. Plusieurs agents nous contrôlent à l’entrée du parking et je leur montre notre badge d’accès VIP. Ce qu’on peut dire, c’est que tout est bien organisé. C’est la première fois que je mets les pieds dans un festival – qui plus est de métal. Selena, la fêtarde invétérée, semble être dans son élément. Bien que je la croyais plus portée sur l'électro ces derniers temps, il est certain que ses goûts musicaux sont bien trop éclectiques pour être limités à un seul genre.
J’attrape mon bloc-notes, mon badge, et mon dictaphone pour ne louper aucune miette des informations que le chanteur pourra me fournir. Les instruments résonnent en fond sonore, les différents groupes semblent être en pleine répétition. Je respire profondément, essayant de me calmer et de me concentrer sur mon objectif.
— On va passer un super moment, tu vas voir !, s’écrie Selena, ses yeux pétillants d’enthousiasme.
Je ne peux m’empêcher de sourire face à son excitation contagieuse. Le lever du soleil, l’ambiance du festival et la musique nous plongent déjà dans un univers bien différent de notre quotidien à l’université. Je me demande ce que Damian Stone me réserve, et si cette interview sera à la hauteur des attentes de Mme Carter.
Nous sommes accueillies à l’entrée du festival par deux gardes du corps, dont la stature imposante contraste avec l’agitation festive des lieux.
— C’est donc vous que Berkeley nous envoie cette année, dit le garde du corps, me jugeant du regard.
Je suppose que le professeur Carter à l’habitude d’envoyer des étudiants faire ce type d’exercice. D'une démarche décidée, ils nous mènent vers les coulisses. Selena et moi, un peu intimidées par cette escorte inattendue, nous suivons prudemment, échangeant des regards à la fois excités et nerveux.
Le chemin semble s’étirer indéfiniment, serpentant entre les scènes extérieures vibrantes de musique et les stands encore en train de se monter, jusqu’à ce que nous arrivions à une zone clairement isolée du reste du festival. Les sons de l’agitation deviennent un murmure lointain tandis que nous passons sous un porche marqué d'une enseigne lumineuse annonçant "Accès Privé - Artistes".
Je sais que nous avons atteint notre destination lorsque j’aperçois une silhouette familière se détachant contre le fond sombre des coulisses. Là, debout avec une nonchalance calculée, se tient Damian Stone. Son allure sombre est immédiatement reconnaissable : vêtu de noir de la tête aux pieds, il incarne l’image même de la rock star ténébreuse. Sa veste en cuir est entrouverte, révélant un t-shirt de groupe usé, et ses cheveux noirs sont coiffés en un désordre parfaitement maîtrisé.
Damian Stone est en pleine conversation avec un technicien, son air grave trahissant l'importance de ce qu'ils discutent. Pourtant, malgré la concentration visible sur son visage, son regard reste alerte, scrutant occasionnellement l’espace autour de lui comme s’il cherchait quelque chose ou quelqu’un.
C’est alors qu’il tourne la tête dans notre direction. Ses yeux bleus, qui jusqu’alors semblaient si intransigeants, s’assombrissent légèrement en nous apercevant, une ombre passant dans son regard. Un subtil changement traverse son expression, un mélange d’anticipation et de méfiance, comme s'il se préparait à affronter quelque chose d'inattendu. Ce regard perçant, autrefois clair et intense, semble maintenant plus lourd, comme s’il portait le poids de pensées ou de souvenirs enfouis.
Pour un instant, le monde autour de moi semble se figer. Les sons du festival, les mouvements des gens, tout s'estompe, comme si le temps s’était arrêté. Il n’y a plus que ce regard intense, cet échange silencieux qui semble contenir plus de significations que n’importe quel mot.