J’ai eu totalement raison lorsque je me disais que ce cours serait d’un ennui mortel, parce que notre nouvelle enseignante, Madame Chouinard, nous fait lire tour à tour un règlement de l’école. Comme si nous ne les connaissions pas. Elle nous fait ensuite signer un contrat qui nous engage à bien respecter les règlements de cet établissement et aussi à accepter les conséquences prescrites si nous enfreignons le règlement. C’est la première année que nous signons ce genre de contrat. J’ai déjà pitié d’eux, s’ils croient vraiment que les élèves vont vraiment respecter tous les règlements à la lettre, je crois que le personnel de cette école se met le doigt dans l’œil.

Pour finir le cours de français en beauté, la charmante madame Chouinard nous raconte sa vie palpitante de dépressive fraîchement guérie et ne cesse de répéter qu’elle va bien et qu’elle ne retombera pas dans une autre dépression (permettez-moi d’en douter). Les nouveaux enseignants (ou encore les enseignants qui arrivent d’un long congé de maladie) ne connaissent pas très bien leurs élèves en début d’année et ils ne se doutent donc pas à qui ils ont affaire.

Je continue de faire tourner mon crayon entre mes doigts jusqu’à ce que la cloche qui indique la fin de ce cours sonne.

Mme Chouinard : Je vous souhaite à tous une très belle rentrée scolaire et du succès dans vos études.

C’est très gentil de sa part, mais je ne reste pas plus longtemps, j’ai trop hâte de marcher pour me dégourdir les jambes, je n’étais plus habituée à rester aussi longtemps assise sur des chaises aussi inconfortables.

Pendant la pause, je descends au rez-de-chaussée avec Maude, nous nous dirigeons vers la cafétéria pour ensuite faire la file pour que Maude puisse s’acheter une chocolatine. Lorsqu’arrive son tour, elle saisit la dernière pâtisserie dans le présentoir transparent comme une louve affamée. Nous marchons ensuite vers la caisse ou une vieille dame au sourire angélique nous attend pour payer.

Moi : Veux-tu marcher un peu dans les corridors avec moi?

Maude : Pas de problème.

Elle porte la chocolatine à sa bouche pour y prendre une grosse bouchée.

Maude : J’avais tellement faim.

Moi : Je sais, tu ne réussis jamais à être discrète.

Maude : Comment ça?

Moi : J’étais à l’autre bout de la classe et j’entendais ton estomac hurler.

Maude : Pour vrai?

Moi : Non, c’est une blague, mais tu aurais dû te voir lorsque tu as pris la dernière chocolatine. Tu avais l’air d’un lion qui n’a pas mangé depuis deux semaines.

Maude : Tu exagères.

Moi : Même pas.

Il y a un long silence et nous continuons à marcher dans les couloirs bondés d’étudiants trop bruyants qui se bousculent et se chamaillent, quel environnent agréable!

Moi : Et puis toi, pendant tes vacances d’été, qu’est-ce que tu as fait?

Maude : J’ai travaillé et je me suis baignée dans ma nouvelle piscine. Je me suis trouvé un travail d’été dans un petit resto pas loin de chez moi. Ce n’est pas extrêmement palpitant, mais je n’ai pas le temps de m’ennuyer. Et toi?

Moi : Je me suis occupée de la maison, tondre le gazon, m’occuper du potager et de la piscine. Ma mère me paie un peu pour ça, mais la plus grande partie de mon argent de poche vient des voisins qui m’emploient pour tondre leur gazon pendant l’été environ une fois par semaine. Le reste du temps, je m’occupais chez moi.

Maude : Veux-tu aller manger au parc ce midi? Ajoute-t-elle en s’empressant de changer de sujet.

Moi : Bonne idée.

Le parc en question se trouve à quelques pas de l’école, mais est assez loin pour que l’on puisse oublier le temps d’un diner que nous passons la journée assise sur des chaises de bois à écouter des enseignants blasés qui comptent les dodos avant leur retraite. Et c’est vers cet endroit que nous nous dirigeons Élizabeth, Katheryne, Maude et moi dès que le son de la cloche se fait entendre. Aujourd’hui, nous sommes très bien dehors, il fait environ 25°C et je porte une jolie robe soleil. La température est juste parfaite.

Nous décidons de l’emplacement de notre pique-nique en quelques secondes, pour finalement trouver un petit coin d’ombre sous un arbre près d’une parcelle de gazon ensoleillé pour permettre à celles qui veulent bronzer de profiter des dernières semaines de canicules.

Malheureusement, je ne fais pas partie de « celles qui veulent se faire bronzer » car mon teint de vampire fait en sorte que si je passe plus de 30 minutes au soleil sans crème solaire, il se trouve que je passe le reste de la semaine rouge comme un homard. Je n’ai rien contre les homards, vraiment, ça fait seulement très mal.

Moi : J’ai quelque chose à vous dire… Je vais sans doute partir pour Paris dans quelques semaines… Hier, j’ai trouvé quelque chose qui me permettrait de retrouver mes parents biologiques.

Élizabeth : Mais c’est génial, depuis le temps que tu me dis que tu veux les retrouver.

Elle a raison, depuis quelques années je lui en parle à elle, du vide que me cause l’a