Episode 67 : Florigan, le retour
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Episode 67 : Florigan, le retour
La soirée avait été particulièrement longue. J’avais enchaîné les verres de gniole, un liquide infâme qui ressemblait plus à de l’huile de moteur, avec les gars de la résistance. Mes hommes… L’alcool avait aidé les souvenirs à remonter et je me sentais un peu plus, chaque seconde, dans la peau de cet autre Aaron Moridan. Un chef, mais aussi un connard fini. Arrogant et méprisant. Le genre de type que j’avais envie de démonter à coup de bottin dans une salle d’interrogatoire.
J’avais réussi à duper tout le monde. Plus personne n’avait le moindre doute sur mon identité. Même moi, je commençais à y croire… Heureusement, je pouvais compter sur Léila pour me remettre sur le droit chemin. À chaque faux pas, j’avais le droit à une claque derrière la tête. Comme lorsque nous n’étions que de simples coéquipiers dans ce bureau miteux.
Ce matin, devant mon miroir, j’essayai de remémorer chaque instant de cette nuit encore quelque peu confuse. De tous ces visages. De toutes les conversations. J’avais appris pas mal de chose sur ce qu’il s’était passé durant ces cinq années. Riffl avait mis en place une milice – des hommes suffisamment cons pour la suivre sans poser de question – et ne se gênait pas pour passer à tabac tous ceux qui osaient la défier ou remettre en cause son autorité. Une véritable garce !
Certains, comme Lucas, se demandaient même si Riffl n’était pas responsable de ma disparition. Des rumeurs planaient, dont celle d’une alliance entre le caporal et l’entreprise CyberTech. Riffl aurait fait un pacte avec eux – et donc avec Moridan, père – et m’aurait livré pour être reprogrammé. Les deux partis étaient gagnants : Riffl prenait la tête de la résistance et cet enfoiré de Moridan se débarrassait de ce semblant de fils devenu emmerdant.
Mais si tout ceci était vrai, pourquoi me faire revenir après toutes ces années ?
Léila apparut derrière moi. Les cheveux négligemment attachés en arrière. Ma chemise sur les épaules. Pour parfaire le tableau, nous étions obligés de vivre dans la même piaule. Alors pourquoi ne pas joindre l’utile à l’agréable ? J’étais programmé pour ressentir ce petit truc pour elle et je n’avais pas envie de lutter contre. Une partie de jambes en l’air tous les soirs, c’était bon pour le moral !
– On a glissé ça sous la porte.
Elle s’était approchée et avait posé la lettre sur le lavabo devant moi avant de m’enlacer. Dans le miroir, nous donnions véritablement l’impression d’être un jeune couple. Une vision bien étrange.
– C’est quoi ?
– Un mot de Florigan. Il veut te rencontrer.
Florigan… Je pensais en avoir terminé avec lui. Après tout, il avait rempli sa part du contrat et m’avait mené jusqu’à Riffl.
Le pli entre les mains, j’observai l’image. Un homme armé se dirigeant vers un X345. Un vaisseau extraterrestre que l’homme s’était approprié après l’attaque d’il y a 34 ans. Une technologie basique et fiable. Mais le plus intrigant était le paysage autour. Cette plaine aux couleurs orangées au bord d’une étendue d’eau calme. Il me semblait reconnaître le lieu. Mais pourquoi ?
Je relus plusieurs fois le contenu de cette nouvelle carte avant de la jeter sur le lit :
« Bonjour, Aaron. J’espère que vous ne m’en voulez pas trop pour toute cette histoire. Je n’ai rien contre vous – après tout, nous sommes de la même famille – je ne faisais que suivre les ordres de notre cher Caporal Riffl. Une femme délicieuse qui sait exactement ce qu’elle veut. À présent que vous ede nouveau vous-même, il serait bon de nous rencontrer. Pour l’avenir de vos hommes. J’ai fait apprêter un X345. Il passera vous prendre là où tout a commencé, demain 18 heures solaires. Ne soyez pas en retard. F. »
Ça puait le piège à plein nez. J’avais mis Riffl sur le banc de touche et voilà que le psychopathe revenait à la charge. Brave toutou. Et la menace n’était pas subtile. Si je ne me présentais pas au rendez-vous, je mettais tout le monde en danger. Riffl devait se douter de quelque chose. Elle n’était pas dupe. Malgré tous mes efforts, elle avait dû comprendre que son plan ne s’était pas déroulé comme elle l’avait espérée. Les hommes m’avaient bien trop vite accepté. Je l’avais bien trop vite mise à l’écart…
– Merde !
Je rassemblai quelques affaires dans un vieux sac qui, jadis, m’appartenait. Mais Léila ne me laissa pas faire sans réagir :
– Attends, là. Tu comptes vraiment y aller ? Tu te fous de moi, non ?
Elle attrapa ce que j’avais dans les mains pour le balancer par terre. Elle était folle de rage.
– Tu fais quoi ? Hors de question que tu te rendes à ce rendez-vous. C’est encore un piège. Et cette fois-ci, tu ne pourras pas t’en sortir avec un tour de passe-passe. Ils vont te cramer les circuits.
– Je n’ai pas le choix. Tu as lu ce message. Si je n’y vais pas, la résistance sera rayée de la carte. Mais cette fois, je sais qui tire les ficelles. Je ne partirai pas avant d’avoir prévenu les hommes. Je ne partirai pas sans avoir couvert mes arrières.
– Et tu comptes faire quoi, au juste ?
– J’espérais un peu que tu m’aides, pour cette partie du plan.
Je la pris dans mes bras pour l’embrasser, mais elle ne se laissa pas faire. La colère dans ses yeux, le visage sombre, elle ne pouvait se résoudre à me laisser une nouvelle fois partir.
Texte de L.S. Martins (45 minutes chrono, sans relecture).
D'apr-s Image par Fabien Huck de Pixabay : L'Exploration Spatiale Coureur De - Photo gratuite sur Pixabay