Episode 10 : J'ai toute votre attention ?
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Episode 10 : J'ai toute votre attention ?
Le faucon d’or. Héros des temps passés. Je me souvenais parfaitement des histoires de justicier masqué que me racontait Floriane. Des aventures de ce cinglé costumé qui veillait sur la ville jour et nuit. D’après les dires de ma nourrice, il était invincible. Incorruptible. Un véritable mec en or !
Sauf que ce superman des temps modernes s’était fait la malle quelques jours avant que la Terre ait réellement besoin de lui. Juste avant cette attaque venue d’ailleurs qui dévasta notre planète. Il avait déguerpi sans laisser de traces. Sans aucun avertissement. Lâche ou génie ? Telle était la question !
Alors quand j’ai aperçu cette image sur mon bureau ce matin, ça m’a fait brièvement sourire. La miniature d’une affiche placardée dans toutes les rues. Le faucon d’or qui faisait le paon au-dessus de la ville baignée de lumière avec comme message « N’ayez crainte, je veille sur vous. ». Quelle belle connerie ! On pouvait encore trouver quelques spécimens de cette blague au milieu des tas de gravats défraîchis qu’on osait encore appeler immeubles.
Mais cette fois-ci, aucun message de mon tordu de correspondant. Aucun indice ni menace. Juste mon nom, écrit à la plume. C’était pas normal. Toute cette affaire commençait sérieusement à me prendre la tête !
Putain, Moridan, fait un effort ! C’est pas si compliqué ! Tu en as vu un y’a pas si longtemps. Réfléchis !
J’essayai de stimuler ma mémoire en visualisant l’une de ces affiches.
Souviens-toi. C’était pendant une mission sur le terrain. Elle était dégueulasse et bien amochée. T’es passé devant en courant. C’était quand, putain !
Je me levai pour faire les cent pas dans le 10 mètres carrés que je partageais avec Léila quand elle me faisait l’honneur de sa présence… Je fermais les yeux en espérant que ça m’aide à me souvenir.
Tu étais claqué à courir comme un con après Léila. Et t’as bien failli te perdre dans un dédale rempli de merde. Et cette affiche t’as servi de point de repère… Oui, c’est ça ! C’était dans les souterrains de la ville. Juste avant cette rencontre du troisième type !
Je sortis comme un fou de mon bureau, direction le hangar pour faire le plein d’armes et piquer une moto. Pas la peine de compter sur le blindé, il avait encore disparu avec ma charmante coéquipière !
Le capitaine m’interpella juste avant que je mette le contact de l’engin surpuissant que je m’étais dégoté.
– Moridan, vous sortez ?
– Oui, chef. Pas le temps de discuter. Je vous ferais un rapport détaillé à mon retour.
– Je m’en contre-fous ! Je voudrais uniquement que vous me sortiez ces deux monstres. Ils sont là depuis hier soir et je ne supporte plus de les entendre grogner.
Rex et Hax ! Qu’est-ce qu’ils foutaient ici ? Un truc merdait… et ça puait. Soit Léila les embarquait avec elle, soit elle me les laissait gentiment dans le bureau. Un sale pressentiment me colla une colique d’enfer.
À peine détachés, les deux colosses me sautèrent dessus, excités et inquiets. Je pouvais faire une croix sur la moto. Ils couraient vite, mais pas assez pour suivre ce petit bolide. Je chipai les clés du blindé de Marco pour emmener Tex et Hax en balade, à la recherche de leur chère propriétaire !
J’y voyais presque rien. Il faisait un temps de chien. Pas un temps à sortir à moto… Difficile de repérer l’entrée des souterrains avec cette pluie et ce ciel sombre. Heureusement, je pouvais au moins faire confiance à mon PIT-boy pour trouver mon chemin !
Rex et Hax sont devenus complétement dingues quand ils ont aperçu le blindé de Léila garé juste devant la bouche qui menait aux égouts. Pas de doute, elle était bien là ! Sans attendre, on s’est engouffré dans ces dédales crasseux à la recherche de cette maudite affiche et avec un peu de chance de ma coéquipière.
Je courus pendant des heures sans rien trouvé. Rien à part cette odeur épouvantable et cette poussière qui me faisait cracher mes poumons. Et soudain, j’entendis un grognement sinistre. Comme un déchirement. Rex et Hax avaient trouvé quelque chose !
Devant moi, une lueur chaude et vacillante. Juste au niveau d’un nouveau croisement. Celui où j’avais aperçu le faucon d’or sur le mur. Je mis la vitesse supérieure pour rejoindre les deux affreux avant qu’ils ne détruisent toutes les preuves.
Premier corps…, sous cette affiche à la con. Des centaines de bougies éclairaient une jeune femme aux allures de tapineuse. Une robe rouge qui ne cachait presque rien. Des talons aiguilles. Les cheveux blonds décolorés et les ongles peints. Mais de là où j’étais, pas moyen de voir son visage.
Je me rapprochai, repoussant doucement Rex et Hax, pour découvrir les traits de Léila camouflés sous un maquillage vulgaire. Putain, Léila ! Qu’est-ce que t’as foutu encore ?
Je me précipitai vers elle, posant les genoux sur le sol poisseux de sang, Rex et Hax collés à moi. Je devais l’examiner. M’assurer qu’elle était toujours en vie.
– Ouf ! Tu respires encore ! Léila, tu m’entends.
Aucune réponse. Son pouls était faible et la pâleur de sa peau laissait penser à une sacrée perte de sang, mais pas une seule blessure visible. Elle était entre la vie et la mort. Heureusement, c’était une battante. Une putain de chieuse qui s’accrochait !
J’enlevai ma veste pour la couvrir et tentai de joindre le capitaine. Mais rien de passer dans ces putains de souterrains. Et personne n’aurait l’idée de venir nous chercher ici…, car personne ne descendait ici !
– Et merde ! Tant pis pour les indices !
Je devais impérativement la sortir de là. Elle avait besoin de soin. Ça urgeait. Sans réfléchir, je la pris dans mes bras et aperçus un papier tomber.
La même écriture que sur les images envoyées au poste. Avec une note qui me mit dans une foutue colère : « J’ai toute votre attention à présent ?! »
Le salop ! Il jouait avec mes nerfs et allait me le payer cher !
– Tiens bon, Léila. Je suis là pour sauver une nouvelle fois ton joli petit cul !
Texte de L.S.Martins (30 minutes chrono, sans relecture).
Image par Stefan Keller de Pixabay : Fantaisie Ange D'Or - Photo gratuite sur Pixabay
Bernard Ducosson 2 anni fa
Je n'ai jamais été fan de sciences-fictions, mais je viens de tout lire. Oui laure je vous soutiens. J'aime ce style trépidant dans la narration et la richesse du verbe. Quant au fond, il échappe à mon pragmatisme...
L. S. Martins 2 anni fa
Merci beaucoup Bernard pour votre soutien. Je suis heureuse que ces petites histoires vous plaisent. J'expérimente un nouveau style et je prends beaucoup de plaisir à me glisser dans la peau de Moridan pour vous conter ses aventures !