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Ouvre grand tes oreilles et tes yeux

Ouvre grand tes oreilles et tes yeux

Publié le 24 mai 2021 Mis à jour le 24 mai 2021 Voyage
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Ouvre grand tes oreilles et tes yeux

On m'a dit : "tu es lunaire", alors je suis allée sur la Lune.

On m'a dit : "tu es perchée", alors je suis allée en haut d'un arbre.

On m'a dit : "tu n'as pas conscience de ton corps", alors je me suis projetée hors de moi.

On m'a dit : "je vois une ligne de séparation entre tes jambes et ton torse", alors je me suis envolée là-haut.

On m'a dit : "la vie, ce n'est pas le monde des bisounours", alors j'ai regardé les gens comme des potentiels agresseurs.

On m'a dit : "tu es une éternelle insatisfaite", alors j'ai plongé dans ce sentiment pendant longtemps.

Mais même l'éternité ici bas a une fin.

Et mon insatisfaction éternelle a fini par se tarir et s'envoler sur la Lune, en haut d'un arbre, hors de mon corps, séparée de mes jambes, d'un monde où les gens sont des agresseurs et où l'insatisfaction était éternelle. Même ça, a fini par disparaître.

Là où on m'a projetée, j'y ai rencontré les mêmes à qui on a dit tout ça. J'y ai rencontré des enfants blessés qui, devenus adultes, avaient en eux une douleur lancinante, latente, qu'ils anésthésiaient à coups de boulot, de divertissements, de malbouffe et de statut social. Qui ont tout fait pour plaire aux parents, aux professeurs, aux camarades. Des enfants qui, dans le silence de leur chambre devenue noire la nuit, parlaient à leurs peluches et s'endormaient sous la couette sans laisser dépasser un mm de leur pied en dehors du lit, de peur qu'ils se fassent happer par un monstre.

J'ai eu peur de la mort jusu'à mes 25 ans. Entre-temps, ça a été recherches, doutes, peurs et anxiétés. On m'a jamais dit que la vie était aussi belle. On m'a toujours dit qu'elle était un lieu de mérite et de punition, un grand plateau de "je" dans lequel on se disputait les miettes d'attention d'un enfant blessé devenu adulte, devenu papa maman. Ces mêmes enfants blessés qui, voulant bien faire avec nous, ont maintenu leurs enfants dans une prison dorée. Dorlotées matériellement, sans jamais vraiment entendre un "je t'aime". J'ai dû les arracher de la bouche de mes parents. J'ai dû arracher de la bouche de mon père un "pardon" honteux vers l'âge de 10 ans, après qu'il a passé une journée à me terrifier parce que j'avais soit-disant perdu ses clefs. Clefs qu'il a retrouvées dans la doublure de sa veste en rentrant le soir. Et encore, il l'a dit en dernier recours, mais avant ça il a quand même essayé d'acheter ma dignité en me proposant un téléphone à la place.

Papa, je ne t'en veux pas.

Ecrire tout ça, c'est me rappeler à quel point je suis venue ici, dans cette famille, pour briser un cercle de souffrances qui a cours depuis bien trop longtemps. Maman, je ne t'en veux pas non plus. Vous êtes tous les deux des enfants blessés qui ne souhaitent qu'être aimés et écoutés pour ce qu'ils sont.

J'ai reçu un message évident ce soir. Je dois écrire, écrire, écrire, écrire. Et boire beaucoup d'eau. D'ailleurs, si vous ressentez une grande fatigue en ce moment, si vous trouvez que tout va beaucoup trop vite, si vous vous sentez dépassés, et parfois même désespérés, respirez, buvez et écrivez. Vous saurez pourquoi plus tard.

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