Saccages
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Saccages
Je n’avais pas du tout, du tout prévu d'écrire sur ce sujet. Mais quand un faisceau de découvertes créent une belle synchronicité et bien, je n’écoute plus que ma plume animée de justice.
Une campagne d'affichage d'un magasin érotique fait polémique par chez moi. On laisse faire ou pas ?
Alors d'abord, comme lu dans des commentaires censés,
serait-il déjà juste possible de laisser un espace public exempt de sexe aux enfants?
Monsieur le Maire, merci au moins pour elles et pour eux.
Puisque, par contre, le fait de prendre des bouts de fesses féminines avec un jouet non loin de ... heu ben non, hein, le plus proche n'est pas vraiment le sexe de la dame…, ( on repassera pour la réappropriation du désir féminin )
pour appâter le regard masculin et éveiller son appétit. Genre : « Chéri (sss…) - ( Oui, vous : toi, toi, toi et toi … dans ta voiture ! ) - , j'ai une surprise ! Tu vas pouvoir faire joujou avec moi ! » -
ne semble ni évident, ni un problème ...
( Mais voui ! on le sait bien : « Chaleurs de femme n’attendent que manoeuvres masculines pour sécréter torride humidité »… Je contourne la censure, là. 😏)
Je sais : on passe tout de suite pour une rabat-joie et une coincée à force d'insister tout haut sur le sujet du porno, de l'hyper-sexualisation et de l’objectification féminine dans l'espace public.
J'assume. Afin de :
> tenter de préserver l'innocence des jeunes générations.
Innocence n'étant pas synonyme d'ignorance !
Les éduquer et leur laisser l'espace respectueux de la découverte sensorielle à leur rythme, ce serait trop demander ? Peut-on arrêter de les bousiller ?
> travailler à ce qu'un jour les femmes n'aient plus peur de circuler seules dans l'espace, dit public, la nuit. Entre autre ...
"À nos amours", musée Les Confluences. >>>
Enfin, pour en revenir à la polémique sur la publicité du magasin érotique, la réponse « c'est un magasin qui doit bien faire sa pub de ce qu'il vend comme tout autre magasin » n'est pas recevable.
Désolée pour la trésorerie dudit magasin ... va falloir en effet repenser et juger ce qui prime comme valeurs éthiques. Aïe.
Car là, on parle d'un fait de société qui engendre la banalisation d'un regard dominant et des violences en conséquence. (Si, si. Vous savez, il existe plein d'enquêtes et de documentations là-dessus ... C’est-à-dire qu’en fait, ce n’est pas nouveau, nouveau …)
C'est-à-dire que, soit on continue de participer à ça pour le bien de l'enseigne, soit on se nettoie les binocles et les consciences, et on commence à accepter qu'il y a un problème et qu'on n'améliorera pas notre société sans commencer à prendre la défense de la laaaaarrrgge minorité qui en est victime.
Autrement dit, on se décide à améliorer la sécurité, et préserver le respect de l'autre sexe en changeant notre prisme ... heu capitaliste ? patriarcal ? Les deux, ma capitaine !
Parait que ça s'appelle la justice. De-là à imaginer que c'est ça qui va peser le plus lourd dans la balance ... 🤔
>>> À écouter la chronique de Jean-Batiste Toussaint dans le podcast de @benmazué "Amour Jungle" :
https://podcasts.apple.com/fr/podcast/amour-jungle-par-ben-mazu%C3%A9/id1750541437?i=1000664553666
Bouleversante juste à l'écoute : Le chroniqueur relate une scène du film "Men, Women, children" qui nous permet de comprendre le travail de saccage en cours sur les cerveaux de nos enfants. Attention, cette évocation est déchirante de réalisme et d’irrévocable perte de l’innocence … Un vrai crève-coeur.
Aline Gendre il y a 3 mois
Pas de soucis, Jackie, de vous exprimer longuement !
C'est un sujet complexe. Je me suis beaucoup documentée avec des podcasts et lectures féministes. En ce moment, je lis "la chair est faible hélas" d'Ovidie. Et c'est comme si je lisais exactement mes pensées et mes mots.
Je crois qu'on a tous tout intérêt à prendre du recul pour comprendre comment tout ceci fonctionne.
C'est une reconstruction de notre savoir-être ensemble - homme-femme- qui doit être repensé. Mais il y a à ce jour trop d'hommes qui auraient à perdre en privilèges ... Même si je trouve qu'une partie de la jeune génération cherche l'équité ( au moins en pensées ) les pauvres, ils nous ont eu comme modèle qui agit sur leur inconscient.
Perso, je ne sais plus par quel bout y prendre, mise à part que je me détache de l'ancien modèle du prince charmant, sans même paniquer ( oserai-je un même "pas niq...")
Ce n'est pas grave de ne pas être en couple. de ne pas consommer. Oh miracle : on continue de vivre !
Je trouve plus difficile par contre d'avoir choisi d'être parents à deux, et de se retrouver à un et quart ... ça c'est une injustice qui serait à réguler presque statutairement dès le départ, quand on fait ce choix.
Même si mon côté maman se dit que je n'ai pas fait des enfants pour ne les voir que la moitié du temps ...
Bref. On devrait apprendre avant tous projets amoureux et familiaux à parler des possibilités de fin, qui en soit sont dans le cours des choses ... Ce serait peut-être moins douloureux.
Oups je me suis bien éloignée du sujet ;-)
Aline Gendre il y a 3 mois
Bonjour Jackie. Je crois en effet que la société a vrillé dans un excès qui ne vient satisfaire finalement qu'un petit pan auto-centré et dominant. Toutes ces injonctions de ce que serait un être épanoui, même sexuellement, sont mal vécues par tant de monde ...
Le temps de la pudibonderie n'était guère mieux mais laissait peut-être au moins le temps à ce que jeunesse se fasse. ( même si je pense qu'elle a toujours été au détriment des jeunes filles et des femmes ).
Par contre, déontologiquement, je ne peux pas du tout faire un même paquet des frigides, des impuissants ( qui n'y peuvent rien. Et finalement, est-ce si grave ? ), les personnes homosexuelles ( qui sont comme elles sont, et osent heureusement un peu plus vivre au grand jour - quel courage ! ), et les pervers.
Le sexe est hélas une arme de domination.
Les pervers se situent pour moi chez les gens qui disposent d'un pouvoir et qui estiment que tous leurs fantasmes doivent être réalisables et que rien ne doit leur résister. Ils se situent très haut. Mais aussi parfois à notre échelle ...
Heureusement, la parole qui se libère est à mon sens une grande avancée et essentielle pour résister à un système qui maltraite autant les minorités.
Le mouvement #metoo a entamé une révolution. Et j'espère bien que cela n'est que le début !
Heureuse en tout cas que ce petit article ait suscité notre discussion.
Jackie H il y a 3 mois
Bonjour Aline !
Je voudrais juste répondre à votre objection déontologique et clarifier un point. Vous redoutez (et à juste titre !) un amalgame inapproprié entre victimes, minorités différentes et bourreaux. Mais ma phrase sur les impuissants, frigides, homos et pervers n'a pas été écrite dans cette esprit, ni dans l'intention de faire un quelconque amalgame dans quelque sens que ce soit.
Certes, je ne vois aucun problème dans le fait d'être asexuel. Je suis bien consciente que les homosexuel(le)s n'ont pas choisi de l'être. Et quand je parlais de "pervers", c'était au sens où Freud l'entendait, pas au sens de "manipulateurs".
(suite)
Jackie H il y a 3 mois
(suite)
Personnellement, je les vois plutôt tous comme des victimes de l'hypersexualisation de la société actuelle où des stimuli de plus en plus "hard" et "déviants" deviennent nécessaires pour activer le circuit de la récompense, comme l'illustre la scène de l'adolescent du film "Men, Women and Children". Je crois qu'il existe aussi une scène dans un film beaucoup plus ancien où le personnage joué par Michel Piccoli se retrouve à côté d'une femme nue, ou en face d'elle, et reste de marbre et complètement indifférent, ce qui va un peu dans le même sens.
Du temps de la pudibonderie chez nous, ou bien dans ses espaces actuels, quelques centimètres de bas blanc, quelques centimètres carrés de peau nue, des lèvres, un simple regard, suffisaient à eux tous seuls à mettre un homme dans tous ses états. Une femme pouvait être émoustillée par un simple frôlement, par un regard, par quelques paroles.
Jackie H il y a 3 mois
(suite et fin)
Certes, le désir frustré dans ce type de société est particulièrement exacerbé, et son expression peut se révéler d'autant plus violente.
Tandis que dans notre société actuelle...
D'un côté, les gens élèvent naturellement leur niveau de résistance à des stimuli sexuels omniprésents dans l'espace public. S'ils gardaient la sensibilité et la réceptivité d'antan ou d'ailleurs, c'est bien alors que les femmes auraient peur de quitter la maison de jour comme de nuit, seules ou accompagnées, et même chez elles d'ailleurs, elles ne seraient pas en sécurité. On se plaint de la dituation actuelle, mais ce serait encore bien pire !
De l'autre, la banalisation de la représentation du sexe fait paraître une expression simple et normale du désir tout à fait "plate" et sans intérêt, et les gens ont de plus en plus besoin de la représentation de pratiques "exotiques" pour arriver à se mettre en condition. Ajoutons à cela que "le fruit défendu a toujours plus d'attrait"...
Jackie H il y a 3 mois
(fin définitive cette fois 🙂)
Dans un tel contexte, je pense que si effectivement les véritables "homos" ne sont pas responsables de leur orientation, il y à côté de cela tout un effet de mode à la sauce "il faut tout essayer" (années 1970) ou dans le sens où il faut côtoyer un certain "interdit" pour arriver à éprouver du désir (vingt-et-unième siècle), et que tout cela peut réellement jeter les gens dans la confusion quant à leurs vrais goûts et à leur réelle orientation.
Mon jugement moral ne porte pas sur les gens (qui sont les victimes), mais sur la société (qui est le bourreau).
Merci de votre lecture, désolée d'avoir été longue. J'espère en avoir été d'autant plus claire 🙂
Jackie H il y a 3 mois
Faut-il en 2024 être soit puritain, soit immigré musulman, soit juif intégriste, soit Témoin de Jéhovah ou chrétien évangélique (parce que les catholiques, ça fait une paire de baux que ce n'est plus ce que c'était à moins là aussi d'avoir affaire à des intégristes), soit frigide, soit impuissant, soit "retardé", soit "coincé", pour s'offusquer de la sexualisation grandissante de notre environnement, de nos enfants, de l'utilisation de la femme et même de l'homme comme appâts sexuels pour la publicité, sous prétexte qu'il faut bien que la machine économique tourne et que tous les vendeurs de quelque chose puissent faire du fric ?
Bravo Aline et bravo à ceux qui ont aujourd'hui le courage de faire polémique autour de cette affiche. Il fallait un texte comme le vôtre, il faut qu'enfin les voix divergentes osent s'élever et dire que réclamer un peu plus de pudeur ne signifie pas être partisan du retour d'un certain "ordre moral" (en réalité désordonné, immoral et inique, je l'admets 🙂)
Aline Gendre il y a 3 mois
Ah mais merci Jackie ! D'avoir lu ! D'avoir commenté ! Et de joindre votre voix !
Je pense en effet que la personne qui a lancé cette pétition a un courage digne d'une Greta. Comment ne pas se douter des remarques avilissantes, méprisantes qu'elle doit supporter ...
Le sexe ne devrait pas être tabou. Il faut en parler, il faut le préparer ... Pour autant, il y a un temps et un environnement pour le découvrir, ou en rire. Ou s'en émoustiller.
Dans une vraie réalité. Pas dans une propagation de fantasmes uniquement fondés par le regard masculin. Oui, je l'affirme haut et fort. Même les plus libertines pensant être maître de leur destinée ne le sont pas ! Les femmes sont un élevage en batterie qui ne répondent qu'à des diktats. Et je ne porte aucun jugement sur mes comparses en disant cela car c'est extrêmement dur de s'en extirper. Je n'y arrive pas moi-même.
Aline Gendre il y a 3 mois
Mais ces affiches désinhibées, soit-disant participant à l'avancée des mentalités et libération du corps de la femme, contribuent à tout le contraire. De même, on en est à une 15 aines d'années de porno open bar, de plus en plus loin dans les types de demandes mise en scène, c'est dégradant et on sait bien que cela pourri les cerveaux des jeunes ...
Je n'ai pas de religion. Mais une sensibilité et une dignité qui ont pris et continuent de prendre cher.
Merci infiniment.
Jackie H il y a 3 mois
Je voudrais aussi rebondir sur la fin de votre article, sur l'anecdote concernant l'adolescent du film "Men, Women and Children". Je suis convaincue depuis maintenant bientôt quatre décennies que l'hypersexualisation de la société et de l'espace public, loin de libérer le désir et son expression comme on l'a cru dans les années 1970 (et comme elle l'a peut-être fait tout au début de la "révolution sexuelle" comme on l'appelle aujourd'hui), a surtout assassiné un désir sain et naturel et produit à la chaîne des générations entières d'impuissants, de frigides, d'homosexuel(le)s et de pervers en tous genres...
Alors je ne dis pas que nous devons tous et toutes courir aux abris sous les burkas (ce qui représente à mes yeux un excès en sens inverse, et tout aussi générateur de perversité). Mais je dis que voilà un sujet sur lequel des personnes de convictions diverses et variées, venues de larges horizons, peuvent tomber d'accord et pourraient travailler ensemble...