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Quand la liberté d’expression vient bafouer la dignité humaine.

Quand la liberté d’expression vient bafouer la dignité humaine.

Publié le 6 sept. 2024 Mis à jour le 22 nov. 2024 Société
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Quand la liberté d’expression vient bafouer la dignité humaine.

Peut-on rire de tout ? Alors sincèrement, je me demande qui a eu même envie de sourire avec ce dessin de Charlie Hebdo ( je ne m'attarderai que sur celui-ci ci-dessous, pas en entier ) ?

Le problème, cher Charlie Hebdo, est peut-être que votre journal fait un parallèle avec une femme qui EN CE MOMENT-MÊME essaie de tenir debout - seule, parce c’est à elle et à elle-seule que c’est arrivé -, face à l’exposition de sa vie bousillée, pour obtenir justice ?

 

C’est-à-dire que le procès a commencé … ce lundi. Et déjà, on fait allusion à son corps abusé et on en rit ?

Personnellement, moi, j’ai plutôt la nausée et je crois que c’est plutôt sain comme réaction même si très désagréable, il est vrai.

 

Vous voulez dire que vous nous invitez à rire « sous ses yeux », à cette femme et sa famille ? 

 

Non mais vraiment, je me demande :  quand ce dessin a été présenté à la conférence de rédaction, ça vous a fait rire ? Avec un « oh … c’est un peu too much, on va avoir les ligues féministes contre nous, mais on tente ! Après tout : liberté d’expression ! »

 

Heu, je ne savais pas que cela donnait le droit de détruire, la liberté d’expression. Je croyais qu’il y avait quand même une charte de déontologie. Parce que là, ça ressemble beaucoup à l'appel à une franche rigolade qui ferait boule de neige - de votre rédaction à potentiellement la France entière -, sur le dos d'une seule personne, non ? 

Vous savez, je fais référence au "ma liberté finit là où commence la liberté d’autrui". Est-ce que vous nuisez à sa liberté ? Oui. Ne serait-ce que sa liberté de vivre la tête haute. Pas l’impression de faire dans le harcèlement, l’acharnement, la sape psychologique, non ? De la v!oler à votre tour ? Vous l’instrumentalisez car sans son consentement et vous trouvez ça légitime car légal, inscrit dans la constitution ? 

 

Cela va durer jusqu’à décembre ? On va avoir droit à cet avilissement-là tout ce temps ?!

Vous trouvez qu’elle n’endure pas assez ? Vous voulez la pousser à se tuer, c’est ça ?

Parce que moi, à sa place, c’est ce que je serais tentée de faire si je devais voir les français évoquer mes viols comme une bouffonnerie.

 

 

L’occase était trop belle, hein ? Un c.l de femme sur un plateau ! Oui, oui, il y a une visée politique  !… 

Oui, merci, on a vu :  l’idée de la démocratie « endormie », pour être testée - oui, allez, on vous le sort ce mot qui vous a tant inspiré illustrateurs et décisionnaires  : « ba!sée » - à qui mieux mieux. Finalement ne serait-elle pas v!olée, notre démocratie  ? 

Merci. Ça va. Même sans votre caricature, on a bien toutes et tous ce sentiment d’impunité de Manu en roues libres et de sa dégueulasserie. 

 

Y aurait-il quelque chose d’autre de plus subtile qui nous aurait échappé ? Non parce que ça apporte quoi, là, à part faire parler de vous ? 

 

Quand j’ai vu la caricature, j’ai juste eu l’impression que le procès Pélicot avait été traité comme au niveau d’un encart des faits divers : «  Il tue sa femme après avoir sorti les poubelles …», - celui juste à côté d’un filet sur une escroquerie quelconque. Finalement, qu’est-ce qu’on s’en fout qu’une femme meurt ou se fasse v!oler, hein ? Rien de nouveau sous le soleil.

Sauf que là, votre « oeuvre riche de symboles éclairants » ne semble même pas accuser les coupables. Ah bah oui, parce qu’en fait, l’idée de ce procès qui traumatise, j’espère pas que les femmes, c’est qu’il y a non pas un mais des coupables. Même pas présumés, en fait. On a des images et leur nom pour beaucoup.

Parce que, oui, vous auriez pu avoir envie de montrer toute l’horreur de cette banalité exécutrice, sans consentement, chez ces hommes. Mais si c’est le cas : ça ne marche pas. Votre dessin ne fait pas ça.

C’est visiblement plus facile d’imaginer en première ligne, en gros plan, une femme se faire v!oler, bien plus plus inspirant !, que d’inventer une mise en scène qui vomisse sur ces hommes lambda qui le méritent - ces criminels - , sans impliquer plus la victime. 

Là, vous auriez sans doute rassemblé autour d’un sentiment d’écoeurement général. Créez une cohésion, même chez les femmes. Et on aurait pu apprécier le parallèle politique. 

 

Pourquoi vous n’y arrivez pas ? Vous vous êtes posés la question ? Je veux dire, à taper sur la/les bonne.s personne.s. 

 

Avec le procès Pélicot, on n’est pas dans le grivois, cher Charlie Hebdo. On est face à un étayage de faits avec preuves - tel que rien ne peut être, pour une fois ! , réfuté à coup de « ah mais peut-être qu’elle a cherché, peut-être qu’elle était un peu d’accord… On n’en est pas sûr ! »

 

Moi, ce que je vois, avec ce procés, c’est enfin la mise en accusation frontale d’une société qui laisse faire. Tout le temps. Mais là, elle n’a pas d’autre choix que de regarder dans les yeux sa propre déviance : le sexisme et les violences ordinaires sur les femmes. 

Ce ne sont pas des cris et revendications de simples féministes. Ce sont des regards douloureux de femmes attentives, le souffle retenu, sur les faits et gestes que provoquent ce procès. Pour voir si enfin on va les considérer,  les respecter.

Si vous saviez depuis combien de temps elles attendent … 

 

Mais là, tout ce que vous faites, cher Charlie Hebdo, c’est vomir sur la victime. 

Auriez-vous oublié toute la beauté et la puissance de votre profession ? Peut-être étais-je naïve ? Je vous trouvais des airs de justicier, parce qu’en recherche de franche transparence et de justesse. En plus de me faire réfléchir dans un sourire.

En nivelant le regard par le bas, - comme celui de ces hommes -,vous vous montrez si petits ... 

Par contre, sûr, qu’une frange de la population doit se gargariser de votre contribution à la culture du viol de manière si « marrante ». 

Et en première ligne, tous ces autres hommes dont on sait qu’il existe, mais qui ne se sont pas fait choper. 

 

Vrai, vous voyez pas le problème et vous êtes tous encore fiers d’appartenir à Charlie Hebdo ces jours-ci ? 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires (4)

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Jackie H il y a 3 mois

L'image d'animaux prédateurs - de *vrais* animaux, hein, ceux à quatre pattes - en train de s'arracher une proie à plusieurs aurait été plus parlante et aurait fait passer le même message... mais en épargnant la dignité de Gisèle Pélicot et des femmes derrière elle...

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Aline Gendre il y a 3 mois

En effet. Aucune imagination ou d'empathie, de leurs côtés ... Comment voulez-vous que les choses changent ... Merci, Jackie.

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