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« Au NOUS, citoyen.nes ! » ou, quelle sera votre règle du Je ? 

« Au NOUS, citoyen.nes ! » ou, quelle sera votre règle du Je ? 

Publié le 3 juil. 2024 Mis à jour le 3 juil. 2024 Politique
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« Au NOUS, citoyen.nes ! » ou, quelle sera votre règle du Je ? 

[ ••• ] Comme beaucoup, je suis triste et écoeurée. Mais surtout j’ai peur. Pour moi, il est vrai. Et pour celles et ceux qui ne cochent les cases du haut de l’échelle du patriarcat européen : celles et ceux qui appartiennent aux minorités.

« La peur collective favorise l'instinct grégaire et la cruauté envers ceux qui n'appartiennent pas au troupeau. »

Bertrand Russell, mathématicien et philosophe

 

Alors j’explore les avis et revendications … Et mon désarroi s’amplifie face à des prises de positions qui me désolent plus encore.

Mais j’essaie de me mettre à la place de … 

En vérité, ce n’est pas si difficile de comprendre et ressentir les pouls asphyxiés de rancoeurs et de chagrins de tout un chacun. Rien ne va dans ce monde. Et dans notre pays. Dans la situation électorale actuelle qui nous divise. 

Notre république est un échiquier mille fois rafistolé, érodé par les magouilles, où se jouent des parties de pouvoir dont nous sommes les pions mille fois déplacés, facétés à nos dépens pour endosser des rôles dont on ne veut pas. Voire sacrifiés. 

Mais cet échiquier a le mérite d’exister et depuis l’âge de 18 ans, nous sommes en nombre de la partie.

Et depuis- pas encore 80 ans, de façon effective ! - même les femmes.

    Visuel : @petitepoissonne

 

Oui mais voilà … 

Disons que je suis désormais las.se et révolté.e car j’ai en horreur ce cirque médiatique mené par trop d’oligarches et/ou d’opportunistes. Je n’y crois plus. Je ne valide plus cette pantomime et ces hypocrites.

Je ressens une telle colère que je veux l’exprimer violemment : montrer que je rejète notre système politique et pour cela voter blanc, m’abstenir ou même, dans un pied-de-nez, tenter le diable … 

Oui mais … 

Si je ne fais pas barrage ou si j'entérine franchement le RN, cela veut donc forcément dire que je ne me sens pas plus concerné.e que cela par les dégâts à venir d’une extreme-droite au pouvoir. Peu importe mes raisons, bonnes ou mauvaises. Fantasmées ou justifiées. Je pense vraisemblablement passer entre les gouttes d’acide et récolter un champ de ruines sur lequel établir mon jardin privé, et y prospérer jusqu’à la la fin de ma vie, dans le secret d’une autarcie bien-heureuse car moi, ma peau, mes origines, ma religion, mon sexe, mon orientation sexuelle ne font pas désordre, ne font pas de bruit. 

Pour autant, suis-je prêt.e à sortir de l’échiquier et faire un solitaire, ad vitam aeternam ?

Suis-je prêt.e pour cela à abandonner les autres pions à leur sort de pauvres ères manipulés ?

Sans doute pas vraiment … 

 

Oui mais …  

Disons que j’ai à coeur de sauver mes compatriotes et je me dis que je peux les inciter à faire le même choix que moi ! Si je les incitais tout bonnement à renverser l’échiquier ?! Pour débuter eux-aussi des parties de solitaires !

Qui seront bien vite balayées par les jeux de quilles des plus forts …

Bienvenue en anarchie, là où la/le plus faible n’a plus du tout son mot à dire sur le jeu, ni ses règles. Parce qu’iel n’est plus un.e participant.e mais une prise dans la bataille dont le sort chanceux ou non ne tiendra qu’à la magnanimité de sur qui iel tombe. 

Il me faut être honnête avec moi-même : si je reste les bras ballants face à l’ère oppressive, baignée d’une misère morale collective, qui est sur le point de s’ouvrir, aucun de mes « oui, mais … » ne sera plus jamais entendable.

                                                                                Visuel : oakoak_street_art

Assez vite revenue des fausses promesses et/ou du peu de marge de manoeuvre de nos politiciens, j’ai toujours voté mais en survolant les connaissances en ce domaine pour ne pas leur accorder plus de crédit. J’ai attendu de voir. Et je m’estimais heureuse de m’en sortir pas trop mal … 

Mon avis aujourd’hui est bien plus clair : il n’est plus l’heure d’une offuscation face à l’imperfection d’un barrage politique qui fait débat par bien des points mais qui a le mérite d’exister et se trouve surtout porté par une large population qui rêve d’un monde meilleur impliquant TOUT LE MONDE. 

« Le choix en politique n'est pas entre le bien et le mal, mais entre le préférable et le détestable. »

Raymond Aron, philosophe

Nous n’avons pas demandé à naître mais nous aspirons toutes et tous, en notre for intérieur, à vivre paisiblement avec décence. Et cela ne peut être sans les autres et le respect des autres. De tous les autres. Sinon pourquoi moi plus qu’elles et eux ? 

Alors il s’agit bien au contraire maintenant d’être actrice et acteur, après être allé gratter là où est fondu notre coeur. Je ne crois plus en nos représentants politiques. Mais je fais le choix de croire en l’or révélée sous les couches de peurs et d’amertume, chez beaucoup de mes compatriotes.  

 

                                                                                               Visuel : Matt Manley 

Voici les pensées qui m’ont traversées hier matin et que j’ai écrit « tout haut », avec une prise de recul poussée dans des extrêmes : une prise de recul que j’essaie de tenir d’abord pour moi-même, pour qu’à la fin de ma vie je fasse un bilan honorable sur ce que je laisse derrière moi. 

                                                                                   Visuel : @franche_hirsute

En vérité, je ne peux pas jurer que j’ai un coeur d’or plus qu’un.e votant.e RN. Il y a des gens qui se trompent de voie de secours parce qu’ils sont trompés par des pyromanes en costume de messie ou déçus par des brancardiers incapables de les sortir des décombres.

Et je ne suis pas à l’abri de flancher de dépit une autre fois. Nos classes politiques portent la responsabilité de nous avoir légué ce dépit et d’avoir continué de spéculer dessus. 

Mais j'ai une liberté : je ne suis pas obligée d’accepter cet héritage.

A la maison, trois regards d’enfants se portent sur moi et interrogent leur avenir, celui de leurs ami.e.s, de leur famille, de leur pays, de la planète. 

Leur coeur, à eux, est couvert d’or : ça je n’en ai aucun doute ! Ils sont mon panneau de sortie de secours. 

Je leur réponds alors avec les mots et les connaissances qui sont à ma portée, sur les inquiétudes et les difficultés de la situation, en leur livrant quel est mon choix de vote, coûte que coûte, et pourquoi. 

 

Car aujourd’hui, chère concitoyennes et chers concitoyens, personne - y compris moi et mes enfants dont le plus jeune a 13 ans - ne peut plus déjà dire qu’ « il ne sait pas ». 

 

 

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Commentaires (2)

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Jackie H il y a 5 mois

Courage à vous, ce n'est pas facile d'être Français(e) à l'heure actuelle...

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Aline Gendre il y a 5 mois

Merci beaucoup. Oui, on baigne dans un climat de tensions. Je préférerais dans la mer 😏🩵

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