

Lavigne se noit au Gulf-Stream !
Sur Panodyssey, tu peux lire 10 publications par mois sans être connecté. Profite encore de 5 articles à découvrir ce mois-ci.
Pour ne pas être limité, connecte-toi ou créé un compte en cliquant ci-dessous, c’est gratuit !
Se connecter
Lavigne se noit au Gulf-Stream !
Lavigne se dit que demain, il irait à Quimper. Pour le mo- ment, il termina sa soirée avec ce journaliste pas si nuisible que ça finalement. C’est ainsi qu’ils firent la fermeture du Gulf-Stream ensemble. Heureusement, pour la tête de l’ins- pecteur, la crêperie fermait à dix heures.
*
**
Au petit matin, sa voiture démarra difficilement. Deux clients de l’auberge l’aidèrent à pousser son véhicule sur la centaine de mètres qui séparait l’épicerie de la carrière. La voiture toussota, eut de légers soubresauts avant de ronronner à nouveau. L’aube venait à peine de larguer ses amarres et la journée de l’inspecteur Lavigne commençait mal, ce qui évidemment affecta son humeur. L’humidité de la nuit avait laissé sa trace. Que d’eau sur le bitume ! Il s’imaginait que le livre, La croisée des chemins, serait une piste facile à suivre. Du moins, plus facile que de chercher un assassin dans un pays étranger sans en parler la langue. Le trafic d’œuvres d’art s’apparentait à une pièce opaque où il marchait à tâtons, une sorte de contrée exotique où l’inspecteur oubliait qu’il ne possédait guère de repères. Lavigne devait faire avec les moyens du bord et improviser. Clarisse Duret, en la raccom-
pagnant à son hôtel sur Brest, avait lâché le nom d’Yves Le Coz, un bouquiniste spécialisé dans les incunables, ces livres antérieurs à la naissance de l’imprimerie. Sa boutique était située à Quimper, pour savieille guimbarde la route allait être longue. La pluie menaçait encore de tomber, de lourds cumulus promenaient leurs ventres gris du nord au sud du Finistère. Arrivé près de Loperhet, l’averse ne tarda pas à chuter. Le ciel versait des larmes translucides et augmentait les idées sombres de l’inspecteur, un peu paumé sur les pavés de ses doutes. D’habitude, quand il conduisait, Lavigne ne pensait à rien, or, en passant devant Châteaulin, il se sentit étrangement visité, plus maître de ses pensées, il perdait des lambeaux de son identité. Une seconde voix s’invitait dans son cerveau. Le véhicule, lui, s’accommodait de cette route glissante et de l’asphalte bruyant. Une sensation curieuse et étrangère s’empara de son être. Un état second qui l’entraîna sur d’autres chemins que celui de la préfecture du Finistère. Comme envoûté, il entendait une voix céleste :
— « Écartez tous vos doutes, elle est innocente. ». Lavigne n’obéit pas. Il tourna le bouton de la radio pour
chasser ses drôles d’idées, et entendre du concret : un tube des années quatre-vingts, Cargo. La nostalgie des années quatre-vingts reprenait ses droits et, tout en conduisant, il pensa à son grand-père. Ce bonheur ancien, cette complicité éteinte si tôt, un cinq décembre. La route continuait de défi- ler à une vitesse express. Il passa Landrévarzec. Lavigne se trouvait maintenant à moins d’un quart d’heure du centre de Quimper, une ville qui, elle, n’avait pas subi la terrible loi des bombes et la destruction de ses rues moyenâgeuses. La cathédrale au bord de l’Odet, ses vieilles pierres et son archi- tecture de génie, conféraient un charme suranné au centre-
ville. Quoi de plus beau qu’un cours d’eau en milieu urbain, obligeant les hommes à construire des ponts ? Et justement, l’inspecteur Lavigne comprenait que, depuis qu’une voix lui parlait, il était devenu un lien, une sorte de pont entre la vie et
Il s’agit d’une publication Prime
Pour en profiter, abonne-toi à la Creative Room
Le mage du Rumorvan en feuilleton
de
Jean-François Joubert
Tu pourras :
Accéder à des contenus exclusifs et aux archives complètes
Avoir un accès anticipé à des contenus
Commenter les publications de l’auteur et rejoindre la communauté des abonnés
Être notifié à chaque nouvelle publication
S’abonner, c’est soutenir un auteur dans la durée
S’abonner à la Creative Room

Le bloc commentaire est réservé aux abonnés.
S’abonner, c’est soutenir un auteur dans la durée
S’abonner à la Creative Room